Benalla : après les échanges téléphoniques, les francs-maçons et la Françafrique !

Le feuilleton Macron & Benalla ? La nouvelle saison s’annonce chaude. L’Élysée assurait avoir rompu avec Alexandre Benalla ? Ce dernier prétend le contraire, mémoire de son téléphone portable à l’appui. Dernier rebondissement en date ? Emmanuel Macron admet, maintenant, avoir été en contact avec son homme de confiance, depuis sa disgrâce du 1er mai 2018. Mais deux fois, seulement, répondant ainsi de "façon laconique" à des textos "lunaires", car "inquiet de son état". C’est un début.

À en croire Le Canard enchaîné, le Président aurait aussi estimé : "Benalla essaie de monnayer une prétendue proximité avec moi et il trouve preneur auprès de réseaux que j’ai toujours combattus et qui m’attaquent sans limite. Benalla n’est que leur idiot utile." Peut-être. Peut-être pas. Mais selon Le Parisien, Alexandre Benalla aurait encore échangé d’autres textos avec Brigitte Macron. Étaient-ils « lunaires », eux aussi ? Pour l’instant, et tel son époux, il n’y a pas si longtemps, la première dame dément. Pour mieux faire marche arrière, ensuite ?

En attendant, il y en a encore d’autres qui font mine de ne plus le connaître, l’affreux Benalla : ses frères francs-maçons, qui l’ont suspendu à la fin du mois de juillet 2018. Membre de la Grande Loge nationale française, tendance plutôt conservatrice, au contraire du très « progressiste » Grand Orient, il planchait à la Loge des Chevaliers de l’Espérance. Comme quoi l’espoir peut faire vivre. Et Jean-Pierre Servel, grand maître de la GLNF, d’affirmer à un journaliste du Figaro : "Alexandre Benalla n’est pas venu souvent, deux ou trois fois peut-être. Moi-même, je ne l’ai jamais vu." Extraordinaire, ce Benalla. On ne connaît que lui, mais personne ne le voit jamais. Et ce, malgré tous les efforts consentis afin de mieux s’assimiler à la société française : prénom chrétien pour faire plaisir à Éric Zemmour et adhésion chez les frangins pour faire plus républicain, ce n’est tout de même pas rien.

En revanche, il y a un autre de ses amis qui, lui, semble bien le connaître pour l’avoir beaucoup vu ces temps derniers : le très sulfureux homme d’affaires franco-israélien Philippe Hababou Solomon, qui l’a introduit dans ces réseaux africains dont il a beaucoup été question ces temps derniers.

Ainsi dans un entretien accordé le 30 décembre 2018 au journal Jeune Afrique précise-t-il : "Benalla est franc-maçon, comme Denis Sassou-Nguesso [président de la République du Congo, NDLR] : ça rapproche… […] Après notre rendez-vous d’affaires avec Idriss Déby Itno [président tchadien, NDLR], celui-ci a demandé à Benalla de rester un peu avec lui. Il lui a parlé de la percée russe en Afrique, notamment en Centrafrique, estimant que c’était le résultat de la non-politique de la France. En gros, tous ont exprimé leur regret de voir la France s’éloigner de l’Afrique."

Et Philippe Hababou Solomon de se montrer plus précis encore quant à la nature de ces reproches : "Ils ont le sentiment que Franck Paris, le “Monsieur Afrique” de l’Élysée, ne les aime pas et qu’il n’aime pas le continent en général." Et ces fameux contacts de Benalla avec le Président français ? "Alexandre est toujours en contact avec certains jeunes conseillers d’Emmanuel Macron ; je pense d’ailleurs que c’est ce qui n’a pas plu à Franck Paris. C’est lui qui, en retour, a déclenché les hostilités et qui est le premier responsable de cette nouvelle affaire Benalla."

Jugée à ces nouvelles révélations, la thèse élyséenne de ces deux seuls textos « lunaires » paraît bien fragile. On dit souvent du pouvoir qu’il se défend mieux qu’il ne gouverne ; Emmanuel Macron ne semble guère exceller dans un domaine comme dans l’autre.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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