Critiquer Mahomet : un interdit inscrit dans la charia et la CEDH ?
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La conférencière autrichienne Elisabeth Sabaditsch-Wolff, condamnée pour avoir blasphémé contre Mahomet, a demandé à la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme le réexamen de son affaire. Une pétition en ligne signée par plus de 58.000 personnes soutient cette demande.
Elle s’était contentée d’une question rhétorique. Elle avait pris soin de s’appuyer sur des faits historiques. Elle s’exprimait dans le cadre d’une conférence… Qu’importe : elle a osé vouloir rendre le « prophète de l’islam » indigne de « vénération », elle pouvait donc être condamnée.
C’est, en substance, ce que la Cour européenne des droits de l’homme avait conclu dans un retentissant jugement en octobre 2018 : ces propos outrepassent la liberté d’expression car ils "ne pouvaient être compris que comme cherchant à démontrer que Mahomet n’était pas digne d’être vénéré". Un zèle bien surprenant puisque les musulmans ne prétendent pas adorer ni même vénérer Mahomet.
Il était reproché à la conférencière de ne pas avoir été "neutre" et "objective" dans ses remarques, mais malveillante. Son appartenance au FPÖ, le parti autrichien d’extrême droite, n’a certainement pas joué en sa faveur.
Voici deux extraits de ce que la conférencière a effectivement dit : "Un des plus gros problèmes auquel nous faisons face aujourd’hui est que Mahomet est perçu comme l’idéal, l’être humain parfait, le parfait musulman. […] C’était un guerrier, il eut beaucoup de femmes, et pour ainsi dire, il aimait faire ça avec des enfants. Et selon nos valeurs, ce n’était pas l’homme parfait." Et, un peu plus tard, tandis que la conférencière relatait une conversation qu’elle avait eue avec une autre personne, elle demanda : "Un homme de 56 ans avec une fille de 6 ans, comment appelles-tu cela ? Donne-moi un exemple ? Comment appeler cela autrement que de la pédophilie ?"
Selon la Cour et les juridictions autrichiennes, ces propos ne reflètent pas des faits mais un "jugement de valeur" car la conférencière a "subjectivement attribué à Mahomet la pédophilie comme sa pratique sexuelle principale préférée et n’a pas informé de manière neutre son auditoire du contexte historique".
À l’encontre de la conférencière, la Cour souligne que "le mariage a perduré jusqu’à la mort du prophète, lorsque Aïcha venait d’avoir 18 ans et avait donc dépassé l’âge de la puberté". Nous voilà rassurés, on ne peut pas dire comme cela que « le prophète » était un pédophile ; la preuve : il est resté avec Aïcha bien qu’elle fût pubère !
Ainsi, sous prétexte d’imprécisions et de manque de neutralité, la Cour valide l’interdit de critiquer le comportement de Mahomet.
Plus encore : au nom de la paix religieuse et de la tolérance, la liberté de critiquer l’islam est restreinte ; alors même que la Cour protège, simultanément, les attaques les plus offensantes contre les chrétiens en Europe.
La Cour européenne accepte rarement les demandes de réexamen en Grande Chambre. Pourtant, ici, cela paraît essentiel, tant le jugement rendu est contraire aux propres principes de la Cour suivant lesquels, il faut le rappeler, la liberté d’expression "vaut non seulement pour les “informations” ou “idées” accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l'État ou une fraction quelconque de la population".
Alors que la Cour européenne a récemment posé le cadre d’application de normes de la charia en Europe, va-t-elle accepter de réexaminer le blasphème contre Mahomet ? On en doute, mais on peut l’espérer.
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