Le 5 mai 2002, Chirac était réélu face à Le Pen : une élection fondatrice

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On peut dire, sans en rajouter, que chacun se souvient de ce qu’il faisait, le 21 avril 2002 (comme le 11 septembre 2001, d’ailleurs). Ça n’a pas grand intérêt, mais l’auteur de ces lignes s’apprêtait, par exemple, à prendre un avion pour Saint-Pétersbourg : c’était l’époque où on avait le droit d’aller visiter la Russie - parenthèse bénie entre la chute de l’URSS et l’invasion de la Crimée. Bref, le 21 avril 2002, coup de tonnerre : deuxième tour Chirac – Le Pen, l’un séparé de l’autre par trois points. Jospin, face aux larmes et aux mines abasourdies des socialistes, était sorti contre toute attente. « J’assume l’entière responsabilité de cette défaite et j’en tire les conséquences en me retirant définitivement de la vie politique » : de la part d’un trotskiste protestant, cette noble et austère déclaration aurait pourtant eu sa place parmi les citations de l’Ancien Régime catholique et monarchique. Les circonstances révèlent les caractères : l’ermite des Portes-en-Ré ne sortit plus jamais de sa retraite.

Quinze jours plus tard, le 5 mai 2002 donc, c’était un sacré bordel. Depuis deux semaines, les lycéens, chauffés à blanc par leurs profs, se prenaient pour Jean Moulin et glapissaient dans les rues. Les chanteurs et les artistes en faisaient des tonnes eux aussi (réécouter, par exemple, pour rigoler, la chanson de Saez, Fils de France…) ; à la télé, on avait la mine grave. On jouait à se faire peur, car évidemment, Chirac allait être réélu. Il refusa de débattre avec Le Pen parce que Le Pen, c’était le méchant : plutôt habile, car il se serait probablement fait laminer par le Menhir. Celui-ci, d’ailleurs, tout surpris d’être en finale, n’y croyait pas vraiment. Il n’était pas prêt. Chirac, « Super Menteur » selon les Guignols de l’info, se rendit dans une cité « sensible » où des gamins lui crachèrent dessus. Pour la première fois, face caméra, la France (dérisoirement incarnée par un Chirac au bout du scotch, qui déclarerait bientôt un début de maladie) se rendait compte qu’elle avait accueilli sur son sol des millions de gens qui la détestaient. Chirac fut réélu avec 82 % des voix, dans un mélodrame républicain aussi sirupeux que ridicule. Et Le Pen, diabolus ex machina bien commode, retourna dans la marginalité.

Vingt-deux ans ont passé. La gauche n’a pas ouvert les yeux. La droite est morte de sa propre faiblesse. Il reste un bloc central attrape-tout, représenté par Macron et ses petits stagiaires interchangeables. Et puis, évidemment, il y a le RN, ex-FN, désormais aux portes du pouvoir. Des portes bien gardées, on le sait, puisque le Conseil constitutionnel est en embuscade, comme d’habitude, pour empêcher les Français de décider, mais enfin, Marine n’a tout de même jamais été aussi proche de l’Élysée ou, tout du moins, « dans une position aussi favorable », comme le soulignait hier soir, au micro de BV, le politologue Arnaud Benedetti.

Cette élection était fondatrice à plusieurs titres. Elle a d’abord montré que les Français en avaient marre de l’immigration, de l’escroquerie, du laxisme, même si on s’est empressé de les faire culpabiliser. Elle a aussi montré que le FN n’était pas prêt et que, si les patriotes voulaient gagner, ils avaient plutôt intérêt à cesser les punchlines de fin de banquet. « On n’est pas là pour se faire plaisir », répète aujourd'hui, aux députés RN, le brillant secrétaire général du groupe, Renaud Labaye : 2002 était à ce titre la dernière « campagne plaisir » de la droite nationale. Elle a enfin signé la mort de la gauche ouvrière et l’avènement de la ligne Terra Nova, idolâtre des minorités.

En 2002, Jordan Bardella avait sept ans, Mélenchon était déjà sénateur, Emmanuel Macron venait de réussir l’ENA et la France souffrait déjà des mêmes maux. Revenons en arrière : on s’apercevra que tout était déjà là. Quousque tandem

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Je me souviendrai toujours de l’article à la UNE du »Parisien ».Emphasé,ridicule,après la victoire à la Pyrrhus de Jacques Chirac.
    « LA FRANCE A GAGNÉ »! Le droit de mourir…

  2. Souvenir personnel : je voulais donner une procuration à un copain pour le 2ème tour, devant être à l’étranger à ce moment. Le copain renonce : il fallait aller tous les deux ensemble à la mairie remplir la procuration devant l’employé municipal, avec nos cartes d’identité. Au retour, des copines se vantent : « Nous avons fait barrage au FN avec les procurations de nos jeunes. C’était facile : il suffisant d’aller chercher le formulaire à la mairie, de le remplir chez soi et de le rapporter déjà signé ». AUCUN CONTROLE, donc. Conclusion ? Deux poids, deux mesures… et deux applications très différentes de la Loi ?

  3. Le Francais a l’art et la maniere de choisir toujours le pire pour son avenir et son bonheur depuis le jour ou il a renvoyer définitivement Charles De Gaulle écrire ses mémoires a Colombey. La transition sournoise c´est faite sous Pompidou, ensuite sont arrive les fossoyeurs mauvaise pioche, Giscard, Mitterand, chirac, Sarkozy, Hollande et le dernier a fermer le cercueil avec les clous de Washington, l´euro-fanatique Macron.

  4.  » La droite est morte de sa propre faiblesse. » La droite est morte de ses propres trahisons successives.

  5. J’ avais voté Chirac …comme tout le monde…je l ‘ai toujours regretté !!…j ‘aurais du aller à la pêche….cela n ‘aurait rien changé…résultat : on a eu cinq ans de roi Dagobert !!

    • 2002 – Je me souviens de Chirac paradant. Rétrospectivement, il n’y avait vraiment pas de quoi.

      Le Pen élu, que de misères nous auraient été épargnées.
      Les imbéciles qui me disaient avoir peur de moi car je votais JMLP ont-elles seulement compris leur erreur ? J’en doute.
      En 2024, n’étant pas certaine que la fille vaille le père, je me tourne vers un autre parti, patriote et déterminé.

      • Vous avez tort Ralphe,le père n’était pas prêt et ne le souhaitait même pas n’ayant pas une équipe sur qui compter;Marine se prépare depuis longtemps ,son équipe est solide comme un roc et le président de cette équipe plus encore. Vous pouvez voter en toute sécurité

  6. La veille de l’ élection Strauss khan socialiste appelait à voter Chirac. Ce fut la véritable chienlit comme le disait le général De Gaulle. Rien n’ a changé sauf la France.

  7. Fort de ses 82 % de réussite à cette élection, Jacques Chirac en a oublié le front républicain qui l’a élu. Aucun ministre d’ouverture dans son premier gouvernement. Ce fut sa manière de remercier le peuple. Quel ingrat !

  8. Question laxisme on peut vraiment dire qu’avec Chirac on a été servi…C’est comme Macron = On l’avait pourtant déjà supporté une mandature.

  9. Si la confrontation avait eu lieu sur les écrans de TV, il eût été facile au Menhir de montrer comment le Regroupement Familial allait conduire à la conquête de notre pays par le ventre des femmes musulmanes.

  10. Oui c’est fou que les gens ne comprennent toujours pas au bout de tant d’années

  11. Je ne peux même pas décrire ma joie en voyant Monsieur Jean Marie Le Pen au deuxième tour face à chirac. Chirac n’ pas eu le courage de débattre avec monsieur Le Pen sachant qu’il aurait été massacré dès les premières minutes. Sa lacheté n’avait d’égal que son incompétence notoire, et son manque de culture face à Monsieur Le Pen, homme très cultivé et d’une autre stature. Longue vie à vous Monsieur Le Pen.

    • Votre joie n’a eu d’égale que la mienne, même si hélas, elle a été de courte durée !

  12. Ce dont je me souviens parfaitement c’est que J-M Lepen avait raison dans ses propos et nous avaient prévenu . Sauf que l’opposition l’a tellement diabolisé , a fait peur aux français qu’ils n’ont pas osé voter pour lui . Aujourd’hui nous avons Maréchal et Zemmour qui sont les dignes héritiers de J-M Lepen ne ratons pas l’occasion de sauver ce pays avec eux . Marine Lepen n’est pas digne de confiance et déjà trop complotiste avec Macron et l’UE et ne leur fait pas peur c’est pourquoi ils nous focalisent sur elle et se gardent bien de parler de reconquête qui sont de vrais adverasaires et qui leur font peur .

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