Nouvelle-Calédonie : un brasier politico-ethnique toujours actif

Capture d'écran X
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L’archipel français de l’Océan Pacifique sud est, depuis la nuit chaotique du 13 mai dernier, un brasier. Les violences qui secouent la Nouvelle-Calédonie, les plus graves survenues depuis « les évènements » des années 1980 qui avaient vu s’affronter les Caldoches et les Kanaks, se sont avivées, depuis le dimanche 23 juin. Incendies, destructions, pillages, barrages sauvages, bâtiments et biens publics saccagés, forces de l’ordre attaquées et visées par des tirs à balle réelle. Même les sapeurs-pompiers sont victimes de ces exactions d’une violence inouïe. Depuis mai, la violence a fait son nid dans cette bande de terre sous souveraineté française, à quelques 3.200 kilomètres de l’Australie.

L’arrestation, suivie de la mise en examen et de l’incarcération en métropole de sept militants indépendantistes, a de nouveau commotionné l’île ce dimanche 23 juin. Parmi eux, un certain Christian Tein, porte-parole de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT). L'organisation indépendantiste kanak, créée fin 2023 pour lutter contre le projet de dégel du corps électoral, est suspectée par le parquet de Nouméa d'être à l'origine des émeutes de mai dernier.

 

L'Etat français et les forces de l'ordre pris pour cible

 

 

A la suite de cette arrestation, un nouveau vent de vendetta s’est mis à souffler, embrasant Nouméa et sa périphérie. « C’est l’Intifada en Nouvelle-Calédonie » tweete le porte-parole national d'Alliance Police, Rudy Manna sur son compte X. Les scènes de guérilla se sont multipliées ces derniers jours. Fait nouveau : la « brousse » calédonienne, s’est, elle aussi, enflammée. Ainsi, à Poya, au centre de l’île, une dizaine de barrages sauvages a été posée sur la route principale, obligeant les gendarmes à utiliser des véhicules blindés, tandis que dans la région de Bourail, des tirs ont été échangés entre une famille caldoche d’éleveurs et des Kanaks s’étant introduits sur leur propriété, qu’ils ont fini par piller et incendier. A Dumbéa, deux bâtiments de la police municipale ont été dévorés par les flammes. Le dimanche 23 juin, à Saint-Louis, les gendarmes ont été de nouveau pris pour cible. Sur l’île de Maré, à Tadine, c’est la brigade de gendarmerie qui a été visée. C’est aussi un hélicoptère de l’armée française visé par balle par des indépendantistes ou encore des commerces en proie aux flammes, à Paita.

 

 

« Ce sont des groupes ultra-radicaux, ultra-violents et ultra-mobiles » explique une source du Figaro. « Il y a une volonté de couper tous les axes de circulation principaux permettant l’accès à Nouméa et ils s’en prennent aux points d’importance vitale » déclare Louis Le Franc, Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, ce 25 juin, au micro de Radio Rythme Bleu. A Nouméa, « 3  compagnies CRS, 32 escadrons de gendarmerie mobile, 160 gendarmes du GIGN et une quarantaine de policiers d’intervention spécialisée du RAID » sont mobilisés « jour et nuit » ajoute-t-il. Les émeutiers sont moins nombreux, mais, souligne le Haut-commissaire, il ne faut pas sous-estimer la « rage » qui a poussé ces insurgés « alcoolisés et sous l’emprise de stupéfiants » à « passer un cap dans la violence ». Les forces de l’ordre, elles, ont procédé à 1.512 interpellations depuis le déclenchement des émeutes, en mai dernier.

 

Les familles caldoches désemparées

 

Pour les habitants de la Grande Terre, pris en étau depuis plus d’un mois, dans cette île plongée au bord de la guerre civile, la situation est devenue intolérable. « Nous devons passer de l’Etat d’urgence à l’Etat de siège, avant qu’il ne soit trop tard » estime Marion Maréchal, sur Twitter, le 25 juin. Mais pour des centaines de familles caldoches, la décision de quitter définitivement le « Caillou » s’est imposée. Les habitants, usés, se sentent abandonnés par l'Etat français.

« Les Mélanésiens ne sont plus dans une volonté d’échange et de partage, ils ne veulent plus créer communauté » nous confie Caroline, infirmière installée en Nouvelle-Calédonie depuis deux ans. « Les valeurs de la France, telles que la fraternité, se sont perdues ». Mère de deux enfants, elle confie à BV que ses filles poursuivront leurs études sur l’Hexagone. La famille, confrontée à un « climat d’inquiétude et de peur » oppressant a pris acte : « On ne restera pas », affirme-t-elle, attristée.

Pour Marine Le Pen, le retour à l’ordre ne passera que par une solution politique : « Il faut retrouver le chemin d’un dialogue […]  L’objectif est de remettre tout le monde autour de la table : on ne peut pas envisager pour la Nouvelle-Calédonie un avenir « communauté contre communauté », a-t-elle déclaré ce 26 juin sur le plateau des 4 vérités de France 2. Un dialogue que « le gouvernement actuel n'est plus en mesure de le faire », selon elle.

Anna Morel
Anna Morel
Journaliste stagiaire. Master en relations internationales.

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Combien de jeunes drogués alcoolises violents font la loi en Calédonie? Car dans leurs familles, nombre de parents ont un travail, sont français et contents de l’être, inquiets de ne plus l’être et de perdre leur job. Ce qui est fait pour beaucoup. 1300 arrestations, immédiatement relachés? Quand on ne veut pas résoudre les problèmes, c’est comme en France en juillet dernier. On dira que ce sont des pauvres désœuvrés asociaux par la faute des autres! Un avatar du loup solitaire cher au monde politico médiatique français.

  2. Les indépendantistes tirent sur un hélicoptère de l’ARMÉE, cela me rappelle qu’en 1988 survolant la tribu de GOSSANAH à OUVÉA avec un détachement de la gendarmerie de NOUMÉA une balle de FAMAS ( qui avait été pris au détachement de gendarmes mobiles de la brigade) avait traversé de part en part la carlingue dans laquelle nous étions…….

  3. Et c’est Macron qui nous prédit la guerre civile ? Il serait temps qu’il se réveille et voit dans quel état il a mis la France !

  4. Pour avoir vécu sur le caillou, il faut accepter de vivre avec une société tribale, qui considère le blanc comme un parasite de passage.Ce système obscur est incompatible avec la société démocratique, totalement. Les jeunes générations de Kanak, dopé par la drogue, l’alcool, l’internet, tik tok et les sites porno se révoltent à présent contre, contre tout .. c’est le naufrage de la tribu et de la démocratie en même temps..Les anciens sont impuissants, les accords de Nouméa sont bien loin .. le temps long , les referendums truqués, les lois électorales manipulées témoignent de la faiblesse intrinsèque de notre démocratie rend l’avenir impossible à espérer.

  5. Une raison des émeutes est l’envoi de fonctionnaires surpayés (le primes d’éloignement étant ridicule de nos jours) au lieu de donner la priorité des emplois (ex de prof localement et ne pas faire concourir seulement les résidents et natifs au lieu de les intégrer au concours national. Cela couterait moins cher car ils doivent se rendre en France métro pour les passer, de remonter ls salaires des locaux au niveau de ceux des fonctionnaires métros qui agissent comme des coloniaux gavés et souvent jouant aux vacanciers.

  6. En Australie, Tasmanie, Nouvelle Zélande les Anglais ont massacré toutes ou presque toutes les populations locales. Ils sont donc tranquilles. En Nouvelle Calédonie les Français n’ont massacré personne. Résultat la Nouvelle Calédonie comporte de nos jours une population originelle qui représente plus de 40% de celle totale. Les Français installés depuis plus d’une génération autour de 20%. Il ne faut pas s’étonner si la population Canaque revendique son indépendance. C’est bien légitime.

    • Sans oublier que Rocard, sous les ordres de Mitterrand, a supprimé le droit de vote aux Blancs. Et quand il a fallu le rétablir, banzaï. On ne peut pas demander à des incendiaires d’éteindre leurs propres feux.

  7. Ce monsieur Macron avait trouvé une occasion de se divertir en alla faire un aller/retour en Nouvelle Calédonie. Les problèmes y restent entiers après son départ, sinon plus dramatiques. Il lui aurait suffit de dire aux forces de l’ordre de riposter lorsqu’elles sont attaquées. Ce qu’il n’a pas fait. Ce n’était pas sont problème !

  8. les FDO parties sécuriser la NC ne sont pas pretes de rentrer , des renforts sont meme arrives sur place tellement la situation est difficile. La fin de la NC avec celle de Macron ???

  9. La Nouvelle Calédonie préfigure, ce que pourrait devenir la France métropolitaine ,si on continue avec les mêmes, qui coulent la France depuis cinquante ans.

  10. On ne lâche rien ! Nos services savent très bien quelles sont les puissances étrangères derrière tout cela. Ce sont elles qui faut dénoncer et combattre et non pas cette poignée de sauvages. Pas un mot dans les médias. Renoncement et déliquescence de l’Etat.

  11. Macron préfère l’Ukraine et l’ UE et oui pour le reste il n’est plus capable , d’ailleurs l’a t’il jamais été . Vu l’état du pays je penses que non .

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