Le fascisme qui pue : tout de suite les grands maux !

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On est bien d’accord : l’incendie de la résidence secondaire de Richard Ferrand est une honte. On en serait donc là, aujourd’hui, dans ce pays. Toute la classe politique, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, a apporté son soutien au président de l’Assemblée nationale. Entre nous (et entre parenthèses), on ne se souvient pas de la même unanimité lorsque le domicile parisien de Jean-Marie Le Pen, en 1976, fut soufflé par une bombe. En tout cas, Richard Ferrand a eu sans doute raison de se montrer inquiet à l’idée que sa compagne et ses filles auraient pu se trouver dans la maison au moment de la commission des faits. Toujours entre nous (et entre parenthèses), en 1976, les filles de Jean-Marie Le Pen étaient présentes dans l’appartement au moment de l’attentat…

Cela dit, à peine avait-on eu connaissance de cet incendie que les coupables, non pas au plan pénal, évidemment, mais moral, étaient connus : les gilets jaunes. Les gilets jaunes : cette espèce d’expression désormais valise bien pratique, même si l’on prend les précautions oratoires de différencier les vrais des faux, les gentils des méchants, les modérés des extrémistes, les raisonnables des fous, ceux de la première heure de ceux de la vingt-cinquième heure, etc. Les gilets jaunes ou plutôt le mouvement des gilets jaunes. C’est ainsi que, dimanche, sur BFM TV, le jeune secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, n’a pas hésité à faire un lien entre cet incendie criminel et le mouvement des gilets jaunes : "Ce qui est sûr, c’est que ce mouvement et les violences, elles [sic] ont libéré des actions, des paroles, des menaces fascistes qui puent, faut le dire…" Évoquant les menaces inacceptables qu’ont reçues une soixantaine de parlementaires, le jeune ministre parle d'un "un climat nauséabond". "Et donc, oui, je fais un lien entre les deux, parce que, sans doute, cette parole et ces actions, elles ont été libérées par ces violences." Ces explications tiennent probablement la route? mais peut-être mériteraient-elles d’être poussées plus loin : pourquoi autant de paroles violentes se sont-elles ainsi libérées depuis des mois, sur le chef de l’État mais aussi sur son épouse ? Comme jamais, peut-être, depuis les libelles obscènes qui se vendaient sous le manteau dans les années qui précédèrent la Révolution ? Pourquoi tant de haine ?

Alors, évidemment, il est facile de sortir cet autre mot-valise, bien commode : "fascisme". Tout de suite les grands maux, c’est tellement facile ! Gabriel Attal, ancien du Parti socialiste, connaît ses classiques. Pourtant, il est un mal, sans doute plus dangereux qu’un hypothétique fascisme, forcément rampant. Un mal menace effectivement le pays. Ouvrez la télé à certaines heures de grande écoute pour vous en convaincre ! Il menace à droite, à gauche, au centre, partout, chez notre voisin et même en chacun de nous. La bêtise. Or, pas une seconde on n'a entendu dans la bouche d’un commentateur, d’un politique, que la bêtise humaine (pardon pour le pléonasme) pourrait être la cause de cet incendie. Il est vrai qu’en partant en guerre contre des moulins à vent, on est à peu près certain de l’emporter à tous les coups. En revanche, contre la bêtise, d’autant qu’elle peut largement s’insinuer dans son propre camp, rien n’est gagné d’avance. La bêtise ? Il y en a même qui disent la connerie…

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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