7 mai : du potentiel !

Sous un titre provocateur (« L’élection française, c’est Trump contre Merkel, Modi et Corbyn »), la revue américaine foreignpolicy.com avait produit, le 20 avril dernier, une synthèse sous forme de tableau à double entrée, décrivant les quatre principales positions prise par les candidats du premier tour.

Les électeurs ont vu juste. Ce sont les deux candidats les plus cohérents qui ont été choisis au premier tour. Il est difficile d’être à la fois mondialiste et identitaire (Fillon) ou à la fois nationaliste et cosmopolite (Mélenchon). Le choix est maintenant clair, entre un mondialiste cosmopolite et une souverainiste patriote.

Sur le fond, madame Le Pen gagnera si elle convainc les Français que cette élection est un référendum sur le mondialisme, tandis que monsieur Macron gagnera s’il fait de cette élection un référendum contre le Front national. Sur la forme, la campagne Le Pen aura intérêt à appliquer le « théorème Trump » : pour gagner en terrain majoritairement hostile, il ne faut pas tant rassembler le vote que tétaniser celui de l’adversaire.

Face à un Trump économiquement nationaliste et culturellement identitaire, le « front républicain » de Hillary Clinton n’avait pas fonctionné, parce qu’assis sur du bling-bling ; parce que Trump, sous attaque, loin de fuir, en rajoutait ; et parce que les électeurs tenus pour acquis par les démocrates se sont largement abstenus, hypnotisés (et démotivés) par la télé-réalité trumpienne. Trump a su galvaniser les uns (cols bleus et chrétiens) et neutraliser les autres. Exemple à méditer…

M. Fillon n’a pas su résister à la machine du « deep state » euro-atlantique. Et madame Le Pen ?

Un « deep state » qui vise essentiellement le contrôle de l’Eurasie par élimination de Poutine lors des élections présidentielles russes de 2018. Tous les verrous occidentaux jugés « pro-russes » doivent donc sauter. La rencontre du 13 novembre dernier à Washington entre George Soros et l’élite des donateurs financiers américains s’était ainsi donné mission de « reprendre le pouvoir » des mains du premier d’entre eux, Donald Trump. C’est fait : Trump a dû se couper de son clan « pro-russe » avant de céder de facto le pouvoir aux néocons…

Cette campagne de destruction massive s’est dupliquée sur le continent européen, utilisant les mêmes méthodes de subversion. Elle a stoppé Wilders et exterminé Fillon. Reste madame Le Pen, qu’il faut replonger dans la marmite de l’extrême droite. Et si possible avec de nouvelles révélations fournies par l’appareil d’État.

Il est ainsi troublant que se réveille maintenant le dossier de l’Hyper Cacher, avec de nouvelles gardes à vue annoncées le 26 avril par Le Monde ("Plusieurs gardes à vue dans le volet de la fourniture d’armes à Amedy Coulibaly") et BFM TV ("Ce coup de filet est en lien avec les armes vendues à Amedy Coulibaly, l'assaillant de l'Hyper Cacher"). Une annonce qui rappelle que les interpellés sont "proches de l’extrême droite". Fausse nouvelle ? De beaux amalgames en perspective…

Auquel cas, lorsque M. Macron accusait récemment le Front national d’avoir commis des attentats contre le général de Gaulle, il ne faisait que servir le hors-d’œuvre à une nouvelle narration assise sur l’équation suivante : Marine Le Pen = Front national = Petit-Clamart = extrême droite = antisémitisme = djihadisme = terrorisme = coup d’État.

Madame Le Pen a un problème : elle croit à la volonté populaire dans un monde de télé-réalité. Et, en France, la télé-réalité, c’est Macron !

André Archimbaud
André Archimbaud
Consultant stratégique

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