Castaner se met les commissaires et les officiers de police à dos
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Incompétence, amateurisme, volonté de diviser ou bien, tout simplement, réaction de panique face à une situation qui, visiblement, lui échappe ? Quoi qu’il en soit, Castaner vient de commettre une (nouvelle) sacrée bévue.
En recevant, place Beauvau, les seuls syndicats représentatifs des gradés et gardiens de la paix, auxquels il a d’ailleurs accordé, sans réelles négociations, une rallonge salariale de 120 à 150 euros mensuels, le ministre de l’Intérieur se doutait-il qu’il allait déclencher les foudres des commissaires et des officiers de police ?
C’est pourtant ce qui vient de se passer. Et les cadres de la police nationale ont réagi dans une longue lettre au ministre en date du 20 décembre, dans laquelle ils dénoncent de la "précipitation" et une grave erreur "d’appréciation". Bien plus, ils soulignent le fâcheux précédent de rencontres au plus haut sommet de l’État qui ont laissé deux des syndicats les plus représentatifs de leurs corps (le SCPN et le SCSI) au bord du chemin. Véritable rappel à l’ordre à un ministre de l’Intérieur hors-sol, la missive signée par les deux responsables syndicaux des commissaires et des officiers demandent, par ailleurs, la tenue "de véritables assises de la sécurité intérieure".
Ce clash entre les cadres de la police nationale et le ministre de l’Intérieur intervient, bien évidemment, au plus mauvais moment. Face à la crise des gilets jaunes qui empoisonne le pouvoir depuis plusieurs semaines, et à un moment où la cohésion des forces de l’ordre est plus que jamais nécessaire, c’est l’exécutif lui-même qui vient semer la discorde au sein d’une institution qui n’avait pas besoin de cela.
Comme nous n’avons cessé de le souligner, la malaise est profond chez les policiers. Il remonte à de nombreuses années et porte sur des sujets extrêmement variés. Le pouvoir d’achat, bien entendu. Mais aussi les conditions d’exercice du métier, une organisation interne dépassée, des relations police-justice toujours aussi compliquées, un manque chronique de moyens, etc. Il était donc des plus maladroits de disqualifier une partie importante de la représentation syndicale qui, par ailleurs, est largement contestée parmi de nombreux policiers.
Mais si la façon de procéder de Castaner peut paraître contestable – on imagine mal, en effet, qu’il n’ait pas bénéficié de conseils pour agir de la sorte -, la lettre des deux dirigeants syndicaux des commissaires et des officiers n’en recèle pas moins quelques sujets explosifs. Et parmi ceux-ci, leur souhait de voir aborder, à l’occasion de ces "assises de la sécurité intérieure", "la question du maintien de deux forces de sécurité intérieure". Ainsi se trouve directement (re)mis en cause la coexistence, ou non, de la police nationale ou de la gendarmerie nationale. Là encore, à un moment de particulières tensions dans le pays, il faut se demander si le moment est bien choisi pour faire resurgir ce vieux serpent de mer et de jeter ainsi de l’huile sur un feu déjà virulent.
En réalité, toute cette cacophonie ne connaît qu’une origine. L’incompétence. L’incompétence d’un président de la République qui, au mépris de toutes les règles du dialogue social, pense qu’il suffit de décider pour que les autres exécutent. L’incompétence, ensuite, d’un ministre de l’Intérieur d’opérette qui n’a rien compris à la mission qui est la sienne et qui maintient à ses côtés des courtisans qui n’ont d’autres perspectives que de dérouler leur carrière. À n’en pas douter, face aux graves événements qui touchent notre pays actuellement, la France est gouvernée par la plus déplorable équipe qui soit. Dès lors, tout peut maintenant arriver. Macron, Philippe et Castaner en seront les seuls responsables.
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