10 juin 1944 : massacre d’Oradour-sur-Glane
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Après avoir pendu, à Tulle, 99 otages français âgés de 16 à 60 ans (voir notre article d'hier), et massacré, le même jour (9 juin), 67 civils et résistants à Argenton-sur-Creuse[1], la division SS Das Reich poursuit sa terrible et funeste remontée vers le nord en direction de la Normandie, où elle doit contrer l’avancée alliée et participer, plus tard, à la bataille de Normandie. Sur son parcours, elle entend terminer sa mission de répression et se venger de la capture, par le maquis dirigé par Georges Guingouin (1913-2005), du SS-Sturmbannführer[2] Helmut Kämpfe (1909-1944). Celui-ci sera exécuté en représailles du massacre d’Oradour.
Le 10 juin, la Das Reich remonte par Limoges puis arrive, le même jour, à Oradour-sur-Glane. Il s’agit plus exactement du 1er bataillon du régiment Der Führer, alors commandé par le SS-Sturmbannführer Adolf Diekmann[3] (1914-1944). Convoqué par Diekmann, le docteur Desourteaux, qui fait office de maire, demande au crieur public de lire un message. Les habitants et les personnes de passage doivent se rassembler sur le champ de foire pour une distribution de viande et de tabac. La majorité de la population obéit aux ordres. Elle croit à un contrôle de routine. Mais la ville et les alentours sont encerclés par les Allemands. De nombreux villageois arrivent, contraints et apeurés. Les récalcitrants et les fuyards sont abattus sur place.
Vers 15 h 00, le rassemblement est considéré par les Allemands comme terminé. Diekmann s’adresse à la population : ils ont entendu parler d’une cache d’armes et veulent savoir où elle se situe. Sauf qu’il n’y avait aucune cache dans le village. Devant le silence de la population, le commandant SS menace de perquisitionner toutes les maisons puis la population est divisée en deux : d’un côté, les hommes. De l’autre, les femmes et les enfants. Après une heure d’attente, les SS reviennent et déclarent qu’il y a « beaucoup de charges » contre la population locale[4], afin de justifier le massacre à venir. Vers 16 heures, les hommes sont divisés en six groupes et enfermés dans des granges pleines de foin puis fusillés. Les soldats allemands mettent le feu aux granges où gisent les cadavres. En même temps, les femmes et les enfants sont enfermés dans l’église du village. Les SS déposent des explosifs, de la paille, y mettent le feu et tirent sur tous les occupants. Seule Marguerite Rouffanche, âgée de 47 ans, parvient à échapper miraculeusement à la tuerie.
Parmi les hommes, il y a aussi des survivants : Yvon Roby, Jean-Marcel Darthout, Mathieu Borie, Armand Senon, Paul Doutre et Robert Hébras. Ce dernier est toujours vivant. Il reste, surtout, le dernier témoin de l’horreur de cette journée au cours de laquelle 245 femmes, 207 enfants (dont six de moins de six mois) et 190 hommes, soit en tout 642 personnes, ont été mitraillés ou brûlés vifs. Le massacre méthodique, glaçant et ignoble d’Oradour-sur-Glane est devenu l’un des symboles de la barbarie nazie.
[1] Massacre commis par la 5e compagnie du SS-Panzergrenadier-Regiment 4 Der Führer appartenant à la SS Das Reich
[2] Équivalent au grade de commandant
[3] Il meurt pendant la bataille de Normandie, le 29 juin 1944
[4] Pascal Maysounave, Oradour, plus près de la vérité, Lucien Souny, 1996
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