Emmanuel Macron veut « réparer » le lien avec les catholiques. Même les « atroces » ?

Que lit-on, ces jours-ci, dans Marianne ? Qu’Emmanuel Macron ne réitérera pas l’erreur de son prédécesseur. Que concernant la PMA - les États généraux de la bioéthique ont été ouverts en janvier -, il "n’humiliera" personne, pour reprendre le mot que, candidat, il avait utilisé pour désigner le traitement infligé aux opposants du mariage gay.

En effet, "théorise-t-on dans son entourage", "il est très important" pour le chef de l’État que "même les associations catholiques les plus atroces (sic) puissent s’exprimer, car les gens accepteront mieux la décision s’ils se sentent écoutés".

C’est gentil tout plein, ça. Et le Larousse confirme… "Atroce : extrêmement pénible à supporter (une souffrance atroce)" ou bien encore "Qui révolte par sa cruauté (un crime atroce)" ou, enfin, dans le registre "familier", "très désagréable par sa laideur, son mauvais goût, etc. (elle portait une robe atroce)".

C’est donc mis en confiance, et absolument pas humiliés, que les catholiques insupportables, révoltants, cruels, désagréables, moches et vulgaires, vont goûter la qualité d’écoute d’un homme qui les tient en si haute estime et qui a pris le parti d’agir, contrairement à son prédécesseur, avec la plus grande délicatesse. Désarmés par tant de bienveillance, ils "accepteront mieux la décision".

Et pourquoi devraient-ils "l’accepter" - c’est-à-dire, toujours selon le Larousse, "consentir à subir, admettre, tolérer" -, sinon parce que l’on pose comme postulat de base que ladite « décision » ne satisfera pas les attentes desdits « catholiques atroces », preuve qu’elle est déjà prise avant même qu’on n'ait « écouté » ces derniers. Mais cela allait sans dire, n’est-ce pas, car, de vous à moi, ma petite dame, qui se laisserait convaincre une minute par des êtres qu’il considère comme révoltants de cruauté, hmmmm ?

On a appris que Les Juristes pour l’enfance et La Manif pour tous avaient été « auditionnés » ces derniers jours par le Comité consultatif national d'éthique (CCNE). Les catholiques atroces qui doivent-se-sentir-écoutés-pour-accepter (amis de la psychologie de comptoir, bonsoir) ne peuvent être, quand même, dans l'esprit du Président, les représentants de ces deux respectables associations ? Ces braves gens ne sont pas cruels pour deux sous et portent toujours des robes (et des pantalons) d’un goût exquis ! On se gratte le menton : mais alors, de qui, au juste, peut-il bien s’agir ?

Comme disait Michel Audiard, faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. Ni pour des lapins de six semaines, doublés de fieffés benêts. Qui se contenteraient d’un grand violon dans lequel on leur recommanderait de siffler très fort (je reste polie) avant d’être prestement reconduits à la porte. Allez, ouste, bon vent, bonne mer, et puis, surtout, à jamais ! Case cochée, catholiques atroces écoutés.

Car imaginez que bien qu’écoutés, ils aient le sentiment de ne pas être entendus… seraient-ils capables de descendre dans la rue pour battre encore une fois le pavé ? Il y a de quoi avoir un doute atroce.

Il parait qu'aux Bernardins, Emmanuel Macron a déclaré vouloir "réparer" le lien avec les catholiques. Penser, d'abord, à surveiller les éléments de langage de son entourage.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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