Les cadets de la gendarmerie : un mode de promotion civique et sociale

Alors que le gouvernement réfléchit à la restauration d’un service universel, dont on ne connaît ni le nom, ni la durée, ni les moyens dont il disposerait, une actualité régionale, passée inaperçue, mérite qu’on s’y attarde un peu.

Le 15 février 2018, les cadets de la gendarmerie de trois départements (Aude, Isère, Haute-Savoie) ont été présentés au drapeau de l’école de Dijon, en présence du général commandant la région de gendarmerie d'Auvergne-Rhône-Alpes. Les cadets de la gendarmerie reçoivent une formation scolaire et militaire qui leur permet d’intégrer la réserve opérationnelle ou de tenter le concours de sous-officier.

La présentation au drapeau est un rite particulièrement important, qui vise à rappeler ce qu’il représente en symboles comme en sacrifices. Dans une vidéo accompagnant la version en ligne de cette information, publiée dans L’Essor de la gendarmerie nationale, une jeune fille explique pourquoi elle s’est engagée chez les cadets. Ce qui l’a attirée, ce sont deux mots, qui ont tendance à être oubliés : le "respect" et "l’honneur".

Sans doute avait-elle été soigneusement choisie. Il n’empêche que cette profession de foi – fût-elle préparée – résonne, pour bien des politiciens, comme un reproche ou une invitation à changer de comportement.

Ce type d’expérience, au contact de ceux qui ont choisi de se mettre au service de la France et de la société, n’est-il pas un bon moyen de formation civique pour des jeunes défavorisés ? C’est aussi un terrain qui facilite l’expression de sentiments que la société actuelle étouffe : que des jeunes osent, à une époque où tout (ou presque) se réduit à l’individualisme et la jouissance immédiate, employer des mots comme « honneur » et « respect » rend optimiste.

Ne soyons pas naïfs ! Tous les jeunes ne tireraient pas profit d’une telle expérience, à supposer qu’ils soient retenus. Mais certains y trouveront la vocation de se mettre au service des autres et, finalement, donneront un sens à leur vie.

Il faut reconnaître que l’école n’offre pas à tous les mêmes chances : le milieu social, culturel, le climat familial, les conditions de vie ou de logement ont leur part d’influence sur la réussite scolaire. Non qu’elle soit inégalitaire, mais par excès d’égalité. L’égalitarisme à la mode est contre-productif.

Il faudrait, au contraire, multiplier les internats d’excellence, créer dans tous les collèges d’éducation prioritaire des sections attractives, voire – osons le mot ! – sélectives, pour que tous les élèves, pour peu qu’ils en aient l’envie et ne rechignent pas à l’effort, puissent tendre vers l’excellence.

Des expériences comme celle des cadets de la gendarmerie contribuent à cet objectif. Tout comme, voici quelques années, les « cordées de la réussite » qui, loin de la « discrimination positive », servant d’alibi aux impuissants, visent à lever les obstacles psychologiques, sociaux ou culturels qui peuvent freiner l'accès des jeunes aux filières d'excellence. Formule bien préférable au fameux « ascenseur social » qui laisse penser qu’il suffirait d’y monter et de se laisser hisser.

De telles initiatives valent mieux que tous les discours prétendument généreux qui, lorsqu’on gratte un peu, ne laissent percevoir que du vide. Bravo aux cadets de la gendarmerie !

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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