« Si les gendarmes trouvent un pillard, ils ont à peine le droit de lui tirer l’oreille »
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Le Président Macron a dû décoller lundi soir pour se rendre sur l'île de Saint-Martin, notamment pour faire taire les critiques quant au manque de moyens déployés par l'État avant et après l'ouragan.
Jean-Yves Le Gallou, lorsqu'il était à l'Inspection générale de l'administration, a eu à plusieurs reprises l'occasion de participer à des missions de retour d'expérience (RETEX) à la suite de catastrophes naturelles. Il a pu constater que le débarquement d'autorités gouvernementales sur les lieux d'une catastrophe n'aide pas à régler les problèmes mais, au contraire, en retarde le règlement.
Par ailleurs, Jean-Yves Le Gallou revient sur la situation sécuritaire de l'île. Il constate qu'il est très difficile de savoir ce qui s'y passe exactement, notamment parce que les médias essayent de rassurer.
Lorsque j'ai l'occasion de participer à des missions administratives de Retex sur des événements catastrophiques de type inondations ou feux de forêt en métropole, nos travaux découvraient chaque fois que la visite d'une autorité n'aidait pas à régler les problèmes et faire face aux urgences. Bien au contraire, cela retardait le traitement des problèmes.
En effet, une visite officielle mobilise beaucoup de moyens, préfectoraux, aériens pour déplacer les gens, et de sécurité pour les protéger.
Par conséquent, une partie des moyens de l'État qui devraient servir à protéger les gens ou apporter des secours servent en fait à protéger et balader les autorités. C'est donc tout à fait contre-performant. Tout cela ne sert, pour celui qui se déplace, qu'à passer devant les caméras et faire de la com.
Quand Macron va se déplacer à Saint-Barthélemy, il reste à savoir s'il va se déguiser en pompier, en gendarme ou en militaire. C'est peut-être amusant pour lui, cela complète sa panoplie. Mais cela va compliquer le travail des forces de sécurité, de défense et de secours sur place.
L'île semble en proie au chaos le plus total. Même si l'information est à prendre avec des pincettes, on a appris que la sous-préfète est en état de choc et aurait un temps quittée l'île. C'est un symbole d'abandon de l'État. On a l'impression que rien n'aurait été fait et qu'il y aurait une espèce d'omerta sur ce sujet-là…
Il est très difficile de savoir ce qu'il se passe.
D'un côté, il y a une volonté des médias de dire que tout va bien, ou en tout cas de cacher les réalités, notamment concernant des pillages.
Il semble quand même que sur ce sujet nous ayons un témoignage crédible. Madame Girardin, ministre des Outre-mer, arrivée sur place, dit avoir vu des pillages. Elle dit que aujourd'hui les pillages sont terminés. Il y aurait donc eu au moins 4 jours de pillages, car des forces n'auraient pas été prépositionnées ou envoyées très rapidement sur place. C'était pourtant malheureusement prévisible. Cela arrive chaque fois qu'il y a des événements catastrophiques en Afrique, dans les Caraïbes ou dans le sud des États-Unis.
Les États-Unis ont d'ailleurs des méthodes assez radicales pour éviter cela, c'est le couvre-feu et l'état d'urgence qui permet de tirer sans sommation sur les pillards.
A Saint-Barthélemy, si les gendarmes trouvent un pillard, ils ont à peine le droit de lui tirer l'oreille.
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