Refondation du Front national : avant toute chose…

Le débat sur la refondation du Front national est ouvert. Marine Le Pen l’a voulu le plus large possible, sans tabous. Avant même de parler d’un éventuel changement de nom, de stratégie électorale et même de programme, la question essentielle – celle qui doit être au cœur de la refondation – est celle-ci : quelle vision commune avons-nous de la France, de notre civilisation européenne et de la place de l’homme dans une société où la mondialisation est un fait qui s’impose ? Vient ensuite seulement la question qui découle de la première : quel projet voulons-nous proposer à nos concitoyens ? Nous perdre d’emblée dans des méandres programmatiques serait une erreur fatale.

Marine Le Pen avait raison lorsqu’elle déclarait, lors de la campagne présidentielle, que nous étions face à un enjeu de civilisation. La France, l’Europe sont effectivement confrontées à une double menace. D’une part, le projet mondialiste, dont l’agent général pour la France s’appelle aujourd’hui Emmanuel Macron. Un projet qui veut nous faire entrer dans un « nouveau monde » : un monde constitué de consommateurs-producteurs interchangeables. Exit, donc, les identités nationales, familiales, sexuelles ! D’autre part, le projet d’un islam politique qui veut imposer la charia partout où ses fidèles pèsent démographiquement, notamment en Europe, aidé en cela par une immigration débridée.

L’échec électoral du Front national réside sans doute partiellement dans l’incapacité à avoir fait la démonstration que cette élection revêtait effectivement une dimension civilisationnelle. D’ailleurs, il ne faudra sans doute pas un quinquennat Macron pour nous en rendre compte… Si notre mouvement n’est pas aux avant-postes de ce combat de civilisation, qui le sera ?

Peut-être avons-nous fait trop d’« horizontalité » durant la campagne présidentielle - notamment à travers des propositions programmatiques qui faisaient des offres électorales « à la découpe » - et en perdant de vue une nécessaire verticalité. Souvenons-nous que l’absence de programme chez Macron, au début de la campagne, avait été beaucoup critiquée. Souvenons-nous aussi de sa réponse, qui avait été moquée, sans doute à tort : "C'est une erreur de penser que le programme est le cœur d'une campagne électorale, alors que la politique, c'est mystique, c'est un style, une magie." Les vainqueurs ont toujours raison…

Dans ce débat pour la refondation, nous ne pouvons donc éviter les questions essentielles pour aborder d’emblée, « tête baissée », les questions programmatiques qui nous réduiraient à faire du « marketing électoral », avec comme unique indicateur les instituts de sondage.

Ce serait aussi une erreur d’opposer ou de hiérarchiser artificiellement la question de l’identité et celle de la souveraineté. La souveraineté ne se réduit pas à être la condition de survie de notre identité. Souveraineté et identité sont intrinsèquement indissociables, j’oserai dire consubstantielles. L’identité de la France s’est construite sur cette conquête de souveraineté, principe que notre République a hérité des Capétiens.

Et réduire notre combat pour la reconquête de notre souveraineté à des principes étriqués, arides, désincarnés, sans prendre en compte la profondeur historique de notre nation millénaire, de son identité marquée par la civilisation gréco-romaine et le christianisme, nous condamnerait à rester inaudibles chez des millions de Français qui, aujourd’hui, sont en quête de sens, de valeurs, de profondeur. Bref, de verticalité.

Concernant notre discours sur l’Europe, trop souvent caricaturé, il devra sans doute être revu, d’autant que nos compatriotes sont foncièrement attachés à l’Europe. Aussi, la question de l'Union européenne doit être envisagée sous le prisme de la subsidiarité, notion qui prévalait, il y a encore trente ans, avant que la techno-structure bruxelloise ne prenne le pouvoir.

Traçons une vision claire de notre pays pour nos compatriotes. Pour cela, lisons, étudions notre histoire et pas seulement les sondages d’opinion ! "Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut", écrivait Mistral…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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