Valérie Hayer n’est plus seule, mais toujours aussi mal accompagnée : regardez la liste !

© Jordan Florentin
© Jordan Florentin

Les élections européennes ont leurs particularités : scrutin à un seul tour organisé dans tous les pays de l'Union en même temps, ce sont aussi des élections à la proportionnelle, par liste. Jusqu'à maintenant, on a surtout vu les têtes de liste. Si Jordan Bardella, Marion Maréchal et Raphaël Glucksmann ont été désignés tôt, il a fallu attendre longtemps la reconduction de François-Xavier Bellamyn, et encore plus longtemps l'intronisation de Valérie Hayer. Il est vrai que personne ne se battait, ni chez LR ni chez Renaissance, pour assumer un résultat qui ne s'annonce pas fantastique. Comme le lui rappelait Jordan Bardella lors du débat de cette semaine, elle a été poussée là où aucun leader de la majorité ne voulait aller : ni Bayrou, ni Borne, ni Philippe, ni Séjourné, ni Beaune, ni Le Maire. Donc, place aux femmes. Elle s'appelait Nathalie, il y a cinq ans. Ce sera Valérie, cette fois.

Voilà donc pour les têtes de liste. Mais un scrutin de liste, aux européennes comme aux municipales, demande que l'on s'intéresse aussi à la liste. D'abord pour la campagne, car une bonne recrue peut toujours booster votre locomotive si elle s'avère poussive (suivez mon regard). Et une brebis galeuse, c'est toujours embêtant. Plusieurs partis ont bien compris tout l'avantage qu'ils avaient à bien sélectionner ces seconds, troisièmes, etc. De façon à créer l'événement et à maintenir l'attention et la dynamique médiatique. Il est indéniable que les révélations de Fabrice Leggeri en n° 3 et de Malika Sorel en n° 2, à des moments bien choisis de la précampagne, ont donné un élan supplémentaire à Jordan Bardella : désormais, le procès en incompétence et en inexpérience devenait difficile. Et, à usage interne, cela donnait l'image d'un RN clair sur les questions de l'immigration et de l'islamisation. De même, si le leader LR résiste bien, il le doit certainement à l'arrivée de Céline Imart, fille d'agriculteurs, et plus encore du général Christophe Gomart, ancien patron du renseignement militaire : face à un Emmanuel Macron va-t-en-guerre qui accumule les déclarations inquiétantes, LR a senti qu'il fallait faire entendre, sur les sujets ukrainien et de défense, une voix différente (voir son entretien au micro de Louis de Torcy sur Boulevard Voltaire). Reconquête a adopté une stratégie identique qui semble, là aussi, payante : l'arrivée de Sarah Knafo, le week-end dernier, a créé l'événement, tout comme celle du très médiatique Jean Messiha. Les trois partis de droite font un parcours sans faute en alignant des talents solides sur leurs convictions, et percutants médiatiquement.

La barre était donc haute pour les leaders de la majorité et Valérie Hayer. Tellement haute qu'ils n'ont pas cherché à la franchir. Ce samedi, on a donc eu connaissance des trente premiers colistiers de Valérie Hayer. Aucune prise de guerre. Aucune personnalité de la société civile. Aucune disruption à droite : de ce côté, la poutre semble bouger encore, mais plus dans le sens d'Édouard Philippe. Et, disons-le franchement, guère de talents. Ce qui est un peu embêtant pour la liste de la majorité, et une majorité pro-européenne. Donc, en n° 2, Bernard Guetta, 73 ans, journaliste, député sortant. En n° 3, une certaine Marie-Pierre Védrenne, du MoDem, que personne ne connaît. Puis Pascal Canfin, l'ex-EELV dans la ligne de mire des agriculteurs. Et en 5, Nathalie Loiseau, l'ex-tête de liste d'il y a cinq ans. Puis viennent d'autres sortants : Sandro Gozi (MoDem), l’ex-secrétaire d’État aux Affaires européennes italien, et l’ancien maire de Strasbourg Fabienne Keller (Renaissance), 6e et 7e. Déjà usés, ternes et transparents, à l'image de Valérie Hayer.

Si le score de Renaissance, aujourd'hui aux alentours de 16 %, connaissait un spectaculaire rétablissement, une chose est certaine, ce ne serait pas à sa liste ni à ses candidats qu'il le devrait.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Belle brochette de candidats, tous plus brillants les uns que les autres. Ahhh, Loiseau, enfin de retour! Ahhh, Pascal Canfin, le chouchou des agriculteurs! Ahhh les autres, inconnus mais sûrement très bien aussi…Renaissance devrait obtenir un score record, n’en doutons pas!

  2. Comment Mme Hayer issue d’une famille d’agriculteur peut elle co-habiter avec Mr Canfin supposé être le fossoyeur de notre agriculture ? il y a un hic non ?

  3. Si Renaissance avait eu du flair, ils auraient mis deux figures de l’UDI dans les 5 premiers, car le soutien du parti de centre-droit à la liste de la majorité présidentielle aurait pu être un événement tonitruant, et en réalité pas grand monde ne l’a su aujourd’hui. Ce qui montre leur amateurisme.

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