Émeutes : les assureurs ne paieront plus, ils refusent d’assurer les villes sinistrées !

EMEUTES STATES

Le 11 octobre dernier, Marie-Camille Le Conte s’interrogeait ici même : « Trois mois après les émeutes : qui payera la facture ? » Bruno Le Maire avait déjà apporté la réponse : tandis que le président de la République pointait du doigt les écrans et le désœuvrement, le ministre des Finances déclarait avoir « demandé aux assureurs de faire preuve de la plus grande simplicité dans le traitement des procédures [...] et de réduire au maximum les franchises ».

La facture révisée à la hausse

Florence Lustman, présidente de la Fédération des assureurs, chiffrait alors les dégâts à 730 millions d’euros. Ils ont, depuis, été revus à la hausse. Rappelons, ainsi, les conclusions de l’enquête du Sénat, rendues le 11 avril : « Le coût des émeutes qui ont touché tout le territoire l’été dernier est estimé à 793 millions d’euros, selon France Assureurs. Mais en raison notamment de la non-déclaration d’une partie des sinistres, la commission d’enquête du Sénat sur ces événements estime ce coût autour d’un milliard d’euros. 2.500 bâtiments ont été touchés et plus de 12.000 véhicules ont été incendiés. »

Alors les assureurs ont payé, oui, mais ils ne paieront plus.

Des contrats d'assurance qui se raréfient

En novembre, c’est La Gazette des communes qui alertait : « Cinq mois après les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel, la signature de contrats n’a jamais été si onéreuse et complexe pour beaucoup de maires. » « Les assureurs candidats se raréfient fortement, et lorsque les marchés sont en cours, les collectivités font face à des demandes d’avenants avec augmentation des primes, franchises voire à des résiliations sèches », témoignait alors un chef du service assurances d’une grande collectivité.

« Une mission gouvernementale devrait permettre de repenser le modèle et trouver des solutions d'ici avril », écrivait La Gazette. Nous sommes le 1er mai et il y a urgence, car nombre de communes ne sont plus assurées depuis le 1er janvier.

C’est le cas, notamment, de la ville de Denain dont le maire PS, Anne-Lise Dufour-Tonini, a été reçu par Gabriel Attal avant de se confier à France3. Sa ville de 20.000 habitants, déjà marquée par un fort taux de pauvreté, a subi des dégâts colossaux : théâtre, gare, façade de la mairie, commerces… En une nuit, « les trois quarts des bâtiments communaux ont été dégradés », dit le maire. Coût de la facture : 600.000 euros, réglés par la MAIF, avant qu’elle ne résilie le contrat.

Depuis le 1er janvier, cette ville – comme Maubeuge, Arcueil et tant d’autres – n’a plus de couverture. Et personne n’a répondu aux appels d’offres lancés par la mairie en juin et octobre 2023 pour retrouver une assurance cette année.

Quand il a reçu les maires de Denain et de Maubeuge à Matignon, le Premier ministre leur a promis que des solutions interviendraient courant mai, « lorsque les conclusions de la mission gouvernementale travaillant sur les assurances des collectivités, seraient rendues », rapporte France 3 région Nord.

Ne voyant rien venir, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, a adressé, ce lundi, une lettre à Gabriel Attal, l’enjoignant d’agir au plus vite : « L’État ne peut pas s'exonérer de sa responsabilité et doit, avec les assureurs, renforcer son accompagnement auprès des collectivités territoriales », écrit-il.

L’État répondra sans doute qu’il agit, puisqu’il veut interdire les écrans aux enfants avant l’âge de 3 ans, les téléphones avant 11 ans et les réseaux avant 15. Car les écrans sont les seuls responsables des émeutes, bien sûr, comme il sont également responsables des coups de couteau…

Privée d’assurance, la ville de Denain, désormais dans l’illégalité, n’ose plus organiser le moindre événement. C’est, disait Emmanuelle Ducros dans sa chronique Voyage en Absurdie (Europe 1), « le deuxième effet Kiss Cool du défoulement des casseurs et des voyous ».

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Que l’ état commence par supprimer à ces familles toutes les aides diverses et variées dont elles bénéficient ;les gens honnêtes qui achètent des biens grâce à leur travail ne cassent pas le bien d’ autrui car ils connaissent la valeur du matériel!

  2. Un début de solution consisterait à condamner les auteurs des destructions (et/ou leurs parents s’il s’agit de mineurs) aux travaux de réparation dont la rémunération serait perçue au profit des collectivités actuellement privées d’assurances !!!!(?)

  3. En Coree de Nord, il n´y a pas tous ces problèmes. Trop de libertés tuent les libertés. A quand un ministère de la remigration ???? y compris les Francais de papiers délinquants.

  4. Les millions cachés de Macron pourraient peut-être être utilisés à reconstruire, restaurer, indemniser. Quand on est responsable, il faut l’être jusqu’au bout!

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