Emmanuel Macron citant Mère Teresa, c’est comme Casanova parlant de chasteté

Certes, à moins de marcher dans les pas du célèbre petit pantin de Carlo Collodi, on ne peut pas dire que les journalistes français soient des chantres de la déontologie, mais un président de la République doit-il régler ses comptes avec ces derniers comme un gamin le ferait à propos d’une partie de billes qui aurait mal tourné ?

Par ailleurs, à l’aide des médias, Emmanuel Macron ne s’est-il pas érigé en monument médiatique pendant la campagne présidentielle, à telle enseigne qu’on se demandait si ceux-là, dans leur quasi-totalité, ne se contentaient pas de valider les propositions de campagne du candidat à défaut de les discuter, tant ils étaient dithyrambiques à son endroit ?

Quoi qu’il en soit, le divorce est, semble-t-il, consommé, ainsi qu’on peut le découvrir ces jours-ci à travers les bonnes pages de "ses confidences, parues dans le livre du romancier Philippe Besson, intitulé Un personnage de roman et consacré aux coulisses de la campagne présidentielle du candidat d’En Marche !" (source : Valeurs actuelles).

Mais ce qui retient mon attention, dans ces confidences présidentielles, c’est cette phrase : "Franchement, il y a en a qui sont à la déontologie ce que Mère Teresa était aux stups" (op. cit.). Outre la comparaison faible et hasardeuse – qui plus est pour un personnage présenté comme "fan de Molière" –, c’est le choix de Mère Teresa qui m’intrigue.

On pourrait spontanément se vanter que le Président ait pris comme exemple une catholique fervente, mise plus bas que terre par certains thuriféraires du progressisme individualiste, qui ont sans doute trouvé en Emmanuel Macron une icône presque sacrée.

Toutefois, ladite sainte ne cadre pas, c’est le moins que l’on puisse dire, avec la politique tant économique que sociétale du Président français. Prenons, par exemple, ces propos qu’elle tint jadis et que certains exégètes malheureux n’ont absolument pas compris, croyant qu’il s’agissait d’un éloge de la pauvreté tandis qu’il s’agissait de compassion : "Il y a quelque chose de très beau à voir les pauvres accepter leur sort, à le subir comme la passion du Christ. Le monde gagne beaucoup à leur souffrance."

Pas vraiment raccord avec un homme qui cache de moins en moins son mépris pour la plèbe, à qui il conseille de travailler pour se payer un coûteux costard ou qu’il qualifie de "fainéants", même si, effectivement, le droit du travail doit être réformé en France, mais pas au profit du CAC 40 !

Mère Teresa était une exaltée, et je conçois que certaines de ses déclarations puissent choquer, mais, au moins, elle a œuvré en dehors du cadre strict de l’ambition égoïste incarnée, selon moi, par Emmanuel Macron. Aussi la prochaine fois serait-il bien inspiré de choisir un modèle plus en adéquation avec ses convictions, du genre Rockefeller, car ce qui brillait chez Mère Teresa ne se négociait pas à Wall Street !

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