Jamel Debbouze de retour sur Canal+ : France Inter lui demande des comptes

Capture d'écran X
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Le 22 avril, sur Canal+, une nouvelle sitcom arrive : Terminal, avec Jamel Debbouze en co-réalisateur et acteur. Un retour aux sources, plus de vingt ans après le succès de la série H aux côtés d’Éric et Ramzy. Mais le Canal « de Bolloré » n’est pas le Canal « d’avant », alors ça interpelle France Inter. Au micro, Sonia Devillers demande des comptes à Debbouze, avec le secret espoir qu’il crachote sur le patron de Canal+, C8 et... CNews.

Jusque-là, entre l’acteur et la journaliste, le duo a été parfait. Le grand air du « fameux mythe du black-blanc-beur », exécuté avec brio. Le FN était au plus bas, les caisses de l’État étaient pleines… C’est beau comme l’antique. Puis le vent de l’Histoire passe : 11 septembre 2001, Le Pen au second tour en 2002 - oui, les deux événements sont d’égale gravité, pour France Inter. Donc alors, le Canal de Bolloré ? « Vous vous êtes posé cette question-là ? » - autrement dit, votre conscience, M. Debbouze, ne vous empêche-t-elle pas de dormir ? Las, l’acteur relativise : des présidents, il y en a eu avant Bolloré, il y en aura après.

Sonia Devillers remet une pièce dans la machine à intimider : « Donc, rien à cirer, c’est pas votre problème ? » « Je vois tout à fait où vous voulez en venir, répond Jamel, mais nous… on est des troubadours, on arrive sur un plateau, on fait notre travail, on espère que cela touchera le plus grand nombre et on rentre chez nous. » Sonia Devillers espérait un buzz, une sortie burlesque écornant Bolloré. Raté.

 

Quand Jamel expliquait la radicalisation des « jeunes »

 

La déception de Sonia Devillers est compréhensible. Fils d’immigrés marocains, ayant grandi à Trappes, bouffon beur préféré des Français, Debbouze est un enfant du système. Il a été continûment du côté du manche de l’antiracisme. Il a créé la version communautaire du Petit Théâtre de Bouvard, le Jamel Comedy Club. Il a porté l’étendard des banlieues.

Dans le genre, sa démonstration sur la radicalisation des « jeunes » est un modèle. En mai 2003, un attentat islamiste vient de frapper le Maroc. Thierry Ardisson interroge Debbouze sur la tentation terroriste en France. À l’époque, c’est encore un sujet marginal. Un terroriste, pour Jamel, « c’est d’abord un frustré, c’est quelqu’un qu’on n’écoute pas, c’est quelqu’un qu’on rejette, c’est quelqu’un qu’on méprise. Ça doit être quelqu’un de profondément meurtri, je crois, pour pouvoir en arriver là. » La radicalisation expliquée par le racisme systémique de la France. Même la politique de la ville, si coûteuse à la France, donc aux Français imposés, est décrite par Debbouze comme stigmatisante avec ses ZEP, ZUP, ZFU.

 

« Si la France était raciste… »

 

Mais Jamel Debbouze - Sonia Devillers semble l’avoir oublié - ne donne pas toujours aux médias ce qu’ils attendent. En 2012, le JDD lui demande si les électeurs du FN sont xénophobes. Réponse : « Un mec qui vote Front national, c’est un communiste au chômage qui s’est fait cambrioler deux fois d’affilée. » En juin 2022, il n’appelle pas à faire barrage à Marine. « Si la France était raciste, cela ferait belle lurette qu’on serait tous dehors », explique-t-il au Monde, se montrant même capable de gratitude à l'égard des Français : « On est très reconnaissants de ce que vous avez fait pour nous, vous nous avez éduqués, soignés, faites-nous confiance. »

Rassurons France Inter, Debbouze n’est pas devenu lepéniste ni zemmourien. Mais il n’a pas voulu scier la branchette professionnelle sur laquelle il est assis. Le côté policier de la question réitérée par Sonia Devillers l’a peut-être agacé. Comme il le lui a dit : « Je vois tout à fait où vous voulez en venir. » C’est le problème des journalistes de gauche : ils sont prévisibles.

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

24 commentaires

  1. Intelligent, ce Debbouze. Mais pas au point d’impressionner ceux qui ne se posent plus de questions quant à son opportunisme, ou l’origine de son accident…

  2. Sonia Devillers n’aurait pas dépareillée dans un tribunal révolutionnaire comme chez les Viet Cong, en URSS en Corée du nord etc … en tant que commissaire politique; même ton, pas de possibilité de réponse, une avalanche de mots pour perturber… elle a du prendre des cours.

  3. Ce n’est pas mon « Idole » mais je dois reconnaitre qu’il a bien résisté aux assauts de cette commissaire du peuple et que les réponses étaient adaptées

    • Figure obligée, l’argent n’a pas d’odeur comme chacun le sait.
      Ne rêvons pas, ce n’est qu’une attitude de circonstance…

  4. Debouzze m’indiffère, mais son habile repartie a l’exécrable Sonia Devillers m’a plu. L’une des figures de proue de France Inter n’arrive pas à obtenir ce qu’elle veut d’un ancien complice, c’est au moins agréable.

  5. Encore un bobo de gauche pour qui l’argent n’a pas d’odeur. Nous dira t’il un jour d’où vient son handicap au niveau du bras : a t’il été agressé par des blancs donc victime d’un acte raciste ?
    De toute façon, dès qu’il apparaît sur un écran, je zappe comme lorsque l’on voit apparaître machiavel. Et je trouve que ça arrive trop souvent ces derniers temps.

    • Une prise de risque positive : si ces propos de Debbouze sont aussi sincères que son regard est malicieux et énigmatique, peut-être pourrions-nous lui accorder un « merci pour votre merci, n’hésitez pas à suggérer à certains de vos congénères qu’il y réfléchissent et vous imitent avant de nous cracher dessus et de sortir leurs couteaux » ?! Qu’en pensez-vous ?

  6. Jamel Debouzze n’a pas sa place dans ses émissions , il devrait être traité comme Bernard Cantat.

  7. Il est habile Jamel. Il a de suite flairé le piège. Il s’en sort bien. Il faut tout de même être gonflé pour poser de telles questions ! Le soit-disant service public ne représente qu’une petite partie de tous les contribuables…

  8. Tant il est vrai qu’il a du mal à se justifier car penchant du côté de la gauche progressiste (voir plus) , lui se désavouant en présentant une émission sur un plateau de télé détenu par le  » Satan du monde des privilégiés  » ; mais pour ce monde là l’argent n’a pas d’odeur , c’est le lot de tous ces bobos gauchistes.

  9. France Inter la nouvelle inquisition… bientôt des tribunaux du bien penser…. Avec un Torquemada en robe rouge avec autodafé des œuvres impures, des tortures pour interroger et pourquoi pas des bûchers pour brûler les irréductibles ???

  10. Troubadour, demandez un père du jeune qu il a pousser sous les rails , s il le trouve marrant le trobabadour

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