Macron, patron de la presse aux ordres
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Le sommet de Versailles fera date dans l'histoire du journalisme. On y a vu un Président tout juste élu devenir président de la commission d'attribution de la carte de presse et décider, souverainement, comme le roi des médias qu'il est devenu, qui pouvait être ou ne pas être journaliste.
Répondant à la question d'un journaliste de Russia Today France qui s'étonnait que ses journalistes aient été systématiquement refoulés de son quartier général de campagne, François Macron, devant un Poutine impassible, a répondu majestueusement, comme cela va être son habitude :
Quand des organes de presse répandent des contre-vérités infamantes, ce ne sont plus des journalistes. Ce sont des organes d'influence. Russia Today et Sputnik ont été des organes d'influence durant cette campagne qui ont, à plusieurs reprises, produit des contre-vérités sur ma personne et ma campagne.
(Notez, au passage, qu'il parle de "Sa Personne" comme un Louis XIV aurait pu le faire, se sentant sans doute chez lui dans ce somptueux salon des Batailles.)
Puis, confirmant qu'il leur avait interdit l'accès à son QG, Emmanuel Macron a poursuivi : "Des contre-vérités graves ont été répandues par RT et Sputnik dans le cadre d'une campagne démocratique, et à cela, je ne céderai rien", a-t-il souligné en fronçant son sourcil droit.
Ainsi, donc, devant la presse internationale, le Président est descendu dans l’arène pour affirmer, façon Kim Jong-un, que désormais, c'est lui qui décidera qui raconte ou pas des sornettes et qui, en conséquence, pourra ou ne pourra pas recevoir sa carte de presse tricolore.
Notre jeune Président manque de mémoire ou de reconnaissance, ou des deux, car comment est-il parvenu aussi rapidement à l’Élysée, si ce n'est avec l'aide des organes d'influence que sont l'ensemble des médias et des journalistes « professionnels », comme il les désigne ? Si le candidat d'En Marche ! n'avait pas fait des centaines de couvertures, des titres flatteurs comme jamais, des éditoriaux dithyrambiques, comment aurait-il pu influencer le jugement de millions d'électeurs, convaincus par les arguments de ces « agents d'influence » que nos journalistes sont devenus dans ce monde de l'instantanéité de l'information ?
Margarita Simonian, rédactrice en chef de RT, a répondu : "Selon la logique du Président Macron, il faut chasser de Russie tous les médias occidentaux qui sont toujours contre Poutine et cherchent ainsi à intervenir dans nos élections." De son côté, la twittosphère s'est empressée de réagir aux propos de Versailles et la plupart des internautes ont souligné que « c'est l’hôpital qui se fout de la charité », d'autres ont trouvé les propos présidentiels très courageux. Des propos qui montrent, lorsque vous revoyez la séquence, un Président dont le visage n'arrêtait pas de passer d'une expression à une autre, des yeux qui roulaient dans leur orbite, le tout accompagné d'une gestuelle d'affirmation sans complexe. "C'est pas tous les jours qu'on ose dire devant Poutine des choses qui lui déplaisent", tweete le pseudo Emmanuel Foulon, ce à quoi lui répond par tweet Limougin Quentin en affichant la une de Libé : "Que penser de cette une qui nous impose de voter Macron ?" Un autre s'interroge : "Et la propagande médias pro-Macron, qui en parle ?" Kisaishi résume l'esprit de ceux qui, comme moi, pensent que le Président a outrepassé ses droits : "Venant de macron ça a un goût d'hypocrisie nauséabond, on en parle de nos média archi corrompus qui lui ont permis d'être élu ?"
Voilà qui nous donne l'impression que sa politique va être basée sur le "deux poids deux mesures". Une raison suffisante pour ne surtout pas lui donner la majorité à l'Assemblée. Seul moyen que nous ayons, nous, le petit peuple, de contrebalancer ce petit air de pouvoir absolu.
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