« Russia Today », le CNN russe et le bal des faux-culs
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En France, à quoi reconnaît-on un média objectif ?
Il est généralement de centre gauche, de gauche ou d’extrême gauche. Fort de ce pluralisme, la place de l’homme – ou de la femme – de droite, ou réputé tel, consiste à venir s’y faire houspiller dans le meilleur des cas, ou à s’y justifier, à la façon du suspect traîné au tribunal. On notera, au passage, que ce sont les mêmes justiciers autoproclamés qui se plaignent que leurs journaux perdent des lecteurs, leurs radios des auditeurs et leurs télévisions des téléspectateurs. Eh oui, tout fout le camp, pour reprendre une certaine vulgate droitière.
En bonne logique, l’arrivée d’une nouvelle chaîne, Russia Today, aurait dû ravir tout ce joli petit monde. En fait, pas du tout. Et les médias en question de dénoncer à l’unisson une télévision "considérée par Washington comme un organe de propagande pro-Kremlin".
Tiens donc... Mais si c’est Donald Trump qui le dit. Que Russia Today, organe financé par de l’argent russe, puisse donner un point de vue russe sur l’actualité, voilà qui est proprement renversant.
Au fait, que font des chaînes telles que CNN, Bloomberg TV ou Fox News, si ce n’est privilégier un regard américain sur cette même actualité ?
Tout comme i24news, autre chaîne d’informations en continu, fondée par l’homme d’affaires franco-israélien Patrick Drahi, par ailleurs propriétaire de BFM TV, qui ne se cache pas d’un certain "tropisme sioniste" et n’invite qu’assez rarement des journalistes réputés proches du Hamas ou du Hezbollah.
Quant à France 24, voilà encore une télévision qui porte assez bien son nom, au même titre que la très anglaise BBC World. Il en faut bien pour tout le monde, dès lors que tout le monde y trouve à peu près son compte.
Certes, aux USA, le pays du vrai, du beau et du bien, Russia Today a dû s’enregistrer comme « agent de l’étranger », tandis que Moscou obligeait les médias d’obédience américaine à faire de même.
Fort bien, tant on ne saurait faire insulte à CNN en rappelant que la CIA a mis quelques billes dans son capital, ce, dès sa création. Mais comme ici, les médias de gauche – surtout les médias de gauche, d’ailleurs – n’en finissent plus de se vautrer dans le suivisme américanophile,[ref]Même Jean-Luc Mélenchon reconnaît que pour s’instruire en politique étrangère, mieux vaut lire Le Figaro que Le Monde, "officine de l’ambassade américaine à Paris". C’est dire…[/ref] le CSA ne pouvait être en reste, joignant ainsi sa voix au chœur des démocrates indignés, celle d’Olivier Schrameck – ancien directeur de cabinet du Premier ministre Lionel Jospin – qui assure qu’il "observera “constamment” les programmes de RT et agira avec “promptitude” en cas d’“anomalie”".
De fait, qu’est-ce qu’une « anomalie » en la matière ? Nos médias hexagonaux, Parisien de moins en moins libéré en tête, nous donnent un début de semblant de piste, après avoir « observé » les premiers programmes diffusés ce lundi 18 décembre : « Aucune minute n’a été accordée à la Journée internationale des migrants, ou à la polémique autour du footballeur Antoine Griezmann, des actualités incontournables chez la majorité des médias français. »
Il y a, ainsi, des signes qui ne sauraient tromper pour des humanistes aussi vigilants, sachant qu’au lieu d’évoquer le racisme présumé du footballeur en question – il s’est grimé en Noir –, les odieux de Russia Today ont préféré évoquer la presque éradication de l’État islamique en territoire syro-irakien et la série d’entretiens accordés par Vladimir Poutine au cinéaste Oliver Stone, pourtant de gauche et américain.
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