Guillaume Bernard : « On voit un Emmanuel Macron qui essaye de couper l’herbe sous les pieds de la droite »
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La rentrée politique a pris un peu tout le monde de court, notamment avec le discours de Laurent Wauquiez au mont Mézenc, mais aussi avec l'allocution d'Emmanuel Macron aux ambassadeurs. Allocution au cours de laquelle le Président a évoqué "l'identité profonde des peuples". Analyse de Guillaume Bernard pour Boulevard Voltaire.
La rentrée politique a pris tout le monde de court. Les premières positions sur les élections européennes ont été prises sans ambages et Laurent Wauquiez semble faire une rentrée politique peu audible.
Vous avez raison sur les deux points.
Effectivement, Laurent Wauquiez a été totalement absent pendant l’été. Sa rentrée politique qui aurait dû marquer le retour du chef des Républicains a été quelque peu difficile. Son discours a surtout porté sur les questions de finances publiques. Ce sont à l’évidence des questions importantes, mais ne sont pas celles qui attirent le plus l’opinion publique. La France et les Français sont surtout confrontés à l’insécurité physique et culturelle. Sa rentrée est donc tombée un peu à plat.
En parallèle, la campagne pour les Européennes a déjà commencé alors que les élections sont dans plusieurs mois. On pouvait s’attendre à des rounds d’observation avant que le vif du sujet ne devienne le coeur du débat.
La rentrée politique a réellement commencé avec ce discours un peu incroyable dans la bouche d’Emmanuel Macron face aux ambassadeurs. Il a notamment dit : « ceux qui croyaient à l’avènement d’un peuple mondialisé se sont profondément trompés. Partout dans le monde, l’identité profonde des peuples est revenue ».
Est-ce une bonne chose et qu’a fait Emmanuel Macron cet été pour retourner sa veste à ce point-là ?
Il a peut-être subi un exorcisme...
C’est pourtant le même personnage que celui qui a dit il y a quelques mois qu’il n’existait pas d’identité française. Nous sommes face à des hommes politiques capables de dire tout et son contraire. C’est assez désarçonnant.
C’est le fameux ‘’en même temps’’ macronien, et le ‘’et droite et gauche’’ d’Emmanuel Macron.
C’est l’ambiance générale en Europe, la poussée et l’exercice du pouvoir par les forces nationales et populistes, aussi bien à l’Est qu’en Autriche ou en Italie qui vraisemblablement poussent nos hommes politiques à prendre en considération les questions identitaires. Il s’agit des questions migratoires et des questions démographiques qui sont évidemment le coeur des questions politiques, et cela a toujours été le cas. Ces questions étaient, il y a encore quelques années, considérées comme subalternes. Elles viennent véritablement au coeur du débat. Je crois que c’est une bonne chose pour bien comprendre quels sont les différents positionnements politiques réels et leurs soubassements philosophiques.
Toutes les idées évoquées pendant les Européennes seront le terrain rêvé de la droite.
Son principal objectif devra finalement être de ne pas se faire déposséder de ces idées-là.
C’est ce que j’ai proposé avec le conseil du mouvement dextrogyre. Depuis la chute du mur de Berlin et depuis l’effondrement du socialisme, il est incontestable que les blancs, pour prendre l’image des échecs, sont à droite. La droite a de nouveau l’initiative idéologique. Les thèmes venant de la droite s’imposent dans le débat politique. Et Emmanuel Macron essaye de couper l’herbe sous le pied de la droite.
La droite est aujourd’hui éparpillée en différents partis, mais qui normalement défendent à peu près une même conception d’une Europe enracinée et protectrice. On l’a d’ailleurs vu dans des Tweets venant aussi bien des Républicains que du Rassemblement national. Ils disaient à peu près la même chose.
Il est parfaitement révélateur que le peuple de droite ait une véritable convergence sur l’essentiel de ses idées, notamment sur la question de l’identité et de la construction européenne. L’enjeu de ces Européennes repose sur la capacité de la droite à réussir son unité pour repousser Emmanuel Macron vers la gauche. Reste à savoir si elle réussira ou si elle s’embourbera dans des sujets subalternes qui ne seront pas les sujets centraux de la campagne.
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