Projet d’attentat contre Emmanuel Macron : quelques questions

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Les quatre suspects dans l'affaire du projet d'attaque visant Emmanuel Macron sont passés aux aveux lors de leur garde à vue à la DGSI, nous apprend notamment France 2. Les quatre hommes ont détaillé le plan que Jean-Pierre B., le meneur présumé, avait prévu pour attaquer au couteau le président de la République, mercredi 7 novembre, durant les commémorations du 11 Novembre à Charleville-Mézières (Ardennes). À partir de ce que France 2 rapporte, j'ai essayé, avec le peu d'éléments que nous possédons, d'explorer le sujet et de me poser, comme enquêteur, les bonnes questions relatives à cette tentative.

La première porte sur le personnage central, un certain Jean Pierre B.. Il anime une page Facebook : "Les Barjols 38". Or, en argot, les barjols, ou barjots, sont des personnes farfelues, folles, qui ont l'habitude de prendre des risques, de faire des choses dangereuses. Avouer que prendre un tel pseudo en projetant de perpétrer une action violente, c'est envoyer un message lumineux à la DGSI.

Sur cette page, peu d'écrits, rien depuis le 6 octobre (peut-être effacés par les services). Par contre, le 3 septembre, un long texte loufoque dans lequel franceinfo a extrait cette phrase révélatrice : "Je cherche des patriotes, des vrais, pas des figurants." Un vrai James Bond, ce JP. Quelques phrases plus loin, il explique : "Je vous laisse une semaine pour m envoyer un message en mp ( message privé ) à la suite de cela. Je procèderais à un nettoyage de cette page [...]." Voilà un apprenti terroriste qui communique avec ses affidés "secrètement" en message privé et même par téléphone (dixit France 2). Autant passer par les petites annonces, c'est plus simple.

Il y a une autre phrase, du 11 juillet, celle-ci, que la radio n'a pas révélée. Le mis en examen y indique : "Pourquoi vouloir verser le sang alors que nous sommes capables de changer notre pays uniquement par solidarité ?"

Alors, Jean-Pierre B. cache-t-il son jeu ou a-t-il changé de mode d'action ? Mystère.

Autre question suscitée par une information communiquée par l'AFP : "Lundi, tout s'accélère. Jean-Pierre B. prend la route avec un autre homme pour rejoindre Bouzonville, en Moselle. Dans cette commune de 3.500 habitants proche de Charleville-Mézières, ils retrouvent deux autres complices et passent la nuit à leur domicile." Pourquoi ne pas agir en solo ? Pourquoi faire venir un homme de plus alors qu'une seule action est programmée ? C'est absurde car cela entraîne automatiquement l'inculpation du deuxième individu. De plus, voilà deux touristes qui, au lieu de dormir sous de faux noms dans un endroit discret (sous tente, dans un hôtel, dans un gîte), vont faire étape chez deux complices, matérialisant ainsi l'implication de ceux-ci.

Dernière question, celle sur le couteau. D'après France 2, "un couteau en céramique a été retrouvé dans sa voiture, il devait l'utiliser le jour même pour poignarder le Président lors de son bain de foule". Or, impossible de poignarder avec un couteau en céramique : on ne peut que couper ou trancher. De plus, ces couteaux sont réalisés pour couper des choses non dures comme fruits ou légumes, car étant d'une grande fragilité, le moindre choc les brise. Enfin, Jean-Pierre B. aurait eu l'intention d'utiliser ce type d'ustensile non métallique pour tromper la détection du portique. Or, pour un bain de foule à l'extérieur, il n'est jamais prévu de portique, sauf cas exceptionnel.

En conclusion, soit ces terroristes sont des pieds nickelés, soit (plus inquiétant) ils ont pu être manipulés. Quant à dire que la vie du président de la République a été vraiment en danger, c'est une autre question...

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J.-P. Fabre Bernadac
Ancien officier de Gendarmerie - Diplômé de criminologie et de criminalistique

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