La France au premier rang européen de la consommation de cannabis. Pourquoi ?

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Pourquoi les Français, parmi les populations des 28 États membres de l’Union européenne, sont-ils les champions incontestés de la consommation de cannabis, avec un nombre de « consommateurs réguliers » de 1.500.000 et d’usagers quotidiens de 700.000. Le taux d’expérimentation à l’âge adulte est de 45 % de la population, alors qu’il était de 33 % en l’an 2000 (chiffres de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies).

Ces chiffres énormes, s’agissant d’une drogue illicite, résultent des effets conjugués :

- De nos longues frontières maritimes (5.800 km) et terrestres (2.900 km) ainsi que de notre appartenance à l’espace Schengen, où règne la libre circulation des biens et des personnes (dont les drogues et leurs mules), facilitant l’entrée de cette drogue exogène, à 90 % marocaine.

- De son prix qui, malgré les importants bénéfices réalisés par les trafiquants et les rémunérations servies à plus de 200.000 dealers, est d’un niveau modique (≈ 6 € le gramme).

- D’une production autochtone, facilitée par des cultures hydroponiques, en appartement. Les « grow shops » vendant librement les matériels dédiés à cette culture : lampe à vapeur de sodium, thermostats, programmateurs de cycles jour-nuit, vaporisateurs d’eau…) ; ce qui est complété par l’achat sur le Net de graines de cannabis livrées à domicile par La Poste.

- Des familles désunies ou monoparentales ; l’absence ou la démission des pères ; une grande prise de distance des parents d’avec leur progéniture ; un argent de poche prodigué d’une façon inconsidérée, comme pour compenser des carences éducatives ; la perte de l’exemplarité (avec un nombre croissant de parents consommateurs) .

- De l’impéritie des politiques, qui n’ont pas su ou voulu contenir une immigration non ajustée à nos capacités d’accueil ; et qui ont cru acheter la paix dans les cités en y laissant se développer l’économie souterraine du cannabis (et d’autres drogues).

- De « l’interdiction d’interdire » héritée des errements de la féria de Mai 1968 qui, survenant à l’âge d’une grande vulnérabilité psychologique, a marqué une part importante de cette génération.

- De médias sous la coupe de journalistes souvent consommateurs qui feignent d’ignorer, pour ne pas les restituer, les méfaits multiples de cette drogue ; qui multiplient les messages banalisants ; qui entretiennent une confusion délibérée entre des potentialités thérapeutiques (très largement à démontrer) et l’usage dit récréatif, faisant du cannabis « une drogue bonne pour tout et donc bonne pour tous ».

- Par une loi répressive, très dissuasive, puisqu’elle permet de condamner à une année de prison ou à 3.500 € d’amende un consommateur. La Justice en a annihilé les effets, par un usage « en tout ou rien » ; répugnant au « tout », qui est essentiellement un moyen de dissuasion, elle a systématisé le « rien », classant sans suite le délit constaté et se privant d’user des différents degrés intermédiaires ; sans oublier les récentes dispositions qui limitent la dissuasion à une simple amende de 200 €, en solde de tout compte.

- Par l’absence d’information de nos jeunes sur cette drogue ; ce qu’a épinglé récemment l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies ; leurs parents et leurs éducateurs n’ayant, non plus, bénéficié d’informations à leur âge, comment les transmettraient-ils ?

- Des addictologues à contre-emploi, souvent incapables d’affranchir du cannabis leur patientèle, n’ont rien de mieux à suggérer qu’un accès facilité à cette drogue.

- D’énormes intérêts sont en jeu et une légalisation apporterait à quelques-uns des revenus considérables. Des lobbyistes démarchent députés et sénateurs pour les inciter à cette légalisation. En attendant, ils ont missionné des émissaires qui préparent « le marché », en recrutant de nouveaux « accros » au cannabis.

Mélangez ces ingrédients, mettez au feu doux de la désinformation et vous avez la recette des performances françaises au critérium des plus grands fumeurs européens de cannabis.

Jean Costentin
Jean Costentin
Docteur en médecine

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