Retraités : et, en cadeau, le cynisme du gouvernement !

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Sur Internet circule un dessin : on y voit un couple de personnes âgées qui se lamente. L’épouse gémit : « Avec la baisse de nos pensions, nous n’aurions bientôt plus assez pour vivre. » « Ne t’inquiète pas, M. Macron va bientôt légaliser l’euthanasie ! » rétorque le mari. Cette blague cynique résume bien, d'une certaine façon, que le gouvernement n’a rien à proposer à nos aînés et les considère comme des « inutiles » et des vaches à lait qu’on méprise et qu’on insulte s’ils osent protester.

Non seulement le gouvernement vole les seniors, car les pensions ne seront revalorisées que de 0,3 % en 2019 et en 2020 alors que l’inflation est prévue à 1,7 %, mais en outre, M. Le Maire, ministre de l’Économie, a le front de prétendre qu’on ne dépouille pas les retraités et qu’au contraire, le pouvoir les traite bien car on augmente faiblement les pensions. Il va bientôt se vanter de ne pas avoir baissé les retraites. M. Le Maire avance, sans rire, que le dégrèvement de la taxe d’habitation compensera la perte sur les pensions, ce qui est un mensonge éhonté. Le patron des députés LREM, Richard Ferrand, voyant que les réactions sont franchement négatives et qui a peur d’une déroute aux européennes, a sorti en catastrophe un plan B. 0,3 % sera l’augmentation moyenne. Elle serait plus importante pour les petites pensions et plus faible (voire nulle) pour celles qui sont moyennes. Il présente les seniors qui toucheraient 4.000 euros par mois comme d’affreux nantis qu’on peut taxer à volonté. La tactique du bouc émissaire a encore de beaux jours devant elle.

Tout cela sent l’improvisation et la panique d’un gouvernement incapable qui ne maîtrise plus rien et qui est aux abois. Il vit d’expédients et de rapines depuis que la croissance a à nouveau fléchi. Il pensait, naïvement, que le miraculeux 2,3 % de 2017 se reproduirait. Il n’en a rien été, car le « génial » M. Macron a commis la même erreur que M. Hollande. Il a assommé le pays par des hausses d’impôts injustifiées mais, contrairement à son prédécesseur, il ne les assume pas et prétend, contre toute vraisemblance, qu’il a baissé les prélèvements fiscaux. Or, 50 % de la population a perdu du pouvoir d’achat avec l'augmentation de la CSG. Les taxes nouvelles sur l’énergie, que personne n’a contestées vu qu’elles étaient qualifiées de vertes et d’écologiques, ont volé en moyenne 400 euros par famille et par an. C’est énorme ! Et cette saignée se reproduira chaque année, diminuant d’autant la croissance pourtant si fragile en France. Non, le pouvoir est arrogant et hors-sol ! Comment peut-on affirmer, sans être mort de rire, que M. Hulot, qui quitte le navire avant le naufrage total, va le regretter au vu du bilan final ?

L’erreur fondamentale et dramatique de M. Macron vient de la suppression, en 2018, de l’impôt sur la fortune et l’instauration, la même année, du prélèvement à 30 % sur les revenus financiers. Ils n’ont pas provoqué de boom sur la consommation car ceux qui ont gagné du pouvoir d’achat par ces mesures (il s’agissait de sommes importantes) n’ont pas dépensé plus mais ont thésaurisé. Si ces suppressions de taxes d’un montant total de sept milliards étaient légitimes pour encourager les « premiers de cordée » à se fixer dans notre pays, sans doute aurait-il mieux valu étaler ce dégrèvement d’un tiers chaque année comme pour la taxe d’habitation. Les comptes auraient été équilibrés sans besoin d’assommer les Français et le choc de confiance provoqué par l’élimination de ces taxes sur les « riches » aurait été exactement le même. Malheureusement, le gouvernement a choisi la voie du chômage et de la faible croissance.

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Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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