Gilles-William Goldnadel : « Les assassins ne correspondaient pas au portrait-robot rêvé de l’intelligentsia intellectuelle et médiatique »
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Le 20 janvier 2006, Ilan Halimi était enlevé par le "gang des barbares" dirigé par Youssouf Fofana. Séquestré et torturé pendant trois semaines, Ilan Halimi sera retrouvé agonisant le long des voies du RER à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l'Essonne, et mourra des suites de ses blessures. Me Gilles-William Golnadel revient sur ce crime antisémite.
Il y a 13 ans, Ilan Halimi mourait sous les coups de ses bourreaux. Pourquoi se souvenir aujourd’hui de sa mort ?
Cet événement a marqué la société française et la communauté juive. Moi-même, je m’étais rendu chez la maman d’Ilan.
Ce fut un des premiers événements qui permit de montrer le visage véritable de l’antisémitisme criminel en France. C’est lui qui a montré l’antisémitisme islamique, qu’on n’avait jusque-là pas le droit de mentionner sans être taxé de raciste. Alors même que celui-là est bien plus ascendant que l’antisémitisme classique.
Par ailleurs, lorsqu’on a fait une manifestation pour rendre hommage à Ilan Halimi et protester contre la manière terrible avec laquelle il a été torturé et assassiné, la communauté juive s’est retrouvée assez seule. Cela m’a meurtri. La raison est qu’il ne s’agissait pas d’antisémitisme classique d’extrême droite. Les assassins ne correspondaient pas au portrait-robot que souhaitait l’intelligentsia intellectuelle et médiatique.
Je me souviens même qu’à l’époque (ça paraît un siècle, maintenant), les gens qui tenaient et tiennent encore le pouvoir médiatique niaient la dimension antisémite de l’assassinat d’Ilan. Ça les gênait de reconnaître l’évidence. Je me souviens que Piotr Smolar, aujourd’hui le correspondant attitré du journal Le Monde en Israël et Palestine, lors d’un débat alors qu’il était en France, niait le caractère antisémite de ce drame.
Il ne faut pas oublier cette responsabilité énorme dans l’aveuglement intellectuel qui ne supporte pas le visage du mal.
Le meurtre d’Ilan Halimi rappelle aussi les meurtres plus récents de Mireille Knoll et de Sarah Halimi, victime de ce nouveau visage de l’antisémitisme…
Je suis impliqué dans ces deux derniers dossiers qui me tiennent particulièrement à cœur. En ce qui concerne Sarah Halimi, aussi, la presse puis la Justice ont eu un important retard à l’allumage. Là encore, le portrait-robot du criminel antisémite ne correspondait pas aux vœux de l’intelligentsia médiatique.
Pourtant, il y avait eu, avant, l’affaire Merah. Dans cette affaire, je me souviens de la réaction du journaliste d’un journal de gauche qui disait : « Putain, je suis dégoûté, le criminel n’est pas d’extrême droite. » Il venait d’apprendre qu’il s’agissait de Mohammed Merah.
Je ne dis pas que l’antisémitisme classique a disparu. Ça se voit parfois dans les rues de Paris. Je dis seulement que celui-là est monté en épingle. Il suffit d’avoir trois clochards avinés qui agressent une vieille dame juive dans le métro et on a le droit à des plaidoiries de monsieur Griveaux et consorts qui fantasment dessus. De même quand dix individus font la quenelle.
Cet antisémitisme classique peut, certes, faire boule de neige, mais il reste tout de même sporadique. Et, surtout, on ne peut pas le comparer à l’attaque d’un Hyper Cacher ou d’une école.
Il y a un antisémitisme qu’on va chercher et l’autre qu’on veut cacher. Ça fait quand même une grande différence...
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