2 décembre, ou les triomphes des Bonaparte, oncle et neveu
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Le 2 décembre marque le sacre d’un empereur français. Napoléon Bonaparte imprime au pays, ce jour-là, un tournant historique auquel s’ajoute, un ans après, à la même date, sa retentissante victoire sur les empires russe et germanique. Le deuxième jour de décembre est encore celui du coup d’État d’un deuxième empereur, neveu du premier, Louis-Napoléon Bonaparte, qui est sacré empereur un an plus tard sous le nom de Napoléon III, là encore un 2 décembre.
La date du 2 décembre - ou 2S, comme le nomment les militaires qui célèbrent ce jour - aura marqué plusieurs étapes dans l’Histoire de France : entre victoire et édification d’Empire, ce deuxième jour de décembre aura forgé l’Histoire ou, du moins, fait la France impériale. C’est que nos deux empereurs avaient compris l’importance du passé et son poids dans le présent. Si la date du 2 décembre n’est pas le fruit d’un choix réfléchi pour le sacre de Napoléon en 1802, les empereurs y verront par la suite un véritable symbole et un moyen de légitimation.
Le 2 décembre 1804, premier de la série, se déroule à Notre-Dame de Paris, où Napoléon se fait couronner empereur des mains ou plutôt en présence du pape Pie VII. C’est le retour à l’empire de Charlemagne, mille ans auparavant, qui n’est pas sans rappeler, aussi, celui que Rome avait édifié près de dix-huit siècles avant. Véritable virage historique, la mise en place de cet empire met fin à la tourmente révolutionnaire, dont elle ne balaie pas tout à fait les acquis. Il y a derrière l'édification de cet empire une façon durable d’empêcher une restauration, mais surtout l'idée de retrouver une stabilité perdue.
Un an plus tard, à la même date, ce n’est plus le parvis de Notre-Dame : ce sont les champs d’Austerlitz qui voient l’Empereur signer son succès le plus retentissant. Un an, jour pour jour, après son sacre et sous le soleil d’Austerlitz, Napoléon vient de remporter sa plus éclatante victoire sur les empires russe et germanique. La date du 2 décembre s’inscrit à nouveau dans l’Histoire comme celle de la plus prestigieuse bataille menée par l’armée française. Le génie militaire et stratégique de Napoléon éclate dans cet affrontement légendaire, mené avec un talent et une ruse hors du commun. Persuadé de l’affaiblissement des forces françaises que le stratège Bonaparte a pris soin de dissimuler, l’ennemi s’est engouffré dans le piège. La conception et le déroulement de la bataille marquera définitivement l’histoire militaire, toujours hantée par l’ombre de l’Empereur.
Consacrée par une victoire aussi emblématique qu’Austerlitz, c’est encore la journée du 2 décembre qui voit le neveu du stratège, alors président de la IIe République, prendre le pouvoir par un coup d’État en 1851. Le choix d’une telle date n’est évidemment pas anodin et reflète même toute la stratégie politique de celui qui transforme la république en empire : Napoléon III s’appuie sur la légende qu’a laissée son oncle et, fort de la popularité qu’elle lui confère, s’empare du pouvoir. Il n’aurait pu garder deux mandats de suite, selon la Constitution. Rien ne résiste au sang Bonaparte. Puisque la république ne permet pas à Napoléon de conserver le pouvoir, l’empire s’en chargera ! S’appuyant, une fois de plus, sur la date symbolique du 2 décembre, il se fait donc couronner empereur l’année suivante.
Cette date du 2 décembre résonne ainsi dans nos cœurs de Français comme un jour légendaire, marqué par des personnalités hors du commun. Il ne s’agit pas d’en faire des figures sans tâches, mais on ne peut leur retirer le mérite d’avoir été des Français véritables, soucieux de la gloire de leur nation, et de véritables chefs, comme on n’en trouve plus à la tête du pays.
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