11 novembre, 21 h 00, place de l’Étoile : le soir de l’oubli
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Le Maroc et la Tunisie se sont qualifiés ce samedi 11 novembre pour la Coupe du monde. Une scène de joie fraternelle qui s’est clôturée par une bataille rangée entre casseurs et CRS à quelques mètres de la tombe du soldat inconnu. Mais au-delà de la violence physique, une autre, bien plus symbolique, s’est emparée des Champs-Élysées dans l’indifférence générale.
Il est 20 h 45, lorsque je m’engage en voiture sur la place de l’Étoile. Klaxons frénétiques, tétris de voitures, piétons déambulant sur la route. Le désordre s’installe et me voilà à l’arrêt, piégé dans le souk de la diversité.
En moins d’une heure, ce sont plusieurs milliers de Maghrébins en transe qui saturent littéralement les Champs-Élysées. Fumigènes, feux d’artifice, drapeaux tunisiens et marocains : suis-je encore en France ?
Célébrer la qualification de son pays d’origine à un mondial de football est légitime, bloquer les Champs-Élysées pour exercer son droit au bonheur multiculturel est discutable, créer le chaos alors que se déroule au même endroit une cérémonie en hommage aux héros et victimes de la Première Guerre mondiale est tout simplement inadmissible.
Car à seulement quelques mètres de la chienlit, sous le majestueux drapeau français de l’Arc de Triomphe, une commémoration officielle est en cours. Le « Comité de la Flamme sous l’Arc de Triomphe – Flamme de la Nation » organisait une veillée traditionnelle au tombeau du Soldat inconnu. Autorités civiles et militaires, anciens combattants, saint-cyriens, scouts, je les discerne depuis le tumulte. Ils se tiennent droit, ils sont fiers, immobiles et alignés ; ils ont fait le déplacement pour honorer la mémoire de ceux qui se sont battus pour une France libre. Mais ce soir-là, piégés à l’épicentre d’une marée humaine en plein délire, ces hommes de valeur font davantage penser aux derniers instants d’une légion romaine avant le sac de Rome.
J’entends l’orateur évoquer avec gravité les bombardements allemands, les tranchées, le courage des poilus. Des « wallah » étouffent son discours.
Je discerne le roulement martial du tambour inviter au recueillement. Des pétards déglinguent son rythme.
Je déplore la sonnerie aux morts, profanée par les hurlements anarchiques.
Ce 11 novembre soir, sur les Champs-Élysées, le respect et la mémoire nationale ont volé en éclat sous les obus laxistes du vivre ensemble. Je voudrais rendre hommage et saluer la dignité imperturbable de ces hommes, de ces jeunes, qui commémoraient, sur la même place, un événement bien plus important que la qualification à un Mondial. Ce 11 novembre, sur les Champs-Élysées, deux sociétés se sont frôlées sans se toucher. Liberté, Égalité, Fraternité ?
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