Promenade instructive parmi les mots nouveaux du dictionnaire
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Oyez, oyez, braves gens, damoiselles et damoiseaux ! Les mots nouveaux sont arrivés ! Le Petit Larousse et Le Robert illustré viennent de présenter leur cuvée 2018. Vous y trouverez, pour mémoire, ce vocabulaire médiéval, car on doit comprendre la langue d’aujourd’hui comme celle d’hier si l’on ne veut pas être coupé de son passé historique et culturel. Mais ce qui retient le plus l’attention, c’est l’entrée des nouveaux mots.
Les mises à jour suivent l’évolution de la langue et traduisent l’état et les centres d’intérêt de notre société. Chaque année, la sélection est rude, se fondant principalement sur la fréquence de l’usage d’un mot ou d’une expression, quel que soit le niveau de langue, le registre soutenu étant cependant distingué du registre familier.
On ne s’étonnera pas, en cette année électorale, que le vocabulaire politique fasse une percée remarquable dans ces deux dictionnaires de référence. Ainsi, dans le Larousse, on trouve les termes « europhobe », « droit-de-l’hommisme », « court-termiste », tandis que le Robert propose « européiste » ou « post-vérité ».
Le lexique relatif aux médias est également important, avec l’« infobésité », excès d’information, terme imagé d’origine québécoise, « influenceur », « matinalier » ou, pour les amateurs de réseaux sociaux, « liker », « googliser », « retweeter », sans oublier les dangers du piratage informatique avec « hacktivisme ».
En ces temps où le communautarisme et l’islam font beaucoup parler d’eux, le « burkini » fait son entrée, ou encore le verbe « youyouter », mais aussi les termes « djihadisme » et « déradicalisation », ce qui prouve, s’il en était besoin, que ces questions intéressent toute la société – et pas seulement les prétendus islamophobes.
L’économie n’est pas en reste, avec l’« ubérisation », ni l’écologie, avec la « permaculture », sans compter les termes de gastronomie : la « foccacia », spécialité italienne, la « mique », appréciée dans le Périgord, le « cromesquis », boulettes au fromage, ou le « biscôme », délicieux pain d’épices suisse. Régime qui conviendrait sans doute au « flexitarien », qui limite sa consommation de viande, ce qui est à la mode aujourd’hui, y compris chez nos dirigeants politiques.
N’oublions pas les noms propres. Il paraît que Larousse a bloqué l’impression du dictionnaire jusqu’au 8 mai pour pouvoir y mettre le nom du nouveau président de la République. Pas question, en revanche, d’Édouard Philippe – qui n’a pas atteint la notoriété d’Omar Sy, d’Aurélie Dupont ni de Karabatic –, ce qui semble signifier qu’il était un parfait inconnu jusqu’à sa nomination comme Premier ministre.
Une promenade dans ces deux dictionnaires est instructive pour mieux connaître les évolutions de notre société – qui sont loin d’être toujours rassurantes. On pourra, si l’on est puriste et amoureux de la langue française, regretter l’obscurité ou la laideur de certains néologismes, la multiplicité d’anglicismes inutiles, mais on savourera des trouvailles régionales ou venues du Québec.
Et si l’on s’ennuie à la lecture de ces dictionnaires, on pourra toujours s’endormir sous sa « douillette », surtout en hiver, quand la « cramine » fait baisser le thermomètre, ou aller, en été, « faroter » en boîte et demander à sa ou son partenaire de « bisser » – en tout honneur, évidemment !
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