Rokhaya Diallo : « Je panse donc je suis »
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Il était grand temps que Boulevard Voltaire aborde à son tour l’épineuse affaire dite du « pansement de Rokhaya Diallo ». Rappel des faits. Dans un tweet désormais classé au patrimoine mondial de la bêtise ambiante, la militante antiraciste s’indigne de la couleur blanche des compresses placées sous les pansements. Aussitôt, la basse-cour de la twittosphère s’ébroue dans un caquètement d’enfer. Cot cot cot. Les moqueries abondent, mais il se trouve aussi, par-ci, par-là, quelques volailles pour comprendre la souffrance de cette offusquée permanente, le tout au travers de dialogues que Kafka et Beckett réunis n’auraient osé imaginer.
Pour tenter de sortir la militante antiraciste de son angoisse métaphysique, l’un fait remarquer que le coton est blanc et que cette couleur permet, par ailleurs, de visualiser ce qui sort de la plaie. Le débat s’élève. Rokhaya, qui a creusé le sujet, répond qu’un sparadrap marron sur toute sa longueur devrait recouvrir cette satanée blancheur. Une femme noire lui ordonne de cesser cette revendication ridicule, tandis qu’un bobo tout rose, compatissant professionnel, affirme que des pansements adaptés à la carnation débarquent aux Pays-Bas. Le bout du tunnel est en vue. Toute personne de couleur pourra bientôt se soigner une coupure au doigt et sortir la nuit sans être vu de quiconque. Aller danser avec un Tricostéril sur le nez, faire du canoë sur la mer Noire en toute discrétion. La liste des bienfaits est interminable.
Mais que devient l’homme dit « blanc » dont la peau est rose clair ? fait remarquer un autre membre du poulailler. Nous sommes dans l’impasse. Excepté la réincarnation en caméléon, aucune solution ne se dessine. Rokhaya Diallo, provisoirement surnommée « la Martin Luther King des salles d’attente », retourne méditer une autre revendication. Les yeux, les dents, la neige, la farine… Tout est à revoir. Le chantier immense.
En attendant sa nouvelle réflexion, son nouveau tweet invraisemblable, les victimes de la délinquance pansent leurs plaies comme elles le peuvent. Le policier italien blessé ces jours-ci par une horde de migrants nigérians et laissé inanimé dans une marre de sang ne s’interroge pas trop sur la couleur de la compresse…
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