Londres : une criminalité qui se répand comme une traînée de poudre
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La police de proximité "made in Grande-Bretagne" aurait-elle vécu ? Et l'image du bobby londonien, à la fois grand frère et éducateur de rue, aurait-elle du plomb dans l'aile ? C'est ce que l'on est en droit de croire après les dernières révélations du Sunday Times. En effet, selon le journal britannique, le nombre de meurtres commis à Londres en février et en mars derniers - respectivement 15 et 22 - dépasserait celui enregistré à New York sur les deux mois considérés (14 et 21). Certes, le cumul depuis le début de l'année laisserait encore une courte avance à la cité américaine, mais la capitale britannique semble bien en voie de battre un triste record.
Par ailleurs, selon la police londonienne, sur les 46 meurtres commis à Londres depuis le 1er janvier de cette année, 31 sont attribuables à des agressions à l'arme blanche. Cette information vient corroborer les chiffres de 2017, selon lesquels, sur les 134 personnes tuées à Londres (y compris les victimes d'attentats), 80 avaient été poignardées, soit 59,7 % des attaques mortelles. Ces chiffres, déjà fort inquiétants et porteurs de nombreuses questions, viennent s'inscrire dans un contexte général lui-même lourd de significations. Ce sont, en effet, pas moins de 12.100 agressions au couteau, ayant fait plus de 4.400 blessés, qui se sont produites entre avril 2016 et mars 2017 dans la capitale britannique. Des statistiques au plus haut depuis cinq ans !
Une autre information relayée par la presse britannique est également révélatrice de l'insécurité qui s'installe au coeur de la perfide Albion. Si le nombre des homicides a chuté de 87 % à New York depuis 1990, il a crû de 40 % à Londres au cours des trois dernières années. Il n'y a, bien entendu, aucune raison de s'en réjouir. Au contraire. Cependant, quelle ironie du sort ! Depuis des décennies, la police britannique ne cesse, surtout en France, d'être montrée comme le modèle abouti de ce qu'il convenait de faire en matière de sécurité publique. Le bobby britannique, policier sans arme patrouillant dans le cadre du Neighbourhood Policing (littéralement la police de voisinage), a été, en particulier à partir de 1981, l'objet de toutes les convoitises d'une cohorte de sociologues et autres criminologues, fraîchement débarquée avec le nouveau pouvoir socialiste. Il fallait, en effet, mettre un terme à cette police d'ordre si bien incarnée par une droite brutale et réactionnaire. Le débat n'est d'ailleurs pas clos, le projet de "nouvelle police de proximité" de Macron et Collomb, malgré les hécatombes dues aux attentats, n'ayant toujours pas été tranché. Bien entendu, la France, avec ses 825 homicides en 2017, n'a pas de leçons à donner. Et les policiers savent combien ces chiffres peuvent être porteurs des contradictions les plus marquées et, surtout, qu'ils sont aléatoires. Il n'en demeure pas moins qu'il apparaît que, loin d'être la panacée, le modèle policier anglo-saxon n'est en rien porteur de LA solution aux problèmes actuels posés à notre société par la criminalité. Et que même si la violence, grâce à un travail de fond des forces de l'ordre, semble être contenue, elle connaît des pics dont les attentats et les règlements de comptes au cœur de certains de nos quartiers ne sont que les parties les plus visibles et les plus spectaculaires.
Londres, capitale cosmopolite s'il en est, est en train de faire la triste expérience d'une criminalité qui se répand comme une traînée de poudre. Elle paye certainement le prix d'une vision angélique de la sécurité et de l'intégration. Gardons-nous de suivre le même chemin.
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