[VIVE LA FRANCE] Avec Pagnol, « le bonheur coule de source »

©Nicolas Pagnol
©Nicolas Pagnol

Évoquer Pagnol, c’est d’abord s’évader. Voyager dans le temps, les années de l’enfance, mais aussi sur la carte, des collines sur les hauteurs de Marseille descendant comme des sources jusqu’aux terrasses des cafés. « Ici, le bonheur coulait de source, simple comme bonjour. » Qui mieux que Pagnol, à l’heure où Marseille s’ensauvage, où l’école s’effondre et la France s’oublie, pour nous inviter à nous souvenir ? Parce que plus qu’aucun autre, l’écrivain cinéaste a su rassembler les contraires, chanter les réconciliations qui suivent les divisions, célébrer les plus franches engueulades qui s’achèvent dans les émouvants pardons. Voilà pourquoi, dans ses livres comme dans son cinéma, l’auteur demeure pour toujours, sous le soleil athénien de Provence, au Panthéon des figures françaises et inscrit pour longtemps dans le cœur des Français.

Trilogie de commémorations

Cette année 2024, qui marque le 50e anniversaire de la mort de Pagnol, inaugure le début d’un grand cycle et donne lieu, le 18 avril, au dévoilement d’un buste en bronze à son effigie dans le centre d’Aubagne. Ce sera l’objet des festivités qui s’annoncent, sous la houlette de Nicolas Pagnol le petit-fils, à l’occasion de diverses commémorations qui donneront lieu à célébrer à la manière des personnages de l’auteur, dans le débordement, la tendresse, la profondeur et l’unité.

Chez les Pagnol, même si l’œuvre ne saurait se résumer là, on aime les trilogies : la trilogie marseillaise de Marius, Fanny et César ; le tryptique des souvenirs d’enfance : La Gloire de mon père, Le Château de ma mère et Le Temps des secrets. C’est donc sur ce rythme de valse à trois temps que Nicolas Pagnol, gardien de la mémoire familiale, a choisi d’inviter les Français à célébrer les trois années qui viennent. D’ici quelques mois réouvrira la Bastide Neuve, ce havre de paix si cher au petit Marcel, en cours de restauration par des bénévoles. Car si « la maison s'appelait La Bastide Neuve, elle était neuve depuis bien longtemps ». Ce cabanon est entouré d’une magnifique oliveraie, elle aussi à nouveau entretenue. « Cela fait trois ans qu’on travaille dessus, elle avait été abandonnée pendant plus d’un siècle et brûlé trois fois », nous confie Nicolas Pagnol, devenu chevalier de l’Olivier du Pays d’Aix. Avec cette confrérie, il organise une journée de taille des arbres le 20 avril prochain, ouverte à tous ceux qui veulent s’initier à l’exercice et « goûter aux joies de cette activité conviviale ».

Un message universel

Puis en 2025, c’est le 130e anniversaire de sa naissance qui sera à l’honneur, parce que chez Pagnol, qu’on le veuille ou non, la mort ne dure pas et ramène toujours à l’enfance ! Enfin, en 2026, au terme de cette nouvelle trilogie française, s’ouvrira le futur musée Marcel-Pagnol, à Allauch, dans une ancienne usine entièrement réhabilitée. Le petit-fils se réjouit de ce « très beau projet : 1.300 m2 de musée, une ouverture sur les collines, un centre de recherches avec toutes les archives que nous sommes en train de classer… » Et de nous expliquer que se mêleront nouvelles technologies (réalité virtuelle, intelligence artificielle) et authenticité par des objets emblématiques de l’œuvre et de la vie de l’enfant des collines d’Allauch. Un parcours initiatique qui nous plongera dans le théâtre, le cinéma, la littérature, la Provence…

Autant de lieux habités par l’esprit et la mémoire de l’univers pagnolesque, comme une farandole des santons de Provence, autour d’un message universel, authentiquement républicain mais pétri du terreau chrétien, comme à la grande époque des hussards noirs de la République et des curés en soutane qui traversent l’œuvre de Pagnol. L’époque des deux écoles, de « celui qui croyait au ciel, et celui qui n’y croyait pas », face à face souvent, mais côte à côte dans les grands moments, et jamais dos à dos, comme c’est devenu la règle dans notre société de communautarisme et de partition. Un message que nous résume Nicolas Pagnol en ces quelques mots : « Ayez confiance dans les autres, on ne fait rien tout seul. Toute son aventure théâtrale et cinématographique s’est faite grâce à des rencontres et des amis. Il faut aimer les autres. »

Alors, certes, l’œuvre de Pagnol est peut-être moins étudiée à l’école, mais le petit-fils de conclure : « Pagnol, on continue de le lire en famille, c’est formateur, ce sont les parents et les grands-parents qui le font lire aux enfants et aux petits-enfants pour leur donner des valeurs. »

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 16/04/2024 à 14:43.
Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

14 commentaires

  1. Pagnol est un immense écrivain, un des plus grands de toute l’Europe du XX e siècle . Mais attention : sous le soleil, les cigales, la bonne humeur d’un Midi désormais détruit par les politiciens de Paris et de Bruxelles, se cachait, pudiquement, le sens tragique de l’existence.

  2. Pagnol est l’un des grands auteurs du 20 siècle ;il n’est pas oublié, bien au contraire ;mais son monde a disparu.
    Si il revenait à Marseille, le povre ;il serait vite fatigué comme on dit là-bas d’un homme à l’article de la mort.

  3. Pauvre PAGNOL ,si il revenait il trouverait sa Provence bien changée !! Et tout cela en 50 ans donc projetez vous dans un siècle et imaginez !!

  4. Jusqu’à quand continuera t on de lire Pagnol alors que les gens savent de moins en moins lire et que l’écriture inclusive achève la décomposition de notre belle langue ?

  5. Le bonheur qui coule de source, c’est toute une société, avant 1980, avant le mondialisme et l’union européenne, bref, une société apaisée par une culture commune où ceux qui s’assimilaient étaient les bienvenus. Cela doit sembler bien loin, inaccessible, aux plus jeunes. Et pourtant, c’est ce que les gens de mon âge ont vécu dans leur enfance…

  6. Que de beaux souvenir, Pagnol tel la Femme du Boulanger ou le château de ma mère ou encore la gloire de mon père entre autre, sans surtout ne pas oublier Fernandel et ses plus de 45 filmes chantants la Provence. A présent c’est plutôt celui que nous nous devons nous soumettre, quelle changements qu’on nous impose avec les multiples menaces de mort habituelles sans restrictions.

  7. Il faut que Marseille oublie « le Temps des Cerises » (cher à la gauche) pour retrouver « le temps des Oliviers » qui sont ses racines.

  8. Marcel Pagnol c’est le patrimoine culturel français par excellence ! Son petit fils se bat pour préserver l’héritage de son grand père face à un Gaucho Woke Benoît Payan l’homme qui détruit Marseille …

  9. Nôtres Provence et Nôtres Sud en général, n’existe plus, depuis au moins 1980 ! Comme le ciel bleu roi du reste ! Le VRAI ciel BLEU de Provence, ne se retrouve plus que à partir de 2500 m d’altitude minimum !

    • C’est certain, je vivais à Toulon dans les années 70 et je peut témoigner que déjà le mal se faisait ressentir visiblement.

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