16.000 parents s’engagent contre les ravages des écrans chez les enfants
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C'est la semaine de la rentrée. On en fait beaucoup au sujet des abayas, en attendant (peut-être) la prochaine reculade républicaine. On voit passer, ici ou là, des mises à jour consternantes sur la chute vertigineuse du niveau scolaire en France. On parle d'expérimenter l'uniforme, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Quand on porte l'uniforme, on n'apprend pas seulement à nouer sa cravate ou à cirer ses chaussures : on apprend le respect de soi et de l'autre, on laisse la superficialité à la porte et on acquiert - le mot est en train de devenir obscène - une certaine tenue. Mais là n'est pas le sujet qui nous intéresse.
En effet, l'un des sujets passés sous silence, peut-être parce qu'il est malheureusement le bruit de fond de tant d'existences, d'adultes comme d'enfants, c'est l'omniprésence des écrans. Un collectif de 16.000 parents a été créé sur Facebook par Marie-Alix Le Roy, Parents unis contre les smartphones avant 15 ans, et a recueilli plusieurs témoignages d'enseignants en cette semaine de rentrée. Télé allumée toute la journée, smartphone qui courbe métaphoriquement les dos : les écrans se sont immiscés dans toutes les vies. Si les adultes sont supposés être plus à même de contrôler leur propre existence, ce n'est pas le cas des enfants, dont la psychologie et la vie affective sont encore en formation. Dotés de smartphones dès le collège, ils ont accès à ce que la nature humaine peut offrir de pire. Ils en perdent leurs capacités cognitives : difficultés de mémorisation, capacités d'attention et de concentration, fatigue permanente ... Même en primaire : le mari d'une institutrice relaie sur cette page Facebook le témoignage de sa femme, qui repère facilement, à leur comportement agité et à leur manque de concentration, les enfants qui regardent la télévision avant de partir pour l'école.
En 2014, le journaliste Nick Bilton avait publié dans le New York Times un article devenu célèbre (« Steve Jobs était un parent low-tech ») dans lequel il s'intéressait à la façon dont les patrons de la Silicon Valley éduquaient leurs enfants. Steve Jobs refusait que ses enfants se servent de l'iPad trop jeunes. Bill Gates interdisait les portables aux siens avant l'âge de 14 ans. Evan Williams, l'un des fondateurs de Twitter, limitait le temps d'écran à 30 minutes par jour et privilégiait les livres papier. Quant à Chamath Palihapitiya, ancien vice-président de Facebook, il interdisait carrément l'utilisation du réseau social qu'il avait contribué à créer, « cette merde ».
Selon les mots de l'inoubliable Tony Montana (Al Pacino) dans le Scarface de Brian De Palma, la règle numéro 1 d'un vendeur de drogue est « Don't get high on your own supply », c'est-à-dire, en gros : « Ne t'envoie pas en l'air avec ta propre came. » Les fournisseurs d'écran et d'applications l'ont parfaitement compris. On aurait cependant tort de croire qu'il s'agit d'un complot machiavélique : c'est simplement une façon de créer de la richesse grâce à la bassesse des passions humaines du consommateur. C'est ce que l'on appelle la nature humaine, et elle ne changera jamais. C'est comme ça. Ce n'est donc pas démoniaque à proprement parler : comme l'explique le diable à l'abbé Donissan, dans Sous le Soleil de Satan de Georges Bernanos, la plupart des gens se damnent tout seuls, sans qu'on ait vraiment besoin de mettre le paquet pour les tenter...
Bravo à Mme Le Roy pour cette initiative, que l'on espère loin d'être isolée.
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12 commentaires
Le problème c’est que de nombreux parents prennent les écrans pour des nounous… Ils démissionnent devant leur charge éducative . ..
Résultat du laxisme à l’encontre des enfants depuis 30 ans
J’ai assisté plusieurs fois à cette scène : un gamin dans une poussette s’impatiente, moins de 2 ans, dans une queue à l’aéroport ou au supermarché ou parce sa mère fait des essayages dans une cabine et oh miracle, le parent lui scotche littéralement le smartphone à la poussette et l’enfant arrête de brailler totalement hypnotisé. Déjà il y a 20-30ans on dénonçait la télé comme nounou. Maintenant c’est pire puisque c’est même également hors de la maison. Les parents ne communiquent plus, n’éduquent plus. On accuse l’école de ne plus rien enseigner mais les parents ont aussi leur part de responsabilité.
Vous dites : « Dotés de smartphones dès le collège, ils ont accès à ce que la nature humaine peut offrir de pire. » Mais vous êtes hors sol ! Aujourd’hui, les gosses ont le portable dès le berceau ! Et je pèse mes mots. Ce jouet sert de « baby sitter » dans deux familles sur trois. Je le vois au quotidien autour de moi.
Et que dire des adultes ? Il vivent la réalité à travers leur sacro-saint smartphone. Les gens filment tout et n’importe quoi pour faire le buzz sur leur réseau social favori. Ils n’interviennent plus dans des situations de danger, ils filment ! C’est un grave problème d’évolution de la société.
s’il n’y avait que pour les enfants mais nombre d’adultes ne quittent plus leur téléphone portable qu’ils portent pendu autour du cou, prêts à bondir sur le moindre réseau social ou filmer la première manif venue. Quand les parents en sont là, les enfants ne peuvent hélas que suivre leur exemple.
Dès le début, il était évident que les réseaux sociaux, c’était pour les frustrés, les envieux, les cervelles de poisson rouge sur patte, qui n’ont rien d’autre à faire de leur journée que d’aller cracher sur leur voisin. Les parents sont donc responsables d’avoir fourni un smartphone à leurs enfants, et de les avoir laissé libre d’accéder à ce genre d’imbécilité. La seule attitude à avoir : N’y avoir aucun compte et juste mépriser tout ce qui en vient. C’est ce que j’ai fait, et je m’en porte parfaitement bien.
Bravo!
Il faut tenir bon et accepter d’être en marge (comme un non vacciné). Il faut absolument contrôler les temps d’écran et les contenus des enfants et adolescents. On peut trouver des documentaires très instructifset intelligets mais il faut vraiment bannir la bouillie qui rend bête.
l’écran que l’on confie aux enfants, tient lieu de » baby sitter » d’enfant auxquels on » à pas de temps à accorder » !!! et ces enfants là, sont dans une » solitude » extrême puisqu’il n’y a pas d’échange, ils doivent se construire sur du vent, de l’éphémère, de l’irréel, de la violence, de la vulgarité, de la laideur et beaucoup d’incompréhension – Tout ceci est une agression permanente pour eux, ils n’ont pas encore ce qu’il faut pour s’en protéger ! Alors oui, les Parents sont les premiers responsables de cet état de fait et des ravages qui en découlent ! Mais je doute qu’ils soient capables de
reprendre » en main » cette délégation » éducative » de leur rejeton… hélas …
Le lycée public de mes petits-enfants oblige les élèves à posséder un portable car les devoirs sont donnés sur le portable. Les parents, qui vivent avec un très petit revenu, ont dû faire cette dépense. Qu’a fait aussitôt le plus jeune ? En douce, il a mis des jeux sur son portable. C’est l’Education nationale elle-même qui favorise l’addiction !
M. Attal, il n’y a pas que l’abaya !
C’est trop peu.Parents réveillez vous.
Bravo madame puissiez vous être suivi par de nombreux parents . Dans la classe de ma petite fille en CM1 ils n’étaient que 2 à ne pas avoir de portables , comme quoi il existe des parents soucieux du bien de leur enfant et qui prennent du temps pour s’en occuper .