« Si on aime la France, si on se soucie de son avenir, on va voter dimanche ! »
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Robert Ménard appelle les électeurs à se mobiliser dimanche contre les candidats qui soutiennent le Président, son idéologie et la politique qu'il entend mener.
Les résultats du 1er tour des législatives témoignent, cependant, de la déception de l'électorat des Républicains comme du FN. La droite doit maintenant dépasser ses oppositions stériles et mortifères et se rassembler dans un grand parti conservateur, car "ne pas construire des alliances, c'est se suicider".
Après l'élection d'Emmanuel Macron, c'est le plébiscite d'En Marche! au moins pour les Français qui ont été voter, mais c'est surtout l'échec de la droite et du Front national. Quelle lecture faites-vous de cet échec ?
Ce que je constate dans ma ville - et je crois que je ne suis pas le seul maire à le constater -, c'est que les gens sont désabusés. D'une part, ils sortent fatigués, un peu écœurés de la politique et de ces combats qui ont duré plus d'une année entre les différentes primaires et la présidentielle. D'autre part, pour ce qui est des gens de notre sensibilité, ils sont un peu sonnés. Sonnés quand on est des Républicains par toutes les affaires autour de Fillon, tous les revirements aujourd'hui de leurs chefs de file dont on ne comprend plus rien de ce qu'ils veulent. Et puis, du côté du Front national, ils ont le sentiment d'être revenus cinq ans en arrière. Vous ajoutez tout cela et vous avez une espèce de déception, d'écœurement, d'abandon qui fait que les gens qui votent traditionnellement pour la droite, dans son ensemble, n'étaient pas présents dimanche dernier dans les isoloirs.
Quelle est, pour vous, la remise en question qui doit suivre ce nouvel échec ?
Pardon de me répéter de mois en mois et d'année en année : on ne peut pas gagner dans le système électoral français sans alliance. Ne pas construire d'alliances, c'est se suicider. C'est se suicider non seulement pour le Front national, qui va sortir étrillé de cette affaire, mais également, de la même façon, pour Les Républicains. Je le regrette pour l'un et pour l'autre. Il n'est pas possible qu'il y ait une poignée de députés du Front national alors que Marine Le Pen vient de faire plus de dix millions de voix et qu'il y ait quelques dizaines d'élus des Républicains alors qu'ils représentent un courant important de la vie politique de ce pays. Dans les conditions institutionnelles, compte tenu du mode de scrutin, la droite doit prendre conscience qu'il faut absolument qu'elle s'allie. Sur 90 % des questions, l'électorat du Front national et celui des Républicains pensent exactement la même chose. Soit elle prend acte de cela et elle sort du sectarisme et de l'imbécillité des divisions mortifères qu'elle connaît aujourd'hui, soit elle sera définitivement ringardisée et renvoyée en dehors du match.
Sur le Front national lui-même, nous avons vu que les questions économiques avaient été un gros blocage. Elles ont été extrêmement importantes pendant la campagne. Pensez-vous que c'est la question qui doit agiter le Front national de l'intérieur après ces élections ?
Il faut réguler un certain nombre de questions et c'est l'affaire du Front national. Je n'y suis pas, mais si on me demande mon avis (et un certain nombre de gens, au Front national, me le demandent), tant qu'ils n'auront pas définitivement tourné la page de cette idée stupide de la sortie de l'euro, tant qu'ils n'auront pas, sur les questions économiques, envisagé autre chose qu'un discours d'extrême gauche identique ou presque à celui de monsieur Mélenchon, tant qu'en termes d'alliance des liens n'auront pas été tissés avec d'autres partis, tant que le Front national ne reverra pas son mode de fonctionnement et une partie des gens qui l'incarnent, il ne s'en sortira pas et c'est la France qui ne s'en sortira pas. Il faut construire un grand parti conservateur. Cela inclut le Front national, mais ce n'est pas que le Front national.
Un dernier mot pour les électeurs. Les électeurs de droite ne se sont pas mobilisés et ceux du Front national peut-être encore moins. Est-ce qu'il est trop tard ou est-ce que, pour vous, dimanche peut être décisif sur un certain nombre de circonscriptions ?
Comment ne pas aller voter quand on a en face de nous des candidats qui soutiennent un président de la République qui a dit que la culture française n'existait pas, qui a dit de l'immigration que c'était une chance sociale, économique et culturelle, qui a dit de la présence française en Algérie que c'était un crime contre l'humanité, qui pense que les économies que l'on doit faire, on doit les faire sur les plus âgés, sur les retraités, et qui estime qu'une retraite à 1.200 euros fait de vous quelqu'un qu'on peut encore un peu plus saigner d'un point de vue des impôts.
Rien que pour ces quatre raisons-là, aujourd'hui, il faut absolument que la droite et l'électorat du Front national se mobilisent pour faire gagner les candidats qui font entendre un autre son de cloche dans un certain nombre de circonscriptions et, bien entendu, le plus grand nombre de circonscriptions possibles. On ne peut pas se contenter d'une Assemblée nationale, au palais Bourbon, d'une seule couleur politique. Ce n'est pas possible. Si on aime ce pays, si on aime ce peuple, si on se soucie de son avenir, on va voter dimanche !
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