Des Français eurosceptiques ? En tout cas, défiants

union européenne drapeau domaine public

Dans un sondage d’Eurobaromètre sur les élections européennes publié récemment, la France se distingue nettement des autres pays par sa défiance à l’égard de l’Union européenne. L’institut de sondage a interrogé un panel de 26.000 personnes des 27 pays membres, dont mille Français, en février et mars 2024.

C’est d’abord l’ignorance des prochaines échéances qui dénote. Seuls 8 % des Français savent que les élections se tiendront le 9 juin prochain ! Dans les autres pays européens, ils sont en moyenne 14 % à connaître la date. Pour autant, la majorité des Français est prête à se rendre aux urnes à 67 %. C’est plus qu’en 2019 (+6 points), mais moins que nos voisins européens (71 %). Une mobilisation qui peut s’expliquer par le contexte de guerre à Gaza et en Ukraine. Plus de 80 % des sondés voient dans le contexte international une raison supplémentaire de voter.

Défiance de l’UE

À l’heure où notre Président Macron et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission Européenne, appellent à toujours plus « d’Europe », seuls 37 % des Français accordent une image positive à l’UE, contre 47 % dans le reste de l’Europe. Cela descend à 33 % pour les plus de 55 ans, mais la tendance s'inverse chez les 15-24 ans, avec 48 %. Le Parlement européen se distingue par son impopularité : seuls 27 % des Français en ont une image favorable, contre 41 % ailleurs. Depuis le référendum de 2005 sur la Constitution européenne, la désaffection est toujours bien présente.

Sachant que la France est contributeur net de l’Union européenne et le deuxième pays à mettre le plus la main au portefeuille derrière l’Allemagne, avec pas moins de 27 milliards d’euros en 2023, soit 18,5 % des contributions européennes, il est difficile de voir le retour sur investissement : menace d’une Troisième Guerre mondiale avec la Russie et crise en Israël, crise migratoire exacerbée par le Pacte de Marrakech, explosion du prix de l’énergie, agriculteurs asphyxiés par la PAC. Quand on demande de juger l'évolution de l'UE, les Français sont 65 % à la juger négative, contre 49 % ailleurs !

La paix au centre des préoccupations

Très loin devant la démocratie, la valeur que les sondés veulent voir le plus défendue par le Parlement européen est la paix, et de loin : pour 50 % d’entre eux en France, contre 29 % pour la démocratie. Cela peut expliquer le désamour pour l’UE dans le contexte international actuel et à l’heure où nos dirigeants ont multiplié les déclarations et les sorties n’allant pas dans le sens de l’apaisement ni même de la diplomatie pour le cas de la Russie et de l’Ukraine. Ursula von der Leyen avait notamment refusé l’idée d’un cessez-le-feu, ne serait-ce que comme solution à court-terme.

Ce sondage montre que les Français sont clairement plus insatisfaits que les autres peuples européens. Les jeunes générations de 15 à 24 ans sont étonnamment les moins critiques pour une institution qu'ils ne jugent pas obsolète. Avec cette désaffection grandissante pour l’UE et cette volonté de voter, le 9 juin promet clairement d’être un vote sanction contre la politique européenne et contre la Macronie inconditionnelle de l’UE, comme le montrent les intentions de vote révélées par différents sondages.

Gabriel Decroix
Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

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25 commentaires

  1. Beaucoup, parmi les citoyens comme les politiques, ne comprennent pas une nuance pourtant fondamentale. Lorsque des Français affirment qu’ils ne veulent pas de l’Union européenne, mais plébiscitent une Europe des Nations, ils y voient une contradiction. S’ils se donnaient la peine de réfléchir avant de condamner, ils ne diraient plus que ces Français sont « europhobes ». En fait, ceux-là sont bien plus « europhiles » que les « eurolâtres » !

  2. Comment ne pas devenir « eurosceptique » ? En 1992 certains m’avaient timidement convaincu que voter pour Maastricht c’était voter pour la paix…Où en sommes-nous aujourd’hui ? Notre paix est plus que menacée. Notre président se découvre comme un « vat’en-guerre » d’une totale inexpérience qu’il s’agisse de la diplomatie ou de la guerre. Au début du conflit d’Ukaine il disait si ingénument qu’il ne fallait surtout pas « vexer » le pouvoir russe…Aujourd’hui il envisage la possibilité d’envahir la Russie ! Avec quelles troupes ? L’Europe est incapable de réunir ne serait-ce qu’une dizaine de militaires armés !

  3. L’Europe est un bâillon mis sur les pays qui la composent. Il est évident qu’un jour prochain ils vont se débarrasser de ce bâillon pour pouvoir respirer et reprendre enfin une vie normale.

  4. Il faut prendre conscience que les décisions ne sont pas prises par le gouvernement Français, mais par Bruxelles, dont Macron n’est que l’intendant obéissant et servile. En récompense de ses bons et loyaux services, il aura droit à la place de Président de la commission européenne.
    Alors oui, il faut voter pour casser les choix de Bruxelles dont les ordonnateurs n’ont jamais été élus, et pour stopper la dictature.

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