Moscou va livrer des S-300 à la Syrie
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Israël a-t-il fait le bombardement de trop ?
La semaine dernière, alors que quatre F-16 israéliens attaquaient des positions syriennes près de Lattaquié, la riposte syrienne avait entraîné la destruction d’un avion d’observation russe, un Iliouchine II-20, provoquant la mort de quinze militaires.
L’armée russe, furieuse, avait reproché à Israël de n’avoir prévenu de cette attaque qu’une minute avant les frappes, empêchant cet avion de se mettre à l’abri. Elle était même allée plus loin en accusant les pilotes israéliens de s’être mis à l’abri derrière l’Iliouchine, ce qui n’est pas avéré, et d’avoir indiqué de fausses coordonnées de position d’attaque. L’armée israélienne a protesté, disant qu’à aucun moment ses avions n’ont agi ainsi et que, lors de la riposte syrienne fatale, ses avions étaient déjà rentrés dans leur espace aérien. Ce n’est pas avéré non plus.
Poutine avait calmé le jeu, ne souhaitant pas une crise diplomatique avec Israël à un moment délicat du conflit syrien, lié au sort de la province d’Idleb occupée par les islamistes.
Le revirement est aujourd’hui spectaculaire et l’annonce, par le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, de la livraison de S-300 à la Syrie « sous deux semaines » est un vrai tournant.
Pour l’instant, l’armée syrienne est dotée de S-200, matériel relativement vétuste même s’il a permis la destruction en vol de nombreux missiles israéliens. Un accord entre la Syrie et la Russie en 2010 devait permettre la livraison de la nouvelle génération des armes antiaériennes russes, les S-300, à partir de 2013. À la demande pressante d’Israël, Poutine a renoncé à cette livraison, au grand dam de la Syrie, très déçue mais ne pouvant guère reprocher quoi que ce soit au sauveur russe.
Mais « la situation a changé et cela n’est pas de notre faute », a solennellement déclaré Sergueï Chouïgour. Ces S-300 permettront des ripostes d’une portée de 250 kilomètres et de frapper plusieurs cibles à la fois. De quoi « refroidir les têtes brûlées et empêcher les actes irréfléchis constituant une menace pour nos soldats », a-t-il conclu. Rarement un langage aussi dur n’a été employé contre Israël, même si le Kremlin, de son côté, a rappelé que cela ne visait aucun État en particulier. Voire.
La différence de ton entre l’armée et le Kremlin est sans doute la clé de ce revirement. Il semble probable que l’armée, n’acceptant plus de faire courir des risques inutiles à ses militaires, ait fait pression sur Poutine pour que ces S-300 soient livrés. Entre « les informations trompeuses d’Israël » dénoncées par la Défense et « une succession de circonstances tragiques » plaidée par le Kremlin, Poutine a choisi de combler ce hiatus inédit. Il a même choisi d’appeler en personne le président syrien Bachar el-Assad pour lui annoncer la bonne nouvelle.
Benyamin Netanyahou a vivement réagi, déclarant que « mettre des systèmes avancés entre des mains irresponsables augmenterait les dangers dans la région ».
La partie promet d’être serrée.
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