Fillon aux musulmans : « La loi du pays est ta loi »

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Quel que soit le duo qui sortira vainqueur dimanche prochain, chacun des quatre prétendants a trouvé un espace médiatique propre qu'il croit fécond pour sa campagne : Macron navigue entre Closer et Femme actuelle, Mélenchon se démultiplie avec son hologramme, Marine Le Pen affectionne, qu'elle y aille ou pas, les plateaux et les dialogues avec Aphatie, Cohen et Bourdin.

Quant à François Fillon, incontestablement, c'est le meeting traditionnel qui lui réussit le mieux. Et la tournure imprévue de la campagne a eu le mérite de faire de cet exercice convenu et répétitif l'instrument privilégié de sa résistance et de sa remontée. Fillon s'est d'ailleurs construit, lors de la primaire, sur ces micro-variations étonnantes par rapport à une figure figée que l'on croyait connaître. Et c'est ce qui se passe aussi dans cette campagne. Depuis celui de Nîmes le 2 mars où, quittant le Paris des traîtres qui ne songeaient qu'à l'évincer au cours de ce mémorable week-end des dupes, il se présenta par ces mots : "Mes amis, vous avez devant vous un combattant !" Et, bien sûr, depuis ce dimanche du Trocadéro qui retourna plus d'un électeur de droite en sa faveur.

Et le meeting de Montpellier, vendredi soir, est venu apporter une nouvelle pierre à l'édification de la stature présidentielle de Fillon, lui donnant une épaisseur dont sont malheureusement dépourvus et Macron et Marine Le Pen. Sur la question difficile de l'islam, de la nationalité et de l'identité française, il a su emprunter une voie très originale, intellectuellement forte et politiquement efficace. Et, de surcroît, provocatrice. Après des salves d'applaudissements suscitées par la dénonciation des pratiques communautaristes et par son programme lucide et raisonné en matière d'immigration et d'intégration, il a osé dire ceci :

Comme le fait le Talmud, chaque musulman de France doit pouvoir proclamer que “la loi du pays est ta loi”. “La France”, disait Emmanuel Lévinas, “est un pays auquel on peut s'attacher par le cœur, par l'esprit aussi fortement que par les racines.” Il y a de la place pour plusieurs amours dans un même cœur ; mais il n'y a de la place que pour une seule loyauté. Nous avons tous un droit irrécusable à chérir nos origines, que ces origines soient languedociennes ou kabyles, mais notre seule fidélité doit être pour la France.

Il y a là assez de philosophie et de bon sens pour reconstruire une nation.

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