2002-2022 : 20 ans après, l’INRAP et ses belles découvertes archéologiques dans le sol français

archéologie

Rassurez-vous : période de réserve oblige, il ne sera pas question de faire le parallèle entre deux élections présidentielles. Mais de parler d'une belle création d'un gouvernement de gauche, maintenue par les gouvernements de droite et potentiellement menacée par des décisions de l'Union européenne : l'INRAP, Institut national de recherches archéologiques préventives. Pour faire vite, le truc qui em... les lotisseurs, aménageurs, constructeurs, entreprises de BTP quand, dans un chantier, ils tombent sur des vestiges archéologiques et que la loi (de 2001, sur l'archéologie préventive) les oblige à financer ces recherches et à modifier leur calendrier.

Mais, disons-le d'emblée : l'INRAP est une réussite. Son action a permis, en vingt ans, d'effectuer des fouilles - et des sauvetages - historiques, de mieux connaître l'archéologie et l'histoire du sol français, de la France. Citons, parmi les 5.000 fouilles réalisées en vingt ans : la tombe des huit cavaliers gaulois enfouis avec leurs chevaux dans un oppidum en Auvergne, une tombe étrusque en Corse, des tombes mérovingiennes à Saint-Dizier, de magnifiques mosaïques gallo-romaines à Nîmes ou Uzès, la tombe princière celte de Lavau (Aube) datant du Ve siècle av. J.-C., exceptionnelle, avec son chaudron, son char, son squelette princier et son vase grec. De quoi renouveler en profondeur notre connaissance de l'Histoire de France et de l'Europe.

L'existence de l'INRAP n'est plus contestée aujourd'hui, même si, comme le rappelle Le Monde, « à la fin de 2021, à la suite d’une plainte déposée par Eveha, le principal opérateur privé, la Commission européenne a attaqué la France pour une aide de l’État à l’INRAP, soupçonnée de créer une distorsion de concurrence ». Car, depuis 2003, le secteur de l’archéologie préventive a été ouvert à la concurrence.

Néanmoins, l'INRAP demeure un acteur incontournable, fort de ses 2.300 agents et d'un budget annuel de 175 millions d'euros, de son expérience et de sa capacité à vulgariser ses découvertes auprès du public le plus vaste (500 expositions, 7 millions de visiteurs). C'est la fierté de Jean-Paul Demoule, le pionnier, premier président de l'INRAP, qui, selon Le Monde, « aime citer cette remarque qu’on lui a faite un jour : “Vous existez toujours parce que vous avez le public avec vous”... »

Mais, comme toujours, l'archéologie préventive donne à réfléchir. Et l'on voit bien que les enjeux sont aussi culturels, économiques, écologiques et, osons le mot, civilisationnels. Doit-on poursuivre sans fin l'aménagement de zones commerciales périphériques ? Quid de la protection des sols, des paysages ? L'INRAP, que ses acteurs le veuillent ou non, est une fierté française qui a contribué à regarder avec plus d'attention le patrimoine français et à retisser notre roman national en lui donnant des racines plus profondes. Toujours dans Le Monde, Jean-Paul Demoule reconnaît cet apport : « L’archéologie, c’était bien chez les autres. C’étaient les antiquités grecques, romaines, égyptiennes que l’on voit au Louvre. Il y avait une espèce de mépris pour l’archéologie du sol français. »

L'archéologie nous renvoie à notre passé, à notre sol, à notre territoire et à notre avenir : Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Que voulons-nous conserver ? Transmettre ?

L'archéologie est un excellent sujet pour un jour de premier tour - et de réflexion pour le second.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

4 commentaires

  1. L’INRAP est une pépite dans notre administration française. Ceux qui y travaillent sont passionnés.

  2. Malheureusement, comme l’a écrit Alfred Sauvy, démographe, statisticien, économiste, « Et c’est ainsi que des peuples entiers vont à leur destin en pleine capacité de savoir et en pleine ignorance de la direction qu’ils ont prise » (La Terre & les Hommes, 1990).

  3. On a cette chance, c’est que les civilisations qui se succèdent recouvrent les vestiges au lieu de les détruire, inconsciemment souvent. Toutes les grandes villes ont mis à jour des restes de civilisation grâce à de gros travaux…

  4. C’est très beau : il y a des personnes dévouées en France. Et comme on exhume beaucoup de vestiges magnifiques de la grande civilisation gauloise on la connaît de en mieux. Son »tort » était de construire en bois (comme les maisons médiévales) et de refuser l’écrit

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