Panique à bord !
Une croissance molle, un chômage qui demeure massif, une dépense et une dette publiques toujours en hausse, des résultats qui sont parmi les trois ou quatre plus mauvais en Europe, dans tous les domaines. Les "réformes" tant vantées, et commencées lorsque M. Macron épaulait M. Hollande, n'ont pas amélioré la compétitivité de notre économie, mais accentué notre déficit commercial, contracté le pouvoir d'achat et accru la peur du lendemain, qui est la pire des données économiques dans un pays dont le PIB dépend de la consommation beaucoup plus que de la production. Ce paysage sinistre est automnal, déjà, alors que l'alignement des étoiles - coût de l'énergie, taux d'intérêt et euro - disparaît du ciel.
Lorsqu'on a fait de l'économie la clef de tout, et que celle-ci s'enfonce, la panique s'empare du capitaine et de son équipage. On cherche un peu désespérément d'autres rivages : ce sera les élections européennes avec la guerre des "progressistes" contre les "nationalistes", sauf qu'entre un progrès qui ne progresse pas et un retour des nations qui protègent, beaucoup d'électeurs choisiront la protection des bons vieux États-nations où il fait mieux vivre. Un électeur français sur cinq voterait, en 2019, pour le parti présidentiel. C'est peu. Le total des voix souverainistes risque d'être écrasant. Les adorateurs du futur sont donc contraints de fourbir l'arme la plus démodée : la peur, celle de l'extrême droite, celle des heures sombres, celle du fascisme. Un complot de pieds nickelés, un jugement sévère à la suite d'une bagarre qui a mal tourné et qu'on présente, faussement, comme une agression unilatérale et, cerise sur le gâteau, un bon coup de repentance sur la guerre d'Algérie et les fautes de la France, dont elle devrait s'excuser tous les jours : tels sont les signaux envoyés pour désigner le danger pressant du "nationalisme". Le public n'est pas dupe : il voit bien que les multiples attaques à la kalashnikov, à la voiture ou au couteau ne sont pas, pour la plupart, sans rapport avec l'immigration, même si l'on insiste de plus en plus sur les problèmes psychiatriques. Regroupés dans des quartiers qui vivent de trafics ou loups solitaires adeptes d'une violence (sexuelle, notamment), trop de délinquants ou de criminels témoignent surtout de leur incapacité de se soumettre aux règles écrites et non écrites de notre culture. La peur, devant cette menace, est infiniment plus fondée objectivement que celle d'une résurgence des groupuscules fascistoïdes.
Jupiter-Narcisse passait pour un homme de droite qu'il n'a jamais été. C'était parce qu'il était le Président des très riches, ce qui n'est pas la même chose du tout ! Alors, à défaut de favoriser, comme l'aurait fait un véritable homme de droite, les classes moyennes ou les familles, qu'il continue, lui, de matraquer, voici que le premier Macron passe l'arme à gauche : risette à Mélenchon, hommage à un communiste hostile à l'Algérie française et "pognon dingue" en faveur des pauvres. Qui peut croire à la sincérité du discours, à l'authenticité d'un homme qui navigue, ainsi, à la godille d'un bord à l'autre. Il y a quelques mois encore, il entendait renforcer l'écrasante supériorité de l'exécutif sur le législatif où est parvenu notre pays. L'affaire Benalla a suspendu la réforme constitutionnelle, et voilà le chef de l'État qui, toute honte bue, a le culot de demander au président du Sénat de respecter l'équilibre des institutions. Le Sénat, contrairement à l'Assemblée des godillots, fait son travail : il enquête sur l'usage que l'Élysée fait du budget qu'il lui vote et sur le "poste", les fonctions, et les privilèges qui furent octroyés à l'estafier du prince. Cela n'a rien à voir avec les agissements de Benalla le 1er mai.
On observera quand même avec inquiétude les insultes, les leçons ou les menaces de la cour envers les sénateurs qui révèlent combien l'équilibre des institutions anime peu l'esprit des courtisans. Il faut dire que les cadeaux royaux - perchoir ou sinécure à Los Angeles - risquent de les amener à se croire intouchables.
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