Le coût de la crise : et si on ne s’en remettait pas ?
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Pendant qu’on spécule sur les itinéraires des manifestations de gilets jaunes et qu’on suppute sur les manipulations de l’opinion et la provocation de certains candidats au martyre, la nation fait ses comptes. Et dans un État en faillite, l’économie du commerçant et de l’artisan moyen pourrait bien ne pas se relever de la crise qui s’éternise.
Les chiffres tombent. Ils sont plus qu’alarmants. En huit semaines, l’activité économique du pays en a pris un grand coup dans le buffet, si je puis m’autoriser l’expression. On estime, en ce lundi 7 janvier, que "plus de quatre millions d’heures de travail ont été perdues depuis le début du mouvement des “gilets jaunes”", dit-on au ministère du Travail.
Je sais bien qu’évoquer cette source la rend d’emblée suspecte pour certains, mais je pense qu’on est proche de la vérité. Ainsi, 58.000 personnes sont actuellement et très officiellement en chômage partiel, lequel est très souvent l’antichambre du chômage total. Dans ce dispositif qui permet aux entreprises de suspendre ou réduire l’activité de leurs salariés, l’État – c’est-à-dire vous et moi, il faut le rappeler avec insistance – prend en charge une partie du salaire. Le salarié, lui, ne touche que 70 % de sa rémunération habituelle.
Faut-il préciser que les salariés actuellement dans cette situation ne sont pas les plus aisés ?
Ainsi en est-il, par exemple, des chauffeurs routiers. La Fédération nationale des transports routiers estimait, la semaine passée, que sa perte d’exploitation dépassait les deux milliards d’euros. Nombre d’entreprises dont les camions ont été bloqués et empêchés d’effectuer leurs livraisons sont au bord du dépôt de bilan.
Idem pour de nombreux commerçants et artisans dont le chiffre d’affaires de décembre s’est envolé en fumée au milieu des manifs.
Selon la Banque de France – autre source qu’on jugera évidemment suspecte –, "tout compris, la facture pour cinq semaines de mouvement des “gilets jaunes” s'élèverait déjà à 4,4 milliards d'euros". On en est à huit semaines et ce n’est pas fini…
À la crise intérieure s’ajoute l’image désastreuse d’un pays secoué par les dépressions saisonnières. On l’a déjà oublié sans doute, mais la grève perlée qui a touché la SNCF durant trois mois, au printemps 2018, a coûté 790 millions d’euros à l’entreprise. Celle d’Air France, d’une durée de quinze jours, a crevé le plafond des 400 millions. Pour ceux-là, employés du rail ou rois du ciel que l’État – c’est-à-dire nous, une fois encore – perfuse et entretient, d’autres, infiniment plus nombreux, n’ont que leurs propres forces pour se maintenir à flot. Le véritable poumon économique du pays, ce sont les PME et les TPE. Les petites et très petites entreprises. Celles, naissantes, où le "salaud de patron" ne dégage même pas assez pour se verser un salaire et n’a pourtant d’autre solution que de se retrousser les manches pour survivre. Ce sont tous ceux-là qui vont crever.
La faute aux gilets jaunes ? Non, bien sûr. La faute à un système à bout de souffle où – désolée de le dire, mais Macron avait raison – on balance "un pognon de dingue" dans la nature pour aucun résultat.
À quoi, à qui sert-il, ce pognon ? Où va-t-il ?
Seule certitude : ce n’est pas en privant les smicards de leur boulot et en gonflant les rangs des chômeurs qu’on va régler le problème.
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