Un enseignant témoigne : « J’ai tout de suite pensé à Chérif Chekatt »
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Ayant enseigné à l'école du Schluthfeld au Neudorf, le quartier que nous avons vu pendant les assauts policiers, j'ai de suite pensé à ce malheureux gamin avant que l'identité ne soit donnée par les médias ! J’y travaillais à l'époque où les enfants de cette famille y étaient scolarisés. Ils ont été logés par la municipalité dans une maison avec jardin qui, dans un centre-ville, ferait rêver un grand nombre de personnes… dont moi.
Il était déjà devenu ingérable en CE2, à l'âge de 8 ans ; je me souviens du grand nombre de rapports et de signalements qu’en réunion nous avions faits avec le directeur de l’école, de lui et de sa famille, et je me souviens aussi de l'arrogance du père. Le gamin avait, entre autres, tapé dans le ventre d'une mère enceinte ramenant son enfant à l'école. Tout le quartier était en ébullition et le directeur nous avait dit que lorsqu'il était incontrôlable, nous devions appeler le SAMU, que c’était le seul recours possible. Les signalements étaient restés sans réponses et, à partir du printemps, il avait disparu de l’école pour le grand soulagement de la collègue qui l’avait dans sa classe et des parents d'élèves (elle était jeune enseignante à l’époque, je l’ai perdue de vue ; j’ai appris, quelques années plus tard, qu’elle s’était suicidée). Je me souviens simplement d'une altercation dans un café de Strasbourg - alors qu'il aurait dû être en classe - que le directeur m'avait rapportée. Le calme est donc revenu. Dans l'hypocrisie générale. C'était avant 2000, sous Jospin. Et, déjà, il ne fallait pas faire de vagues… De temps à autre, je le voyais errer dans les rues du quartier.
On a fait venir des gens pour créer une mégapole digne des ambitions européennes alors que Strasbourg était, dans les années 80, une petite ville à la façon des films de Maigret. On ne faisait aucun contrôle sur leur aptitude à s'intégrer dans nos sociétés postmodernes, il ne suffit pas d'y boire du Coca et de les saupoudrer d'aides sociales ! Cette famille ne pouvait pas et ne voulait pas s’intégrer. Quand les enseignants signalent qu’un enfant est ingérable à 8 ans, en CE2, et tirent le signal d’alarme, rien n'est fait.
La catastrophe était pourtant annoncée, c'est à 8 ans qu'il s'est radicalisé. Les Allemands, plus subtils, parlent de syndrome de l'amok ! Visconti avait tourné Rocco et ses frères… Pier Paolo Pasolini Mamma Roma... Oui, "Rocco et ses frères" serait un bon titre.
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