La droite que nous ne voulons plus
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La droite a-t-elle actuellement une place dans la "démocratie" française ? La réponse est clairement non !
Bien sûr, il faut définir ce qu'est la droite. Ce sont d'abord des patriotes qui pensent que la politique consiste à assurer le bien commun de la collectivité où se croisent le destin des personnes et le pouvoir de l'État, et qui est la nation. Ce sont, ensuite, des conservateurs qui sont attachés aux valeurs communes sans lesquelles on ne peut ni préserver l'ensemble, ni assurer le bien commun. Ce sont, ensuite, des libéraux parce que la liberté d'expression est la condition incontournable de la démocratie et que la liberté d'agir et d'entreprendre est indispensable à la prospérité.
La nation, l'ordre et la liberté sont les valeurs de droite auxquelles s'opposent l'égalité trompeuse, la lutte des classes et le dirigisme qui inspirent la gauche. Les partis, qui sont des machines destinées à la conquête du pouvoir, ne correspondent pas à cette répartition.
Avec une ingratitude et un aveuglement inouïs, François Fillon vient d'accuser Sens commun de l'avoir plombé durant la dernière semaine de campagne. Or, chacun sait que ce mouvement proche de la Manif pour tous avait participé fortement à sa victoire des primaires, et avait assuré par sa mobilisation, au Trocadéro notamment, son maintien dans la course. Ce reniement est un aveu, celui de l'impuissance de la prétendue droite politique française à s'assumer comme telle. Parce que le microcosme médiatique est très à gauche, elle accepte avec une incroyable lâcheté de s'y soumettre.
Parce que Fillon avait très légitimement entrevu d'avoir au gouvernement des membres de Sens commun, une polémique a comme d'habitude été lancée contre cette présence. L'intolérance de la gauche exigeait donc que le candidat de droite se sépare de ses soutiens les plus fidèles, et ce dernier, battu pour d'autres raisons qu'il connaît fort bien, accepte la légitimité de la polémique et regrette de ne pas s'être plié à l'injonction de l'adversaire.
C'est une vieille habitude : Sarkozy, élu en 2007 grâce à une campagne à droite signée Buisson, pratique l'ouverture à gauche pour s'excuser.
Fillon lui-même avait sans vergogne demandé mon exclusion. Lui qui sait maintenant ce qu'est un lynchage médiatique ne semble rien en avoir appris. Il appelle à voter Macron, qui est le bénéficiaire sinon le complice de la manipulation qui l’a torpillé. Estrosi demande même l'exclusion de ceux qui ne soutiendraient pas Macron. Comment peut-on faire de la trahison le devoir et de la fidélité un délit ? La réponse est simple : pour ces gens, seule compte la réélection. L'entente avec le dauphin de Hollande leur semble moins risquée que l'essor du Front national.
La droite parlementaire à laquelle j'ai appartenu n'a rien en commun avec une gauche qui l'a combattue sur tous les plans entre 2007 et 2012. Elle trouve au contraire des points de convergence avec le Front national sur les questions de sécurité, d'immigration, d'identité. En revanche, les stratégies économiques sont divergentes. Il est donc néanmoins plus facile de s'entendre avec lui qu'avec la gauche. Or, c'est le contraire qui se produit au nom d'un fallacieux front républicain qui s'appuie sur trois mensonges. Le premier consiste à ignorer l'évolution et le comportement du Front national. Ses élus à la tête de villes importantes ne menacent en rien la République. Ils sont même parfois l'objet de tracasseries inéquitables qui, elles, portent atteinte à la démocratie.
Le second utilise la batterie de slogans pavloviens faisant appel à l'odorat plus qu'à l'intelligence. Les idées du Front national sont discutables. Elles ne sont pas nauséabondes.
La troisième tartufferie cache, sous l'appel à des valeurs mal définies, le souci purement tactique de sauvegarder des places face à un concurrent dangereux. Macron, qui ose accuser la France de crimes contre l'humanité, ne devrait recevoir aucun soutien de la part d'élus de "droite".
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