Affaire Benalla : La vérité en farce

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Nous y voilà, l’affaire Benalla n’est pas une affaire politique mais une simple affaire administrative. La République de Macron n’est pas celle des fusibles, comme le Président l’affirmait avant-hier devant son clan ; c’est celle des lampistes. Certes, on ne coupera pas de têtes – ça ne coûte rien de le dire - mais l’on est prié d’aller chercher les responsabilités, les « dysfonctionnements » du côté de la préfecture de Police de Paris. Pas le préfet, bien sûr, non un peu en dessous, et si possible bien en dessous, à l’échelon où naissent les « copinages malsains ». C’est en gros ce que l’on aura compris des auditions de la Commission parlementaire de l’Assemblée nationale, jeudi après-midi.

Certes, la nouvelle audition du contrôleur général Gibelin était nécessaire pour clarifier ses propos de lundi soir. Il a reconnu avec, semble-t-il, beaucoup de sincérité et même d’émotion, qu’il s’était trompé lorsque Marine Le Pen lui demanda si Benalla avait participé à des réunions à la préfecture de police entre le 2 mai et le 18 mai, c’est-à-dire durant sa mise à pied, ou plutôt, au vert. Non, a dit M. Gibelin. Dont acte. En revanche, oui, entre le 18 mai et le 18 juillet et ce, en contradiction avec la déclaration solennelle de Bruno Roger-Petit, le porte-parole de l’Élysée, la semaine dernière, comme l'a souligné le député LR Larrivé.

Mais la seconde audition du préfet de police, Michel Delpuech, était tout à fait superfétatoire, pour ne pas dire surréaliste. Une véritable machine à fabriquer du temps perdu. Le député Guillaume Larrivé, ainsi que d’autres députés LR, n’ont pas manqué de souligner le fait que cette audition était inutile. Et les questions des petits godillots à haut talon de La République en Marche n’ont fait que confirmer cette impression. Coralie Dubost, député de l’Hérault, avait vraisemblablement reçu pour mission d’occuper le temps de parole pour poser des questions secondaires, subalternes pour ne pas dire ancillaires, sur le fonctionnement général de la préfecture de police. On s’éloignait du Palais. C’était le but de la manœuvre. Cette juriste spécialisée dans les « modes alternatifs de règlement de conflits », comme le précise sa biographie, était donc tout à son affaire ! Dans l’ancien monde, on appelait ça noyer le poisson. Sous le regard de la garde-chiourme de service, la présidente de la Commission, Yaël Braun-Pivet, qui regardait l’horloge tourner très vite avec satisfaction. Son maître, le fameux "maître des horloges", remonté comme une pendule dans les Pyrénées, pouvait être content. On pensera à Yaël pour le prochain remaniement...

Mais alors qu’on amuse la galerie et fait perdre un temps précieux à un préfet sur des questions de notes de service et de couleur du brassard (j’exagère à peine !), les auditions plus politiques de Christophe Castaner, patron de LaRem, de Bruno Roger-Petit, d’Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, sont jugées inutiles par Mme Braun-Pivet, au motif que la Commission doit se concentrer que sur les seuls faits du 1er mai. La manœuvre de diversion marche comme à la parade. Et les députés de la majorité, gonflés à la moraline, d’en rajouter sur le registre « Ils [les oppositions] font rien qu’à nous embêter », ils ne veulent pas travailler » et ça, c’est pas pro. Parce qu’à La République en marche, on ne fait pas de politique comme avant, on travaille (pour la France, bien sûr). Et si on pouvait supprimer la politique, ce serait encore mieux. C'est pour cela, du reste, que cette affaire n'est pas une affaire politique mais qu'une simple affaire administrative.

On comprend alors que la France Insoumise ait claqué la porte, ainsi que le député LR Guillaume Larrivé, co-rapporteur de la Commission d’enquête. Ce dernier, qui n'a pas l'air d'un comique troupier, refuse désormais de participer à la farce.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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