Départ de Nicolas Hulot : la fin du macronisme
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Il est tellement courant de se moquer de Laurent Wauquiez qu'on en oublie, au passage, de reconnaître qu'il est certainement le commentateur le plus juste des soubresauts du macronisme. Dimanche, lors de son discours de rentrée du mont Mézenc, il a parlé de la fin du "mythe" Macron.
Avec le départ de Nicolas Hulot, qui ne pouvait rester au gouvernement davantage après la nouvelle couleuvre que le Président voulait lui faire avaler avec ses mesures en faveur des chasseurs, le macronisme n'est plus qu'un juppéisme économique. Terne et décevant comme fut le prototype.
Après cet été meurtrier 2018, le macronisme est nu, et mort. L'illusion que notre énarque inattendu allait, tel un magicien, répondre aux attentes profondes de catégories très disparates s'est dissipée en cette fin d'été 2018. Ces groupes ne furent, pour lui, que des niches électorales à séduire. Mais certains Français ont voulu y croire.
Après la fin du macronisme moral, avec les affaires Ferrand, Benalla, Kohler et Nyssen, voici donc la fin du macronisme écologique. Le départ de Nicolas Hulot coûtera autant à Emmanuel Macron, en termes de popularité et de crédibilité, que sa nomination lui avait apporté.
Au bout de seize mois de pouvoir, Emmanuel Macron commence à descendre les marches de son piédestal. Il y en aura d'autres, car Emmanuel Macron a beaucoup embrassé. Et mal étreint. Au-delà de la démission probable de Mme Nyssen dans les prochaines semaines, il y aura - entre beaucoup d'autres - une nouvelle ambiguïté qui, tôt ou tard, éclatera au grand jour : avec un petit recueil des Fables de La Fontaine, le ministre Blanquer - le plus populaire du gouvernement Philippe - avait fait croire que les grands textes, les classiques et la langue française étaient enfin de retour. Mais ce n'étaient que des mots. En effet, la réalité est que, non seulement M. Blanquer n'a pas mis fin à toutes les errances de Mme Vallaud-Belkacem, mais que sa réforme du baccalauréat sabre ce qui valorisait encore nos humanités mal-aimées.
Le détricotage de la fragile construction macronienne à laquelle ressemble désormais ce quinquennat sera riche d'enseignements pour la droite. Il ne lui servira à rien, comme le fit Emmanuel Macron - qui imita en cela le Nicolas Sarkozy de 2007 -, de chercher à séduire un large spectre fait d'électorats aux attentes contradictoires. Les Français seront demandeurs de cohérence et d'actions fortes sur les thèmes majeurs qui sont au centre de leurs attentes. On ne leur fera pas deux fois le coup du « en même temps ».
Nicolas Hulot est parti sur ces mots : "Je ne veux plus me mentir." Et sur une vraie cohérence politique. La question est, désormais, posée aux Français qui, par défaut ou par peur, en votant pour lui ou en s'abstenant, ont porté Emmanuel Macron au pouvoir : allez-vous continuer à vous mentir plus longtemps ?
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