11 novembre 1918 : l’armistice, enfin
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Dans la nuit du 10 au 11 novembre, les pourparlers se poursuivent. Le représentant allemand, Matthias Erzberger, considère qu’il n’a pas encore le pouvoir de signer. Certes, un nouveau gouvernement allemand est officiellement en place, mais Erzberger et ses acolytes ne sont pas désignés comme leurs représentants officiels pour apposer leur signature au bas d’un quelconque document. Ce que ni les Allemands ni les Français ne savent alors, c’est que cette désignation est bien partie de Berlin pour rejoindre le GQG allemand à Spa (Belgique) mais que « les ondes sont encombrées entre Spa et la tour Eiffel[ref]De Gmeline, Patrick, Le 11 novembre 1918 – Éditions Presse de la Cité, p. 337.[/ref] ».
Une heure plus tard, Erzberger reçoit un câble de Spa : "Votre Excellence est autorisée à signer l’armistice", sous conditions. En effet, le secrétaire d’État doit joindre au procès-verbal la déclaration suivante :
"Le gouvernement allemand s’emploiera de toutes ses forces à l’exécution des conditions imposées. Mais les soussignés considèrent qu’il est de leur devoir de signaler que l’exécution de certains points de ces conditions jettera dans la misère la population de la partie de l’Allemagne qui ne doit pas être occupée. Le fait de laisser en place, dans tous les territoires à évacuer, tous les approvisionnements qui étaient destinés à l’entretien des troupes et la limitation des moyens de transport, qui, en raison du maintien du blocus, équivaut à une privation de moyens, rendent impossibles le ravitaillement en vivres et toute organisation de leur répartition. En conséquence, les soussignés demandent que l’on puisse discuter, en vue d’apporter à ces points telles modifications permettant d’assurer le ravitaillement de l’Allemagne […][ref]Ibid. p.338[/ref]. »
Pendant ce temps, les combats se poursuivent. Un dernier délai de réflexion est accordé aux Allemands pour qu’ils puissent prendre connaissance d’un long télégramme du maréchal Hindenburg qui vient de leur parvenir. Les discussions vont bon train dans le wagon occupé par la délégation allemande.
Le 11 novembre, de minuit à deux heures du matin, les négociations se poursuivent sur des points d’opposition entre Alliés et Allemands. Erzberger demande notamment que les 50 divisions chargées d’occuper la rive gauche du Rhin soient réduites et que le délai d’évacuation des territoires allemands soit augmenté d’une semaine[ref]Ferro Marc, 11 novembre 1918 – Éditions Perrin page 36.[/ref] Le « président provisoire » de l’Allemagne l’emporte sur ce point et parvient à faire baisser le nombre de mitrailleuses à livrer par l’armée allemande de 30.000 à 20.000 et les avions de 2.000 à 1.700.
Les plénipotentiaires ont compris. Ils auront beau vouloir protester, ils vont devoir s’incliner. À 2 h 05, le 11 novembre, Erzberger fait savoir à Foch et Weygand que la délégation allemande est à leur disposition. La rencontre a lieu dix minutes plus tard. Répondant aux ordres de Foch, Weygand lit les 34 articles de l’armistice « qui est discuté et arrêté, article par article[ref]Meyer, Jacques, Le 11 novembre, Hachette, 1964, page 55[/ref] ». Parfois, le ton monte entre les Anglais et les Allemands, notamment à propos du blocus. Erzberger s’indigne que les femmes et les enfants allemands souffrent de malnutrition en raison de ce blocus. Ce à quoi l’amiral Wemyss répond : « Souvenez-vous que vous avez coulé nos bateaux sans faire aucune distinction[ref]Ibid.[/ref]. » Cependant, l’Allemagne obtient, in extremis et après une heure d’âpres discussions, que l’Entente[ref]Les Alliés[/ref] ravitaille l’Allemagne pendant la durée de l’armistice. Arrive le dernier article portant le n° XXXIV : "La durée de l’armistice est fixée à trente-six jours, avec faculté de prolongation." Il est 5 h 12 quand tout est terminé. Il reste maintenant à taper un dernier feuillet sur lequel chaque représentant puisse apposer sa signature. Moins de dix minutes plus tard, c’est chose faite. Par convention, l’armistice est signé à 5 h 00, heure française. En réalité, il était 5 h 20. Il ne reste plus qu’à diffuser le message aux unités alliées et ennemies pour un cessez-le-feu à "la 11e heure du 11e jour du 11e mois". D’ici là, ils sont encore plusieurs milliers, sur tous les fronts, à trouver la mort, dont une centaine de poilus français.
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