Le paquet de cigarettes à dix euros : comment l’État nous enfume !
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Après la révolte des Bonnets rouges, celle des Gauloises bleues ? Ainsi, ces jours derniers, plusieurs centaines de buralistes ont-ils bâché près de 430 radars automatiques pour protester contre la hausse annoncée du paquet de cibiches, qui devrait bientôt coûter dix euros.
Certes, le tabac est mauvais pour la santé ; mais vivre tue, objectera-t-on. Les pesticides qui empoisonnent nos champs et, par voie de fait, nos assiettes, aussi, et plus sûrement encore ; mais il est plus facile de s’en prendre au Balto du coin que d’obliger Monsanto et consorts à cesser leur trafic mondial. Dans le même registre, le patron du dernier bistrot de campagne est une proie autrement plus aisée que le dealer de cité ou, désormais de plus en plus souvent, des zones pavillonnaires.
Résultats immédiats à craindre, contre lesquels les buralistes se mobilisent ? Les frontaliers qui iront s’approvisionner en Espagne, en Belgique, en Allemagne ou en Suisse, poussant ainsi nos débitants d’herbe à Nicot à mettre la clef sous la porte. Puis, l’inévitable explosion de la contrebande à grande échelle – cartons de clopes tombés du camion, braquages de bars-tabac – et, pis encore, celle de la cigarette de contrefaçon, généralement fabriquée en Afrique, à base de bouse de zébu et de Merdaflex® de synthèse.
Le chiffre d’affaires de ces trafics – contrebande et contrefaçon – n’a rien d’anodin, à en croire Le Figaro du 21 juillet dernier : "Le commerce parallèle de tabac engendrerait, selon les estimations, un manque à gagner fiscal annuel de trois milliards d’euros pour l’État, ainsi qu’un manque à gagner de 250 millions d’euros pour les buralistes." Du coup, dans son discours de politique générale, le Premier ministre Édouard Philippe assurait, devant l’Assemblée, vouloir "lutter sans merci contre les trafics qui minent cette politique de santé autant qu’ils fragilisent ceux qui respectent la loi". Une fois traduit en langue vernaculaire, cela signifie donc que le gouvernement entendrait éradiquer les problèmes qu’il a lui-même créés…
Au fait, tant qu’à évoquer cette "santé publique" ayant toujours eu bon dos, quid des bars à chicha se multipliant sur nos "territoires", comme disent les cuistres ? Rien. Il s’agit pourtant de tabac, fut-il aromatisé, non ? Idem pour les coffee shops d’Amsterdam ; ville dans laquelle deux polémiques ubuesques font rage depuis un paquet de temps et non point de tiges.
La première est le fait des patrons de ces établissements, qui refusent désormais la clientèle française. Discrimination ? Oui, à en croire les ligues de vertu locale, les Français en question ne l’étant que de fraîche date. Bref, la racaille à capuche est une clientèle dont on se passerait bien dans le Quartier rouge de la ville de Rembrandt, pourtant longtemps donné comme harmonieux modèle de "vivre ensemble". Vivre ensemble ? Pas avec n’importe qui, manifestement.
La seconde, c’est que le shit, résine de cannabis, ou l’herbe, feuilles de ce même cannabis, ne saurait se rouler et se fumer durablement sans être additionné de… tabac. Et c’est là que les législations en vigueur ont du mal à faire le joint ; pardon, la jointure. En effet, il est interdit de fumer du tabac dans les bars et les restaurants hollandais ; mais, dans les coffee shops, on peut y consommer de la Marie-Jeanne, même mêlée de pétun. Pétun ? Si, si, un autre nom pour cette plante qui nous est venue d’Amérique et n’ayant rien à voir avec le presque éponyme maréchal.
Il y aurait bien une solution pour mettre tout le monde d’accord : autoriser les fumeurs de Camel et de Gitanes à assouvir leur vice au caboulot d’à côté, à condition que l’objet du délit présente une dose significative de shit. Pour faire encore mieux, le tout serait à la fois bio et équitable.
Quel dommage que le regretté Serge Gainsbourg ait rendu l’âme avant d’assister à une telle fête de l’esprit. Il en aurait probablement signé une jolie chanson. Mais là où il est, il n’ignore pas que "Dieu est un fumeur de havanes"…
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