[PEOPLE] La Légion d’honneur à Thierry Ardisson : on s’étouffe, à Libé !

ardisson

Sale temps, pour les progressistes : Emmanuel Macron, grand maître du progressisme, des horloges, des ordres nationaux et autres lieux, va donc faire de Michel Sardou un dignitaire de la République en lui remettant bientôt les insignes de grand officier de l’ordre national du Mérite. L’interprète du Rire du sergent aura donc droit, le jour venu, aux honneurs funèbres militaires. C’est comme ça, c’est la loi, n’en déplaise aux pisse-vinaigre. Son cadet de deux ans, Thierry Ardisson, aura du mal à atteindre cette félicité républicaine, puisqu’il aura fallu qu’il attende 75 ans pour accéder au premier grade dans la Légion d’honneur : celui de chevalier. D’aucuns qualifieront ce ruban rouge de témoin d’usure pour l’infatigable animateur de télévision.

Pertinent et impertinent

En tout cas, tout comme la plaque de grand officier de Sardou, ce ruban rouge a le don de rendre écarlate tout un petit monde. On va dire ça comme ça : Ardisson les cumule. Ce monarchiste tendance anar de droite, qui a fait de la provocation une marque de fabrique, a le don d’agacer lorsqu’on est de gauche… et progressiste. Pourtant, n’était-ce pas progressiste que de poser des questions cash et trash à ses invités ? On se souvient de celle, posée à Michel Rocard, qui n’était pourtant pas du genre comique troupier et qui l’avait cependant fort bien prise : « Est-ce qu’embrasser, c’est tromper ? » On vous épargne la question de rebond qui s’ensuivit… et les réponses de Michel Rocard. Progressiste, un peu moins, peut-être – quoique -, lorsqu’il recevait Diane d’Orléans, duchesse de Wurtemberg, fille du comte de Paris et princesse rebelle. Des questions à la fois pertinentes et impertinentes qui font mouche et révèlent, sous l’apparente irrévérence, un respect pour ce que cette dame incarne à travers l’histoire de sa famille. Évoquant la ville de naissance au Brésil de la princesse Diane, Ardisson explique : « Votre mère était là, déjà, quand vous êtes arrivée… » Ce à quoi l'altesse royale lui répond : « Normal, c’est qu’elle m’attendait. » Et Ardisson de lui retourner : « J’ai l’impression que vous vous foutez de ma gueule. Parce que, d’habitude, c’est l’inverse ! » Tout est peut-être résumé dans ce court échange. L’art de la réplique, du tac au tac. Se moquer du monde, se moquer de soi, aussi. Avec les mots, parfois grossiers, voire vulgaires, de notre siècle, Ardisson, d’une certaine façon, n’incarne-t-il pas cet art français de la conversation qui ne se résume pas à enfiler des phrases ampoulées et convenues, sinon convenables ? Au fond, tout ce que détestent ces petits bourgeois qui lisent Libé parce que papa faisait pareil.

Christine Angot s'y met

Du reste, Libé a sorti les grandes orgues pour cette « LH » décernée à Ardisson. Une tribune de Christine Angot, intitulée « Légion d’honneur à Ardisson : la gifle ». La dame aurait été humiliée, jadis, alors qu’elle était invitée sur le plateau du récipiendaire. Laurent Baffie, complice de l’époque d’Ardisson, alors que Christine Angot le coupait, lui lança : « Je suis en train de parler, Christine. Tu m’écoutes, sinon j’te claque. » Au figuré, on précise. Presque un quart de siècle plus tard, Christine Angot se réveille : « L’humour-humiliation, c’est le type de "service public" que la télé française a rendu, tous les samedis soir, à la société pendant deux décennies et qui se trouve aujourd’hui honoré des mains du Président quand il décore Ardisson. » Il est vrai que Christine Angot en connaît un rayon, en matière de réactions polémiques face à un invité placé sur la sellette et, généralement, en infériorité numérique. On se souvient de sa vive réaction, pour ne pas dire plus, lors de l'enregistrement d'une émission chez Ruquier, face à cette pauvre Sandrine Rousseau, qui n’avait pas encore fait la carrière qu’on lui connaît. Mais, là, c’est pas pareil, on est bien d’accord. Grandes orgues chez Libé encore pour saluer cette croix qu'on peut d'ores et déjà qualifier « de la honte ». Avec, cette fois-ci, un billet de Jonathan Bouchet-Petersen. Le titre ? « Décorer Ardisson, Charon* ou Sardou, la République a certainement mieux à faire ». Ardisson pourrait lui répliquer, comme une gifle : « T'inquiète, ton tour viendra un jour ! » Être épinglé par ce « symbole de l’entre-soi libéral-libertaire », pour reprendre les mots de l’Observatoire du journalisme, on se dit que ça vaut bien la Légion d’honneur, non !

*Pierre Charon, ancien sénateur LR de Paris, a été fait officier de la Légion d'honneur.

Vos commentaires

18 commentaires

  1. Assez, assez !!! Les légionnaires de l’avant-Mitterrand ne reconnaissent pas en ce hochet distribué par n’importe qui à n’importe qui la véritable décoration , signifiant honneur et dignité, épinglée à leur revers !

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