[Point de vue] Lionel Jospin revient… Est-ce de bon augure pour la gauche ?

Capture d'écran © BFMTV
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Lionel Jospin revient ! Il est vrai que Hollande étant revenu, après tout... Mais qu'on me permette d'abord une digression. Il y a vingt ans, le nouveau siècle se lançait dans des rétrospectives qu’on espérait salvatrices. La première eut lieu en octobre 2004. C’était à la Cité de la musique, à Paris, dans un grand cycle qui ambitionnait d’explorer les rapports entre musique et société. Au programme, un sujet passionnant : Le IIIe Reich et la musique. L’idée développée était « l’étude des tentatives faites par le IIIe Reich pour définir les critères d’une musique conforme à l’idéal national-socialiste ». C’est vrai qu’on oublie trop souvent que le Reich était avant tout socialiste…

Cette exposition fut suivie de son double. En octobre 2010, la Cité de la musique nous proposait Lénine, Staline et la musique. Même objectif : « L’exposition examine la place de l’art et des artistes dans l’élan révolutionnaire, et son évolution vers une instrumentalisation par le totalitarisme stalinien. » Tout aussi passionnante que la précédente, cette exposition n’en suscita pas moins une levée de boucliers : horreur et putréfaction, comment osait-on comparer l’incomparable ? D’une lecture divertissante, le livre d’or débordait de propos furibards et certains visiteurs, scandalisés, disaient tout haut leur dépit : ils pensaient entrer dans un temple à la gloire du paradis socialiste et on leur offrait deux totalitarismes en miroir.

C’est à cela que j’ai songé, hier, en écoutant Lionel Jospin. Tout comme il a conservé sa moussue chevelure blanche, le bonhomme est resté vissé soixante ans en arrière. Qu’importent les années passées, l’Histoire, les vérités dévoilées : trotskiste un jour, trotskiste toujours ! Interrogé, ce dimanche, sur BFM TV, l’homme est resté celui qui partit, une main devant une main derrière, un soir de mai 2002. Il n’avait rien vu venir, il n’avait rien compris et il n’a toujours rien compris. Pas compris, surtout, que le RN de 2024 n’a pas plus à voir avec le FN de 2002 que celui-ci avait à voir avec le IIIe Reich.

La gauche, c’est gentil ; la droite, c’est caca

Lionel Jospin a 86 ans, c’est un âge où l’on ressasse souvent. Et, donc, ce qui le chagrine, notre Lionel, c’est cette insupportable comparaison dans la bouche du Président : « Au moins, ce que nous pouvons demander au Président, dans les huit jours de campagne qui restent avant le premier tour, c’est de ne pas continuer à avancer cette thèse infondée de l’égalité entre deux extrémismes », dit-il. « Cette rhétorique me choque parce qu’elle est fausse du côté de la gauche. » Eh oui, la gauche, c’est gentil, c’est le côté du cœur, tandis que la droite, c’est caca. Il développe : tous ces branquignoles rassemblés dans un pseudo-Front populaire – PS, PC, Verts, glucksmanniens – « sont profondément et historiquement républicains ». Même du côté de LFI dont il a « un peu regardé » les candidats, « à part quelques exceptions (sic), on ne peut pas mettre en doute non plus leur engagement républicain ».

Ça n’est pas comme le camp d’en face qui, lui, a le vice caché dans l’ADN. Il l’a lu dans « un article très fouillé » du Monde. Très farfouillé, même, pour « nous montrer quels sont les pedigrees, non pas de trois, quatre ou cinq, mais de dizaines de candidats du Rassemblement national, sur la question parfois de l’antisémitisme, de l’autoritarisme, des liens avec la Russie ». Et si c’est dans la bible du soir, hein…

« Monsieur Bolloré qui achète des journaux »

Alors, il a peur, Lionel, car il en est sûr : le RN avance masqué, « porteur d’un programme de surface » qui cache, n’en doutons pas, « un projet profond ou souterrain ». La preuve, il y a à leurs côtés « un prédateur, Monsieur Bolloré, qui achète des journaux et est dans une connivence idéologique et politique avec le Rassemblement national ». Ils vont s’en prendre aussi à « l’indépendance du juge, y compris du juge constitutionnel », et peut-être même à ceux qui défilent sous la bannière du Syndicat de la magistrature, qui sait… C’est sûr, il y aura, avec ces gens-là, des « atteintes aux libertés ».

Donc, résumons : la gauche que soutient Jospin n’est pas dangereuse car elle affiche ouvertement son racialisme, son antisémitisme, ses ardeurs révolutionnaires et son goût prononcé pour la censure – entre autres. Le RN, lui, est très très dangereux parce qu’il est propre sur lui, légaliste, ne tient pas des propos haineux et préfère ses compatriotes aux étrangers, ce qui est le signe d’une grande duplicité. Ici, à BV, on n’est pas méchant, alors un conseil, Lionel : retourne à l’île de Ré et profite bien de ta petite maison avant que tes copains ne t’obligent à la partager avec une famille de migrants.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

49 commentaires

    • Non, non, vous avez raison, c’est le retour des mort vivants, on ajoute Capitaine Pédalo, M’ame Saint Clair, Cohn-Bendit 68, Strauss-Kahn, le joyeux drille. À l’extrême gauche, on parle même de Pétain qui serait de retour.

  1.  » ils pensaient entrer dans un temple à la gloire du paradis socialiste et on leur offrait deux totalitarismes en miroir. » « Fascisme et communisme ne sont pas deux opposés, ce sont deux gangs rivaux qui se disputent le même territoire. Tous les deux sont des variantes de l’étatisme, fondés sur le principe collectiviste que l’homme n’a pas de droits et est l’esclave de l’État» Ayn Rand. C’est le progrès, le retour au stalinisme triomphant.

  2. Hé oui… Et si tous ces « éléphants » se font aujourd’hui dans leur culotte, c’est à l’idée de devoir répondre de leurs petits arrangements pratiqués « entre soi » depuis de trop nombreuses années impunément ; étant en effet persuadés qu’ils conserveraient ad vita aeternam le pouvoir et ne seraient donc jamais inquiétés… du moins de leur vivant.

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