Le Blanquer de l’Intérieur est arrivé et s’appelle… Castaner

Tout ça pour ça ! C’est ce qu’inspire la nomination de Christophe Castaner au ministère de l’Intérieur. Un mois que la France n’a plus de ministre place Beauvau : un record sous la Ve République. Un mois ? Oui, un mois et peut-être plus, d’ailleurs, puisque, si la démission définitive de Gérard Collomb date du 3 octobre, il y avait bien longtemps qu’il semblait avoir résilié sa charge. Le 18 septembre, un mois tout juste, il annonçait qu’il quitterait le gouvernement après les élections européennes. Autant dire que le « Premier des Marcheurs » traînait les pieds et avait la tête entre Rhône et Saône.

Donc, Christophe Castaner. Et là, on ne comprend plus rien. La semaine dernière, on nous expliquait que les choses devaient se faire de façon professionnelle et qu’il fallait prendre son temps pour sélectionner the right man at the right place, comme dans les meilleures entreprises. La chasse au mouton à cinq pattes était ouverte. Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, estimait même la semaine dernière qu’il fallait un "Blanquer de l’Intérieur". Il est vrai que Castaner rime avec Blanquer. Un inventaire à la Prévert s’égrainait jour après jour dans la presse et l’on avait même évoqué la menace dudit Castaner de démissionner s’il n’obtenait pas le poste. Celui qui aurait pu virer voyou dans sa jeunesse, selon ses propres aveux, devient donc premier flic de France ! La Macronie nous épatera toujours.

Il sera tout de même flanqué d’un spécialiste de la sécurité, Laurent Nuñez, qui était directeur général de la Sécurité intérieure (DGSI) depuis juin 2017. Ce haut fonctionnaire, issu de la méritocratie républicaine, fut nommé en mars 2015 préfet de police à Marseille avec, pour objectif, de faire baisser les règlements de comptes liés à la drogue. En septembre 2016, avec une vingtaine d’homicides au compteur, La Provence titrait : "Règlements de comptes : 2016, déjà une année infernale..."

Christophe Castaner obtient donc un portefeuille régalien. La marche est haute. Jusqu’alors, il était secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement, c’est-à-dire un ministère sans administration à diriger (c’est lui-même qui l’a reconnu lors de la passation de pouvoir avec son successeur, le MoDem Marc Fesneau), il n’a pas dirigé une grande collectivité (Forcalquier, certes magnifique commune des Alpes-de-Haute-Provence, ne compte que 5.000 habitants). Mais il a la confiance du Président ! Castaner, le Poniatowski de Macron ? N’exagérons pas !

Mais dans ce remaniement, il n’y a pas que Castaner. On notera que Franck Riester, ancien LR, a achevé sa mue en accédant à la Culture en remplacement de Françoise Nyssen qui, bien qu’issue du monde de l’édition, n’a pas réussi à imprimer à ce poste éminent en France. Cet ancien concessionnaire automobile, qui fut l’un des premiers hommes politiques « de droite » à révéler son homosexualité, possède sans doute toutes les qualités pour s’asseoir au bureau d’André Malraux, Maurice Druon et Jack Lang. Jacqueline Gourault, du MoDem, accède à un vrai portefeuille avec la Cohésion des territoires. Cette élue de terrain a du pain sur la planche pour recréer, pour ne pas dire créer, la cohésion entre la France provinciale et la France d'en haut incarnée par Emmanuel Macron. François Bayrou, du fond de sa mairie de Pau, peut être satisfait.

Enfin, Marlène Schiappa (nous sommes rassurés) conserve son secrétariat d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes mais prend, en quelque sorte, du galon en se voyant confier la "lutte contre les discriminations". Des tweets magiques en perspective qui feront sans doute nos délices.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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