Adresse aux gilets jaunes : la Grande Marche

Gilets jaunes 17 novembre

Amis des carrefours, camarades des ronds-points, votre détermination et votre abnégation sont admirables mais, aujourd'hui, vous êtes à la peine. Après avoir, trois mois durant sans discontinuer, notamment le samedi, arpenté les rues des grandes agglomérations et de Paris, un essoufflement est perceptible. Car une telle mobilisation durant un temps aussi long ne peut que lasser.

Lasser, d'abord, les participants qui ne peuvent plus conjuguer travail avec vie de famille et loisirs, mais aussi lasser les citoyens dont une large majorité, sensibles aux médias et au pouvoir qui distille habilement sa propagande, n'appréhendent plus avec autant de sympathie notre combat. Un sondage réalisé par l'institut Elabe pour BFM TV (je sais, vous allez me dire, c'est BFM !) et publié le 13 février montre que, pour la première fois, une majorité de Français souhaite l'arrêt de la mobilisation. En effet, 56 % des sondés estiment que le mouvement devrait s'arrêter, contre 43 % qui pensent, à l'inverse, qu'il devrait se poursuivre. Deux personnes interrogées sur trois (64 %) considèrent que les manifestations du samedi sont, désormais, éloignées des revendications initiales du mouvement.

Alors, parlons vrai : actuellement, nous nous mettons une majorité de Français à dos. Cette attitude de la majorité est-elle irréversible ?

Je ne le crois pas, d'abord parce que nous avons instillé le ver dans le fruit de la bien-pensance et qu'un retour avant le 17 novembre est impossible. Mais surtout parce que je crois qu'il existe une solution pour inverser l'actuelle spirale négative. Cette solution est chirurgicale, il faut stopper l'hémorragie en stoppant temporairement les manifestations. Non, cet arrêt n'est pas une renonciation ; bien au contraire, c'est un repli pour une contre-attaque imposante et fulgurante.

Ce repli a pour but de préparer un immense rassemblement sur Paris pour le printemps, saison du renouveau de la nature qui doit être celui d'un nouveau soulèvement des citoyens. Il faut qu'une grande marche submerge Paris, une vague qui obligera l'exécutif à prendre en compte, enfin, le phénomène "gilet jaune". Pour cela, elle doit réclamer que des responsables désignés par l'ensemble soient reçus par le Président lui-même. En attendant ce rassemblement, il faut plus prosaïquement reprendre les ronds-points, non pour contrôler les véhicules mais pour demander l'aide participative, logistique et financière à un maximum de Français. Aide essentielle pour élaborer cette formidable machine populaire que sera cette marche.

Le trajet doit emprunter les Champs-Élysées et aboutir à la Concorde, symbole d'une alliance retrouvée. C'est sur cette place que la foule doit attendre le résultat de la rencontre entre ses représentants et le locataire de l'Élysée.

Cette rencontre aura trois objectifs :
- exiger l'amnistie des centaines de gilets jaunes condamnés ou poursuivis depuis le début du mouvement ;
- sommer le gouvernement à participer, avec nos responsables, à une table ronde sur la base des revendications des cahiers de doléances ;
- réclamer l'abandon de la loi visant à renforcer et garantir le maintien de l’ordre public lors des manifestations, qui n'est qu'une loi contre le mouvement.

Je crois que nous sommes à un tournant vital, aussi, s'attacher à un but sur deux mois, catalyseur et mobilisateur, peut nous sauver d'une mort douce et mener au succès notre démarche "gilets jaunes".

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J.-P. Fabre Bernadac
Ancien officier de Gendarmerie - Diplômé de criminologie et de criminalistique

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