150 lycéens, agenouillés, à Mantes-la-Jolie, en 2018 : on rouvre l’enquête pour « torture »
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Y a-t-il eu « torture » ? C’est ce à quoi la Justice va devoir répondre. Un an et demi après les faits, un juge d’instruction vient, en effet, d’être nommé pour enquêter sur les faits de « torture sur mineur de 15 ans, atteinte arbitraire à la liberté par personne dépositaire de l'autorité publique, violence aggravée ». Carrément. S’y ajoute la « diffusion sans son accord d'une personne identifiable menottée et mise en cause pénalement », la scène ayant été filmée par un policier qui l’a diffusée sur les réseaux sociaux.
Retour sur les faits. Décembre 2018, conjugaison des gilets jaunes, des travailleurs-travailleuses et des lycéens « en lutte » contre la réforme du baccalauréat et Parcoursup. Dans cette France en ébullition, tout est prétexte à l’insurrection et les casseurs s’en donnent à cœur joie.
Mantes-la-Jolie a un lourd passif en la matière et ne déroge pas aux traditions locales. Les 3, 4 et 5 décembre, les exactions se multiplient avec la ferme intention de casser du flic. Le 6, « de violentes échauffourées opposant les forces de l'ordre à des individus » ont éclaté, des jeunes « n'ont pas hésité à construire de nombreuses barrières de feu, à s'en prendre aux automobilistes, à saccager des pavillons, 37 des présents, la plupart encagoulés, étaient trouvés porteurs de bâtons, battes de baseball et conteneurs de gaz lacrymogène », dit le ministre de l’Intérieur. Confirmation d’un riverain à France Info : « C'était vraiment des casseurs. Ils n'étaient pas là pour manifester : je les ai vus brûler des voitures et caillasser au hasard des gens qui passaient dans la rue. »
L’arrestation et le « parcage » de 150 jeunes – âgés de 12 à 21 ans ! – va déclencher le scandale. En l’attente des renforts des commissariats alentour, lesdits jeunes ont reçu l'ordre de se mettre à genoux ou de s'asseoir au sol et de placer leurs mains dans le dos ou sur la tête, puis ont été rassemblés dans une maison des associations et le jardin d'une habitation. Vision insupportable pour la nation furibarde qui, aux extrêmes – France Insoumise par la voix de Xavier Ruffin ou RN par celle de Gilbert Collard –, crie au scandale des scandales. Indignité de la République, Guantánamo-sur-Seine…
Christophe Castaner justifie la méthode : « L'interpellation [pour participation à un attroupement armé, NDLR] d'un nombre aussi important d'individus a nécessité de prendre des mesures de sécurité complémentaires. » Les policiers manquaient de menottes et l'interpellation en position « à genoux et mains sur la tête » était « réglementaire ». C’est ce que conclura l’enquête de l’IGPN, classée sans suite en juin 2019.
« Le fait de retenir les personnes interpellées en position à genoux ou assise, entravées pour certaines d'entre elles, apparaît justifié par le contexte exceptionnel de violences urbaines graves et le nombre de personnes devant être conduites dans les locaux de police, nécessitant une organisation matérielle incompressible », écrit la procureure de Nanterre dans ses conclusions. Elle ajoute : « Les violences déclarées au soutien des plaintes pour violences aggravées déposées au nom de quatre des plaignants ne sont corroborées ni par leurs déclarations ou les observations de leurs conseils, ni par les examens médicaux des médecins légistes, ni lors de leur présentation à un magistrat dans le cadre de la prolongation de leur garde à vue. »
Qu’importe, dit alors Me Arié Alimi, avocat de l’un des jeunes interpellés, qui a déposé le 6 mai 2019 une plainte avec constitution de partie civile pour qu'un juge d'instruction, « plus indépendant », selon lui, se saisisse du dossier. Celui-ci vient donc d’être nommé par le parquet de Nanterre afin d’enquêter sur les faits de « torture par personne dépositaire de l’autorité publique ».
Quant à moi, j’attends toujours la nomination du juge d’instruction promise suite à mon agression avec violences, en février 2017…
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