« Ce choix n’est pas une surprise, mais plutôt dans la continuité de Mgr Lustiger et Mgr Vingt-Trois »

Le nouvel archevêque de Paris vient d'être désigné. Il s'agit de Monseigneur Michel Aupetit, qui a été ordonné assez tardivement (44 ans) après une carrière de médecin, ce qui lui donne un regard d'expert sur les questions bioéthiques. Selon le journaliste de Radio Notre-Dame Louis Daufresne, ce choix reste dans la continuité de ses prédécesseurs.

Paris a un nouvel archevêque. En quoi le rôle d'archevêque de Paris est-il particulier dans la hiérarchie de l'Église ?

Il est particulier dans la mesure où il a un rôle éminemment politique de contact avec les autorités. Paris est la capitale d'un État très centralisé. C'est donc le poste le plus proche du pouvoir politique. De plus, Paris est une mégapole internationale avec une visibilité bien au-delà de la France.
Du point de vue de l'Église, il y a plus de 500 prêtres à Paris. C'est, numériquement, le premier diocèse de France, même si le territoire est très petit. C'est un territoire très dense qui a encore des forces vives importantes du point de vue de l'Église et qui pèse numériquement.

Qui est Monseigneur Michel Aupetit ? Est-ce plutôt un conservateur, un progressiste, ou est-ce plus compliqué que cela ?

C'est plus compliqué que cela. C'est toujours difficile de répondre à cette classification conservateur – progressiste. C'est un piège conceptuel d'abord, parce que les enjeux d'aujourd'hui dépassent ce clivage un peu daté. Il remonte quand même aux années 60-70.
Beaucoup disent que c'est un choix de continuité et non pas de rupture. Ce n'est pas la surprise du chef attendue par le pape François. Je pense que le pape François a suivi la culture parisienne de fidélité à l'héritage de Monseigneur Lustiger et de Monseigneur Vingt-Trois.
Il introduit tout de même une rupture importante de tempérament avec son prédécesseur et de rapport aux médias. Ce n'est pas quelqu'un qui apprécie vraiment les médias. Même s'il aime beaucoup faire de la radio, puisqu'il a une chronique qu'il apprécie beaucoup sur notre antenne. Ce sera intéressant de l'observer sur ce plan-là. D'ailleurs, il ne parlera pas avant le 6 janvier, date à laquelle il sera installé. On voit qu'il commence à gérer son rapport à la presse de manière assez stricte. C'est quelque chose qui demande à être vérifié.
Et puis, c'est un médecin. C'est un point très important. Monseigneur Vingt-Trois a un aspect de théologien, un aspect vraiment ecclésiastique. Monseigneur Aupetit a été ordonné tardivement, il avait 44 ans. Il a exercé pendant onze ans. On sait que, dans l'avenir, les enjeux vont beaucoup se situer sur ce terrain de la guerre culturelle entre deux conceptions inconciliables de l'Homme. S'affrontent une conception très matérialiste, utilitariste, évolutionniste de l'homme et une conception irréductible qui met l'homme au niveau de l'image de Dieu. Elle en fait une image intouchable avec une dignité quasiment intouchable. On sent que c'est un enjeu très fort qu'il va pouvoir représenter. On peut citer, à ce sujet, les états généraux de la bioéthique l'année prochaine.

Libération ne s'est pas trompé, puisqu'il considère que Monseigneur Aupetit est doctrinalement assez fort, qu'il a des paroles chocs et qu'il ne fait pas dans la demi-mesure.

Il a effectivement un franc-parler, mais il a aussi une grande délicatesse et le sens de la nuance. C'est peut-être là que va se situer sa force. Il a le franc-parler, "l'envie d'avoir envie" pour l'Église, pour reprendre des paroles à la Johnny, avec en quelque sorte une vraie envie d'y aller. Mais, en même temps, ce n'est pas un effronté qui prend les gens à rebrousse-poil. Il veut être compris et avoir un regard d'expert, une vision argumentée et constructive.
Il peut tout à fait combiner ces deux aspects, franc-parler et sens de la mesure, avec l'utilisation du scalpel idéologique pour être bien compris afin que la parole de l'Église ne soit pas travestie ou caricaturée. Monseigneur Aupetit n'est pas du tout un curé en rangers. Ce n'est pas son style. Il va sans doute avoir une communication qui alliera ces deux éléments, ce qui pourra avoir une pertinence médiatique.

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