Blocages d’universités : à quand une révolte des étudiants pour pouvoir travailler ?

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L’université de Toulouse Le Mirail est bloquée depuis plusieurs semaines. On ne sait plus très bien pourquoi. Au début, c’était le refus de la fusion avec une autre université. Maintenant, c’est la sélection, qu’instaurerait Parcoursup. Demain, ce sera… À Toulouse, on ne manque pas d’imagination.

C’est, par tradition, l’une des universités pionnières dans la contestation, avec Tolbiac, Rennes et Bordeaux La Victoire : des universités de lettres et sciences humaines, de préférence. Toulouse essaime parfois : on a vu, ces dernières années, des commandos expérimentés venir prêter main-forte à des étudiants bordelais.

La technique est bien rodée. Tout se fait démocratiquement, du moins en apparence : assemblées générales, dont on ne vérifie pas la qualité des membres, réunissant quelques centaines d’étudiants (ou prétendus tels) sur plus de 30.000. Avec les abstentions et les refus de vote, il n’est pas rare qu’une proposition soit validée par 500 personnes. Impossible de rentrer dans l’université : toutes les portes sont bloquées, les locaux occupés.

Généralement, quand on fait grève, on s’engage dans un rapport de force, on prend un risque, on perd une part de son salaire. À l’université du Mirail, point de risque, sinon de ne pas avoir ses examens. Mais nos étudiants « grévistes », parmi lesquels des militants d’extrême gauche, prêts à en découdre à la moindre occasion, et quelques naïfs ont trouvé la parade.

S’ils bloquent l’université et empêchent la tenue des cours, c’est, paraît-il, par souci d’équité : pour que les courageux « grévistes » ne subissent pas les conséquences de leur engagement héroïque. Si les examens peuvent malgré tout se dérouler, ils seront aménagés de façon que personne ne soit lésé. Ou bien, comme à Toulouse, l’AG demande que tous les étudiants reçoivent une note de 10 au minimum pour que leur année soit validée. C’est ainsi que certaines universités françaises forgent leur réputation.

L’immense majorité des étudiants, qui souhaitent travailler et réussir leurs examens sont pris en otages par une minorité. S’ils veulent s’opposer à la pression de la minorité, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et avoir recours aux réseaux sociaux. Car l’administration est souvent craintive, quand elle n’est pas complice.

Il faut constater, pour le regretter, que beaucoup de professeurs, par connivence idéologique, par lassitude ou sous l’effet de l’intimidation, laissent faire. Quant aux médias, ils se posent rarement des questions sur la représentativité et la légitimité de ces assemblées générales et de leurs décisions.

Une solution consisterait à organiser une consultation de l’ensemble des étudiants. Mais les bloqueurs s’y opposeraient, car ils seraient assurés de perdre. C’est ainsi que, dans nos universités, les autorités publiques laissent se développer ce que de Gaulle appelait, à juste titre, la chienlit.

Ceux qui en pâtissent, ce sont les étudiants sérieux, qui veulent se former, avoir un diplôme de valeur et trouver un métier. À quand une révolte des étudiants pour pouvoir travailler ?

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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